-y/l / J \ ! ? S661z NH B HGB 7"E^ _ PROCÈS-VERBAUX DE LA DE BORDEAUX FONDÉE LE 25 JUIN 1818 et reconnue comme établissement d’utilité publique par Ordonnance Royale du 15 juin 1828 \ % i Hôtel des Sociétés savantes Rue du Loup, 71 & — — — — TOME G 1963 U ILLARD DE LA VICTOIRE, 3 PROCES-VERBAUX DE LA DE BORDEAUX FONDÉE LE 25 JUIN 1818 ©t reconnue comme établissement d’utilité publique par Ordonnance Royale du 15 juin 18 28 Hôtel des Sociétés savantes Rue du Loup» 71 — îfif- — — TOME G 1963 BORDEAUX IMPRIMERIE E. DROUILLARD 3, PLACE DE LA VICTOIRE* 3 EXTRAITS PROCÈS-VERBAUX Séances de la Société Linnèenne de Bordeaux 1963 CONSEIL D’ADMINISTRATION pour 1963 Président honoraire .... Président Vice-Président . Secrétaire Général Secrétaire du Conseil . . . Trésorier . Archiviste - Bibliothécaire Conseillers MM. Pi AUD RI MC) N T (A.) Vigneaux (M.). Caujolle (R.). Lavit (M.) . Lahargue (J.). Dagréou (Ch.). Larroque (M.). Bounhiol (J.-J.). I Dangeard (P.) . ) Eymé (J.). \ Girard (R.), f Massart (F.). \ Tempère (G.). PROCÈS-VERBAUX 5 Réunion du 5 janvier 1963 Présidence de M. G. Tempère, ancien Président. Personnel. — Sur avis favorable du Conseil, M. C. Cazaux, 2, rue du Professeur-Jolyet, Arcaehon (Zoologie) et M. J. Laporte- Cru, 88, rue du Palais-Gallien, Bordeaux (Botanique), sont admis Membres titulaires de notre Société. Communications. — M. J. Baraud : La révision du genre Triodonta Muls. (Coléoptères). Publié dans les Actes de la Société, t. C, 1963. MUe M.-M. Paquereau. — Intérêt des espèces méditerrannéennes dans les flores polliniques du Post-Glaciaire Girondin. Mn° C. Dessenoix. — Sur la présence de Lim noria tripunctata Menzies à Arcaehon. M. J. Gauthier : 1° L’habitation des Fali de Ngoutchoumi (dépar- tement de la Bénoué) , Nord-Cameroun; 2° Découvertes archéolo- giques en pays Fali C1). M. G. Tempère : Tychius Hoffmanni Tempère. - Ethologie et complément de description. - Quelques autres Coléoptères de Lotus hispidus Desf. Sur la présence de Limnoria tripunctata Menzies à Arcaehon par Mlle C. Dessenoix Les installations en bois de la baie d’Arcachon (pieux des jetées, « pignots » des parcs à huîtres) sont constamment attaqués par un isopode Limnoriide que l’on a longtemps rattaché au Limnoria lignorum Ratke. Or Menzies, en 1957, pulvérisait cette ancienne espèce en deux sous-genres et une dizaine d’espèces nouvelles. Dans le cadre d’une étude sur la faune des bois immergés d’Ar- cachon, il m’a donc paru indispensable de réexaminer les Limnoria de notre région, à l’aide des nouveaux critères définis par Menzies. (1) Cette communication a été annoncée à la séance du 7 avril 1962, voir P.-V. t. 99. Elle paraît dans le présent tome, à la p. 179, 6 SOCIÉTÉ LINNÉENNE DE BORDEAUX I. — SYSTÉMATIQUE DES LIMNORIIDES (selon Menzies) ET EXAMEN DES LIMNORIA D’ARGACHON Menzies propose de répartir les Limnoriidés selon le schéma ci-dessons, que nous adopterons : Limnoriidés ( 2 rames effilées . . Paralimnoria. Uropodes . . j exopode effilé ( endopode long et arrondi. Lim noria (super-genre) . Le super-genre Limnoria correspond à l’ancien Limnoria lignornm Ratke. Le super-genre Limnoria peut se diviser en deux genres, suivant la forme des mandibules : Mandibules ( râpeuses, portant des «dents». Limnoria S. S. \ lisses, sans « dents » Phycolimnoria. Seules les espèces appartenant au genre Limnoria S. S. creusent le bois, Phycolimnoria se trouve surtout dans les stipes des algues ( Laminaires particulièrement) . Parmi les six espèces appartenant à ce genre, Menzies en décrit deux dans nos régions : il s’agit de Limnoria qnadripunctata signalée surtout à Roscoff, et de Limnoria tripunctata particuliè- rement étudiée à Marseille par A. Bourdillon. C’est cette dernière que j’ai également trouvée à Arcachon; la planche suivante résume les caractères spécifiques. Uropodes : exopode effilé, endopode long et arrondi. Mandibules portant des tubercules cornés ou « dents ». A2 avec un flagellum de cinq articles. Pléotelson orné de trois tubercules particulièrement carac- téristiques. D’autres tubercules existent également entre les soies marginales (différence avec quadripunctala) . IL - BIOLOGIE DE LIMNORIA TRIPUNCTATA Menzies A ARCACHON A. — Cycle D’observations portant sur deux années, j’ai pu conclure que les terriers s’infestent du milieu du printemps au début de l’automne (mai à octobre). En effet, les pieux immergés en octobre-novembre ne sont absolument pas attaqués jusqu’au printemps suivant, alors que quelques jours suffisent pour que les terriers apparaissent sur les bois immergés en mai, PROCÈS-VERBAUX 7 Flagellum de a2 Limnoria tripunctata Menzies. Les périodes de migrations coïncident avec l’apparition de femelles chargées d’œufs ou d’embryons. Par ailleurs, les terriers fraîchement creusés n’abritent que des adultes, mâles et femelles souvent réunis par couples. 8 SOCIÉTÉ LINNÉENNE DE BORDEAUX Il semble que l’on puisse résumer ainsi le cycle d’infestation : — Apparition des premiers terriers creusés par les adultes, et en particulier par les femelles gravides, au début du printemps; — Infestation en profondeur par les jeunes, au fur et à mesure de leur développement; chaque femelle portant une dizaine de jeunes, l’attaque est très rapide. L’année suivante, migrations d’adultes chassés par la surpopulation du lieu, chaque terrier n’étant habité que par un individu ou par un couple. Les migrants ne possédant pas d’appendices particulièrement adaptés à la nage, l’infestation se fait de proche en proche, à moins qu’une épave transportée par le courant n’aille infester des sites plus éloignés. B. — Relations interspécifiques Les Limnoria s’installant sur un substrat d’autre part occupé par de nombreuses espèces tant fixées que perforantes, il m’a paru intéressant de noter quelques faits d’interactions. Le bois est souvent recouvert par une faune nombreuse et variée : spongiaires, bryozoaires, hydraires, annélides, cirripèdes, lamellibranches ou procordés. Toutes ces espèces se fixent de préférence sur l’écorce qui, plus rugueuse, offre un abri plus sûr aux jeunes. La présence des terriers de Limnoria sous-jacents provoquent la chute de l’écorce et, par là, la destruction de toutes les populations fixées. A l’intérieur des « pignots » existent d’autres espèces de perfo- rants : principalement Chelura terebrans Philippi, crustacé amphi- pode que Ton a cru longtemps symbiote des Limnoria. En effet, il arrive très fréquemment que ces deux espèces cohabitent à l’inté- rieur des mêmes terriers. On a longtemps pensé que Chelura terebrans ne pouvait s’installer que dans les terriers préalablement creusés par Limnoria tripunc- tata. Des travaux récents (Barnard, 1955; Bourdillon, 1960) ont cependant montré que n’importe quel bois suffisamment rugueux pouvait être envahi par Chelura terebrans. J’ai souvent noté que des « pignots » rendus rugueux par grattage étaient envahis par les Chelura, alors qu’aucun terrier de Limnoria n’était encore creusé. Il semble bien que la cohabitation, si fréquente entre ces deux espèces, soit due au fait que les Limnoria rendent le bois plus poreux, donc plus apte à être envahi par Chelura terebrans. Cette association n’est cependant nullement obligatoire. Le taret : Teredo noruegica Spengler est aussi, très souvent, un voisin de Limnoria. Il creuse son terrier en profondeur, parallè- lement à la surface. Très souvent, les deux espèces se superposent. Lorsque les Limnoria tripunctata creusent plus profondément, ils dénudent des tubes calcaires des tarets, entraînant la mort du mollusque. Il semble donc que Limnoria tripunctata détruise à peu près PROCÈS-VERBAUX 9 toutes les colonies établies sur le même substrat, exception faite cependant pour Chelura te, rebrans. III» — Dans la présente note j’ai, en premier lieu, réexaminé les Limnoria d’Arcachon, à la lumière du récent travail de Menzies* (1957) qui a scindé l’ancien Limnoria lignorum Ratke en plusieurs espèces. Il ressort de cet examen que les Limnoria d’Arcachon doivent être rattachés à l’espèce Limnoria tripunctata Menzies, 1957. En second lieu, j’ai apporté des précisions nouvelles sur la biologie de cette espèce dans notre région, notamment sur son cycle annuel, et sur les relations interspécifiques qu’elle entretient avec la faune qui l’accompagne habituellement dans son biotope. BIBLIOGRAPHIE Barnard (J. L.). — • 1955. — The wood-boring habits of Chelura terebrans Philippi in Los Angeles harbour. Univ. South Calif. Press, 87-98. Bourdillon (A.). — 1960. — Biologie des crustacés marins xylophages. Thèse. Rec. Trav. Stat. Mar. d’Endoume, fasc. 31, bull. 19. Deschamps (P.). — 1956. ■ — ■ Contribution à l’étude des xylophages marins. Rev. Inst. Pêches mar., 20-22. Dessenoix (Ch.). — 1962. — Contribution à l’étude de la Faune des Bois immergés du Bassin d’Arcachon. D. E. S., Fac. Sc. Bordeaux. Johnson (M. W.). — 1935. — Seasonal migrations of the wood borer Limnoria lignorum Ratke at Friday harbour, Washington. Biol. Bull., vol. 69, fasc. 3. Menzies (R. J.). — 1957. — The Marine Borer Family Limnoridæ (Crus- tacea Isopoda). Bull. Mar. Sci. Gulf and Carriban, 7, 101-200. Menzies (R. J.). — 1960. — The identification and distribution of the species of Limnoria. Marine boring and fouling organisms. Univ. Washington Press, 10-34. Yonge (C. M.). — 1950. — The sea-shore. Collins, London. Tychius hoffmanni Tempère. Éthologie et complément de description. Quelques autres Coléoptères de Lotus hispidus Desf. par G. Tempère Lorsque j’ai décrit Tychius Hoffmanni G), je ne disposais que de sept individus mâles capturés aux environs de Bordeaux : cinq à Léognan (Le Thil), en juin 1956; les deux autres au Haillan et au Taillan, en 1954 et 1955. Je rappellerai simplement, ici, qu’il s’agit d’une espèce voisine de Tychius argentatus Chevr., avec lequel elle peut être assez faci- lement confondue, puisqu’elle est de même taille, de même forme générale et de coloration analogue. Divers caractères, toutefois, permettent de distinguer les deux espèces, sans difficulté sérieuse. Entre autres, chez T . Hoffmanni , les squamules des stries des élytres sont bien plus étroites que celles des interstries; le rostre (1) Bull. Soc. Entomologique de France, 1957, 62, 88. 10 SOCIÉTÉ LINNÉENNE DE BORDEAUX est subcoudé en avant des yeux, légèrement subulé à l’extrémité; le funiculc antennaire est plus long que le scape, avec les derniers articles peu ou pas transversaux. Par ces points notamment, T. Hoffmanni s’oppose à T. argentatus. Sur la Plante nourricière de mon espèce nouvelle, j’étais réduit alors à émettre une supposition qui s’est d’ailleurs trouvée vérifiée. En 1958 et années suivantes, les recherches que j’ai faites, à Léognan, pour reprendre l’Insecte, sont restées sans résultat. Il en a été de même au Haillan. Seule la station du Taillan-Médoc, située au Nord de l’agglomération, m’a donné, en juin 1958, une femelle qui est désignée dans ma collection comme Allotype; puis en 1961, quatre autres individus du même sexe. Vu la rareté appa- rente de l’Insecte, je ne pouvais encore avoir de certitude quant à la Papilionacée qui pouvait le nourrir. C’est vers le milieu de juin 1962, dans la même localité, que sur un terrain sablonneux, à demi en friche, bien exposé, où croissait assez abondamment Lotus hispidus Desf., je pus me convaincre que cette Plante est l’hôte de Tychius Hoffmanni, dont il me fut alors possible de capturer un assez bon nombre d’individus des deux sexes, souvent accouplés, soit sur les rameaux du Lotier, soit sur le sol, sous ses tiges rampantes. Je n’ai pas vu l’Insecte, là où la Plante, poussée parmi de hautes herbes, se montrait sous la forme de grosses touffes aux tiges plus ou moins dressées. Le 16 juillet suivant, je recueillis une provision de gousses mûres ou mûrissantes du Lotus. Dès ce même jour, et pendant une semaine, des larves sortirent de ces gousses, dont elles avaient rongé les graines, pour s’enfoncer dans la terre rapportée du biotope et y construire des petites coques, du type bien connu chez les Tychius et autres genres à nymphose endogée. Avant de se métamorphoser en nymphe, ces larves sont restées, dans leurs coques, à l’état de prénymphes, pendant onze jours en moyenne. La nymphose proprement dite a duré quinze jours envi- ron. Compte tenu du temps (cinq jours au moins), pendant lequel les imagos, dans leurs coques, se sont durcis et pigmentés, c’est donc entre le 15 et le 27 août que s’est effectuée l’émergence des insectes parfaits. Ceux-ci se rassemblaient volontiers sur les rameaux de Lotus qui étaient placés à leur disposition; mais les attaques nutricielies ont été légères et rares, voire douteuses. Dès le 27 juillet, et durant quelques jours, j’ai pu recueillir de nombreux individus d’un Chalcidien, évidemment parasite de la larve du Tychius. Je dois à l’inlassable obligeance de M. Ch. Oranger, que je remercie une fois encore ici bien vivement, la détermination de cet Iiyménoptère qui est Habrocytus fasciatus Ths. Forcément, Tychius Hoffmanni constitue pour ce parasite un hôte inédit. Il ne paraît pas douteux que le Chalcidien puisse frei- ner fortement la pullulation du Curculionide, puisque si mon éle- PROCÈS-VERBAUX 11 vage m’a fourni au total 96 Tychius (46 mâles et 50 femelles), il m’a donné aussi plus de 50 individus des deux sexes d TIabrocytus. Le fait de disposer maintenant d’un nombre important d’exem- plaires de Tychius Hoffmanni ne m’amène pas à apporter des modi- fications notables à la description générale de cette Espèce. C’est un Insecte peu variable, du moins dans les populations que j’ai pu examiner. La taille est assez constante : voisine le plus souvent de 2,8 mm. Il est très exceptionnel qu’elle approche 3 mm et peu fréquent qu’elle s’abaisse à 2,25 mm. Je n’ai donc guère à indiquer que les différences sexuelles. En fait, à l’examen d’un insecte collé, ces différences ne sont pas très marquées. Chez la femelle, la portion lisse et rousse du rostre, située en avant de l’insertion des antennes, est un peu plus longue. Chez le mâle, la sinuosité interne des protibias un peu plus pronon- cée et surtout l’onglet terminal des mêmes tibias plus développé. La détermination du sexe d’un individu isolé peut prêter à hésita- tion, à moins d’examiner la face ventrale du corps. Le mâle montre alors une nette dépression, qui intéresse le milieu des méso- et métasternums, ainsi que des second à quatrième sternites abdomi- naux. La femelle ne possède pas ces caractères, mais seulement une fossette, à la partie postérieure moyenne du quatrième sternite. J’ai indiqué plus haut la proportion des deux sexes pour les imagos obtenus d’élevage, en août (47,7 % de mâles). Ce rapport avait été légèrement différent pour ceux qui furent recueillis sur place, en juin (54,3 % de mâles). Dans le même biotope, Lotus hispidus Desf. hébergeait en outre quatre ou cinq autres espèces de Curculionides : Sitona puberulus Reitt., Hypera plantaginis de Geer (dont j’ai élevé la larve), Pachy- tychius hæmatocephalus Gyllli. et Apion loti Kirby. Il est probable aussi que la présence de Sitona lineatus L. devait être liée à celle de la Plante. Pour presque tous ces Curculionides, Lotus hispidus semble être une Plante-hôte spécifiquement inédite. A. Hoffmann, dans le précieux répertoire qu’il a placé à la fin de son troisième volume de la Faune de France, ne mentionne qu’une espèce connue pour s’attaquer à ce Lotus : Tychius spinicrus Desbr., spécial à la faune corse. Mais il faut noter que J. Péricart a signalé G) la capture, à Porto-Vecchio, de Sitona puberulus, sur Lotus hispidus. Mon obser- vation, aux environs de Bordeaux, vient donc confirmer celle qu’a faite, en Corse, mon excellent collègue et ami. J’ajouterai enfin que, des gousses de Lotus hispidus, j’ai obtenu encore trois individus de Bruchidius pusillus Germ. Cette espèce commune est bien connue déjà pour vivre des graines de certains Lotiers. Mais il ne semble pas que L. hispidus ait été spécifique- ment mentionné, parmi ceux-ci. (1) L’Entomologiste, 1956, 1 2, 136. 12 SOCIÉTÉ LINNÉENNE DE BORDEAUX L’habitation des Fali de Ngoutchoumi (département de la Bénoué, Nord-Cameroun) par J. Gauthier Attaché de Recherche au C.N.R.S. LE VILLAGE Le village cle Ngoutchoumi se trouve situé à 39 km au Nord- Nord-Est de Garoua, à 2 km environ de la piste qui va de Garoua à Iviokolo. Il occupe différents petits massifs montagneux qui flanquent vers le Nord le plateau de Tinguelin et qui constituent une limite naturelle avec le plateau de Kangou. HISTORIQUE Vers la fin du xvne siècle, le terroir de Ngoutchoumi O) était occupé par une tribu Ngomna venue sans doute des environs de Guider. Au début du xvme siècle, un groupe Fali venu de Tintinrin, près de Garoua, s’empara du village après avoir vaincu les Ngomna. Vers 1750, les restes d’une importante tribu, les Nu Bant Tshalo, originaire du Sud-Est et peut-être apparentés aux M’Boum et aux Lakka, aidés par des Fali occupant le village fortifié de Hou, situé à quelques kilomètres de là, dans la plaine de Katako, attaquèrent les gens de Ngoutchoumi. A l’issue d’un combat très meurtrier, ils s’emparèrent du territoire, refoulant les vaincus dans la mon- tagne où ils fondèrent le village de Pouri. LA MAISON Hoyu ou ara, termes qui désignent respectivement la cour intérieure couverte et la case propre à un individu, désignent égale- ment la maison, ainsi que le mot b a, qui s’applique plus spéciale- ment au groupe d’habitations d’un même lignage et à l’endroit où s’élèvent ces constructions. Exemple : Mi dikt Ba mon (je pars maison mienne). Le Hoyu (* 1 2) représente une unité familiale; c’est la cellule de la Note de Fauteur. — Ce sujet a fait l’objet, en 1961, d’un important travail de Jean-Paul Lebeuf : « L’habitation des Fali, montagnards du Cameroun septentrional. - Technologie, sociologie, mythologie, symbo- lisme (608 p., 512 fig). Les Guides Bleus, Hachette. Cet article n’a donc pas la prétention d’apporter des éléments nou- veaux; cependant, il ne doit pas non plus être considéré comme un résumé de cet ouvrage. Résultat d’observations effectuées à l’issue de plusieurs séjours, il entre dans le cadre d’une étude uniquement consacrée aux Fali du village de Ngoutchoumi. (1) Ngoutchoumi peut, selon les diverses auteurs, s’écrire : N’gout- choumi, N’gûtshûmi ou N’gucumi. (2) La prononciation de ce terme varie quelque peu d’un individu à l’autre. Hoyu semble ici mieux correspondre que Oyu utilisé dans les autres villages. i CO Plan partiel d’une habitation de montagne I LO Coupe d’une habitation classique de montagne PROCÈS-VERBAUX 13 famille restreinte (Rom polo), le père, la mère, les fils et filles célibataires. Le nombre de personnes à loger, et non la richesse, conditionne le nombre de cases et leur importance. L'habitation de plaine, par son allure et son agencement inté- rieur, a tendance à se rapprocher de plus en plus de celle des Peuls. L'espace étant plus facile à organiser, les dimensions peuvent devenir considérables, non point que les maisons soient beaucoup plus grandes, mais la cour intérieure, non couverte, s’accroît et sert à parquer le petit bétail, ce qui est une acquisition relativement récente. La transformation de l’habitat est liée également à une transformation du mode de vie, qui se traduit d’une manière tangible par l’abandon, par exemple, du vêtement traditionnel remplacé par celui des Peuls. Il existait des Hoyu de plaine, chez les Fali, avant l’invasion peule. Des ruines encore visibles, dans la plaine de Katako, permet- tent de reconnaître le plan et parfois l’aménagement intérieur des habitations, en tous points comparables aux habitats de montagne actuels. L’habitation fali, à Ngoutchoumi, se compose de plusieurs cases disposées en forme de cercle. Ces cases, qui délimitent une cour intérieure, généralement couverte, répondent à des besoins divers nettement définis. C’est ainsi qu’une habitation type comprend au moins cinq cases : 1° Une entrée .............................. atikalat (A) (U. 2° Une maison pour l’homme ................. ara (G) . 3° Une maison pour la femme ............... hoy tibuelgu. 4° Une cuisine .............................. kanamju (B) . 5° Un grenier intérieur ..................... kiilu (F). Légèrement séparées de cet ensemble, viennent les cases des garçons et des filles, Les greniers à mil et à arachides extérieurs . .. doyu (J-K). Les greniers sacrés ......................... kulu manu . La bergerie ................................. dorrbiu. Chaque habitation est clôturée par des nattes tressées, généra- lement constituées par des tiges d’une graminée ou par une haie vive d’euphorbes (genre E. Canariensis ou E. Kamerunica) . 1° Atikalat. — • Cette case s’ouvre à l’extérieur par une petite porte, parfois en plein cintre (nino). Le sol, constitué par de la terre battue, est couvert de tessons de poteries rouges ou noirs qui forment ainsi une sorte de mosaïque (kielu) affectant parfois un décor géométrique. Le diamètre de cette construction varie de 2 à 4 m; sa hauteur au centre n’excède guere 1,90 à 2 m; sa toiture, qui n’est soutenue par aucun piquet, est simplement posée sur la partie supérieure du mur. 2° Hoyu . — Cette cour intérieure couverte peut avoir des dimen- sions fort variables; elle affecte la forme d’un polygone irrégulier (1) Voir figure 5 : coupe d’une habitation classique de montagne. 14 SOCIÉTÉ LINNÉENNE DE BORDEAUX limité par des nattes. Le sol est en terre battue; il arrive qu’il soit pavé de pierres plates, mais cela demeure très rare. Face à l’entrée de Yatikalat, un pieu central, le baso, soutient des traverses de bois à peine taillées, sur lesquelles sont disposées des nattes comparables aux nattes d’enceinte, les djingu. A 1 m du baso, se trouve également un pieu terminé par une fourche triple, le d’jandju, sur lequel on peut déposer des poteries à fond rond ( d’jongo) . Toutes les cases et greniers de l’habitation s’ouvrent sur le hoyu, à l’intérieur duquel se trouve également le foyer. 3° Ara. — C’est la case la plus importante, elle s’ouvre face à Yatikalat. Le sol qui, comme celui des autres cases, est surélevé par rapport à celui du hoyu d’environ 15 à 20 cm, peut également être damé. A l’intérieur se trouve parfois un lit de terre sèche, sous lequel on dépose des braises pendant la saison fraîche (lit : laso) . L'ara est la case du maître du foyer, la case du père de famille ( toy) . Ses murs intérieurs peuvent être décorés de peintures à motifs géométriques alternativement jaune-ocre, rouge-ocre, blanc et noir. 4° Ara kanamju. — Cette case, généralement plus petite que les précédentes, constitue la cuisine : à l’intérieur se trouve le kanamju, table de terre séchée, dans laquelle sont incrustées deux auges (tumtu) de granit, utilisées pour broyer les arachides et le mil. Disposés sur une sorte d’étagère, ou abandonnés à même le sol, se trouvent tous les ustensiles ménagers courants, poteries et cale- basses. 5° Hoy tibuelgu. — C’est par excellence la chambre à coucher de la femme. De dimensions légèrement inférieures à celles de Vara, elle ne comporte aucune décoration, sauf si la femme a mis au monde des jumeaux, auquel cas le mur extérieur peut être orné de punctiformes blancs. 6° Kulu (les greniers intérieurs). — Ces constructions sont sur- élevées par des pierres qui les isolent ainsi du sol. La partie infé- rieure creuse est absolument vide; dans la partie médiane sont disposés les aliments du jour et, dans la partie supérieure, les graines et les fruits à conserver. Les kulu s’ouvrent par un orifice rectangulaire, la plus grande longueur étant transversale. Leur fermeture est assurée par une plaque de terre sèche ( tipamja kulu) assujettie par des liens de fibres (loksu). Ara loto (habitat du jeune célibataire). — C’est une case carrée, située à proximité de la chambre du père; elle mesure approxi- mativement 2 m à 2,50 m de côté. Elle est souvent précédée d’une petite cour intérieure clôturée de nattes. La porte d’entrée, en général rectangulaire, est fermée par une natte ou par une plaque (1) Bidons de 200 litres. PROCÈS-VERBAUX 15 de fer provenant de la récupération des gongons (D. Le toit est soutenu par un pieu fourchu appelé baso; un petit foyer peut se trouver à l’intérieur. Les annexes de V habitation. — Elles sont constituées par tous les éléments « construits » situés en dehors de l’enclos limitant l’habitation proprement dite. Ce sont d’abord les doyu ou greniers extérieurs, le door b in, la bergerie, les door gemsu, les poulaillers, auxquels on peut adjoindre les commodités, durka ou dukka, et les points d’eau tungtu, quand ils ont fait l’objet d’aménagements plutôt que de constructions. Les doyu sont les greniers proprement dits; leur taille n’excède jamais 2,20 m de haut pour un diamètre maximum de 1,90 m. Tou- jours situés à l’extérieur de l’habitation, ils sont surélevés par un cercle de pierres dressées, ou construits sur un sol préparé, dallé de larges pierres plates; ils n’ont aucune ouverture extérieure; la toiture de chaume, dont la partie supérieure est souvent vannée en damiers simples, est amovible, et on l’enlève pour pénétrer à l’intérieur du grenier. Une curieuse construction (bimtu) au centre du doyu, de forme cylindrique et terminée par un étranglement, est utilisée pour emmagasiner les grains (sésame bosé, graines de concombre, tikeské) . La bergerie (door biu) est une hutte de branches ou une cons- truction ronde en pierres assemblées avec du mortier. Dans le premier cas, la partie inférieure est consolidée jusqu’à 1 m, 1,20 m de hauteur, par des dalles de pierre que l’on coince entre les branches. Les moindres interstices sont alors soigneusement colma- tés avec de la terre, afin que les animaux sauvages ne puissent se ménager une ouverture suffisante pour pénétrer à l’intérieur. Les poulaillers sont de deux types : l’un présente les mêmes caractéristiques que la bergerie dont il n’est, en fait, qu’une réduc- tion, l’autre est formé par toutes les grandes poteries hors d’usage que l’on fiche dans le sol après avoir ménagé sur la panse une ouverture plus ou moins ronde, que l’on ferme avec une large dalle de pierre ou une planchette fixée par des liens, qui passent dans des trous ménagés sur la poterie. ÉTUDE STRUCTURALE Orientation des ouvertures. — A Ngoutchoumi U), cette orien- tation n’est soumise à aucune règle déterminée. Elle est fonction de la disposition des différents éléments de l’habitation, par rapport à l’ensoleillement et aux vents dominants. Les murs. ^ Les murs sont faits de terre provenant des termi- tières abandonnées, ou d’argile alluvionnaire très micassée aux- quelles on ajoute de la paille hachée (hoindju). (1) Il n’en est pas de même dans les autres villages ( cf. J. -P. Lebeuf). 2 16 SOCIÉTÉ LINNÉENNE DE BORDEAUX Le toit. — Il convient de distinguer trois sortes de toits : le toit des cases carrées (soro), celui des constructions rondes ( tika- lemia) et enfin les toits plats ( fak) . Soro : ce toit, d’un type assez simple, est supporté par quatre poutres (cepta) qui s’appuient aux quatre coins ( toldié ). Elles sont reliées entre elles et soutenues par le pieu central (baso) . Sur ces poutres s’appuient des poutrelles (ginmodjom) en bois non équarri. L.’ensemble poutres et poutrelles est complété par des branches souples courbées ( dektabjam) , de manière à former des cercles concentriques autour du baso. Ces branches servent à retenir la paille du toit (tsayo). Poutres et poutrelles sont engagées à même le mur, ou plus exactement dans la partie rapportée (setkari) qui sert à combler les interstices existants entre le toit et le mur proprement dit. La paille du toit ( sietka), dont la hauteur varie de 60 à 70 cm, est groupée en vingt à trente brins reliés entre eux par leur base, à l’aide de loksu, afin de former des éléments de 1,50 à 2 m. Un élément plus court constituera la partie termi- nale du toit qui est d’ailleurs posée en premier lieu. Tikelemia : le toit de case ronde est pour ainsi dire préfabriqué au sol, puis simplement posé sur les murs où il s’engage par sa partie inférieure dans une gorge ménagée (telkerê) au sommet du mur. Sur une armature circulaire de branches souples liées entre elles, on constitue un manchon de paille dont chaque élément sera maintenu par un lien individuel, l’ensemble est consolidé par une ligature serrée d’écorce enroulée en spirale. Les éléments de charpente faits de branches souples en arceaux sont fixés sur cette armature. Le chaume est disposé de la même façon que dans le cas d’une case carrée (ara tikelemia). La partie supérieure du toit est souvent recouverte d’une vannerie, type canné croisé (pâ tubadji), terminée par une petite tête faîtière de vannerie cordée (gun tangu) qui peut être ornée de petites tiges de mil piquées sur son pourtour de plumes d’oiseaux ou d’objets divers, col de poterie, orné de points blancs (punu), bouteilles (principalement de bière), etc. Fak : toit plat presque exclusivement réservé à la couverture des cours intérieures. C’est un assemblage de poutrelles horizon- tales (mitindji) , ligaturées sur des pieux fourchus ( tséwo) ; certai- nes poutrelles de dimensions plus importantes rayonnent à partir d’un pieu central (baso). La couverture est formée par des nattes ( fak djingu) amovibles. L’une d’entre elle porte une ouverture vannée circulaire (gô fak hoyu), ouverture qui, placée juste au-dessus d’un pieu à trois branches ( djandju) , permet au proprié- taire de surveiller, sans être vu, les alentours de son habitation et éventuellement de déplacer, pendant la saison sèche, les autres nattes qui constituent la toiture. PROCÈS-VERBAUX 17 Les portes. — Les portes peuvent avoir des formes variées : basses et carrées, rectangulaires et hautes, en plein cintre ou même parfois en ogive arrondie» Les portes carrées et rectangu- laires sont charpentées par des pieux enfoncés dans le sol. Le linteau, formé d'une branche non équarrie, est attaché à ces pieux à Laide d’écorces. Les autres types de porte sont réalisés lors de la construction à partir d’une charpente faite de pailles liées. Fermetures . — Beaucoup de portes sont simplement fermées à Laide d’une natte que l’on peut maintenir de l’intérieur au moyen d’un bâton. Presque toutes les cases de jeunes célibataires sont fermées par un vantail de bois confectionné à partir de vieilles caisses. Ce vantail peut être bloqué de l’intérieur grâce à un verrou de bois. A l’extérieur, un cadenas, de fabrication européenne, a remplacé, depuis peu, la fermeture de ficelle. Les Fali utilisent également le nino vedju (« porte en fer»). Ces portes, fabriquées à partir des gongons (bidons de 200 1) sont vendues toutes prêtes aux marchés de Garoua, de Pitoa et de Gashiga avec leur cham- branle. On les met en place soit pendant la construction de la case, soit à une date postérieure. Une mention spéciale doit être faite en ce qui concerne la ferme- ture des bergeries. La porte est constituée par un énorme bois fourchu devant lequel sont enfoncés deux pieux à une distance de 20 à 30 m. L’espace entre la fourche et les pieux est comblé avec des branches superposées qui servent à réaliser la fermeture. LA CONSTRUCTION U emplacement. — L’emplacement d’un hoyu est choisi en fonc- tion de la proximité des points d’eau, dans les lieux élevés et d’un accès facile à défendre. Dans le cas où le hoyu est situé à flanc de montagne, il est construit directement sur le rocher, très rarement sur un sol artificiel de pierres plates. Des petits abris sous roche sont parfois utilisés comme annexes de l’habitation. Les matériaux de construction. — La terre est récupérée sur d’anciennes termitières, qui fournissent un matériau à la fois solide et homogène; elle peut provenir également de constructions anté- rieures abandonnées, et plus rarement d’une extraction directe qui s’effectue à Laide d’un bâton dont l’extrémité est complétée par un fer de hache. Cette terre est une argile de décomposition qui provient de la transformation chimique des roches granitiques sous l’influence des agents atmosphériques. Elle est souvent fortement micassée et riche en petits grains de quartz. Les roches utilisées pour les fondations et les divers compléments architecturaux sont recueil- lies sur place, ainsi que les troncs et branches des arbres qui fourniront la charpente de l’habitation. Nattes et toitures sont fabriquées en général à partir des tiges de graminées, en particulier Imper ata cylindrica. 18 SOCIÉTÉ LINNÉENNE DE BORDEAUX Le pisé est préparé à proximité du lieu de travail. Les mottes de terre sont soigneusement écrasées à Laide d’un bâton, au début de la matinée. Le soir, cette terre mise en tas, est abondamment arrosée puis recouverte d’herbes sèches qui éviteront la dessic- cation jusqu’au moment de son utilisation. Les fondations (ketta ara). — La limitation d’un ara circulaire de grandes dimensions fait appel à la technique suivante : un homme se place à l’endroit choisi pour être le centre de la demeure, une autre personne lui donne la main gauche et trace ainsi un cercle à l’aide d’un petit bâton. Toutes les mesures usitées pour l’établissement du périmètre de l’habitation sont effectuées par le futur propriétaire qui les détermine en prenant comme unité de longueur celle de son pied. Exemple : Ala di naw mom ra soin fian (le mur fait mon pied douze fois). Les fondations ont une profondeur d’environ 35 à 40 cm, selon les cas (parfois seulement 25 cm) ; elles sont creusées à la houe et n’excèdent guère 30 cm de large. Dans la tranchée ainsi formée, on dispose quelques pierres que l’on recouvre de pisé. Après une demi-journée d’interruption, les murs sont montés à l’aide de boudins que l’on presse entre le pouce et l’index. La surface ainsi obtenue est élargie par pression des deux mains opposées. De l’herbe séchée, hachée par frottement sur un bloc de granit, est alors déposée sur la terre humide (x). On monte ainsi 30 à 35 cm de mur et on laisse sécher, ainsi de suite. La partie supé- rieure d’une case ronde, élargie en un bourrelet, porte une gorge profonde (dalam) de 5 à 7 cm, qui servira à poser le toit. Le cintre de la porte est moulé sur un arceau constitué par une ou plusieurs branches de bois souple n’excédant pas 3 cm de dia- mètre. Ces branches sont enveloppées dans des tiges de graminées et liées entre elles par des écorces (tita loksu) . Les liens qui, avant leur utilisation, trempent dans une calebasse, se dessèchent et acquièrent par la suite une certaine dureté qui rend leur détachement plus difficile. Le toit. Toit d’une case ronde. — - Le toit d’une case ronde ( tikalemia ) est préparé à part; l’armature de base est constituée par des branches souples liées bout à bout, branches qui ont longuement séjourné dans l’eau. Elles sont enveloppées de tiges de graminées serrées par des loksu ; la correspondance exacte du diamètre de l’armature de base et de celui de la case est assuré par le montage direct effectué dans la gorge du sol. Les éléments sont liés au (1) La paille n’est jamais mélangée à l’argile; les murs sont donc d’abord montés en pisé et transformés par la suite en torchis par l’adjonction superficielle de paille. PROCÈS-VERBAUX 19 tore par des ligatures croisées. Le gros-œuvre une fois terminé, solidité et rigidité sont assurées par l’adjonction de cercles de bois souples, trois ou cinq rangs en général. Le chaume ( tshayo) est constitué par de la paille d’Imperata, groupée en faisceaux d’une dizaine de brins simplement retenus ensemble par torsion d’un lien d’écorce à leur partie inférieure. Une quarantaine de ces faisceaux constituent un élément du toit; ils se recouvrent les uns les autres aux trois quarts et sont attachés sur l’armature par les mêmes liens. La partie supérieure du toit ainsi formé sera recouverte d’une vannerie en «croisée simple» ( pa tubadji) terminée par une sorte de tête faîtière également en vannerie (guntangu) , parfois recouverte d’un sol de poterie orné de dessins géométriques. Toit d’une case carrée : seul le procédé de montage du toit (soro) diffère quelque peu. La partie supérieure des murs ne porte pas de gorge; un baso central, dont l’extrémité est terminée par une fourche, soutiendra le toit. Les poutrelles seront liées au baso, leur extrémité inférieure simplement posée sur les murs. Le mon- tage de la charpente (gimmodjom) s’effectue d’abord par la mise en place des poutres qui occupent une position médiane sur les murs, puis de celles des quatre coins (tsepta) ; les poutrelles trans- versales sont aussi fortes que les poutrelles longitudinales. Les fentes des murs dues au séchage du pisé, sont colmatées à l’aide d’argile. L’intérieur de l’habitation, ainsi que l’extérieur, sont revêtus d’un enduit très mince d’argile, lissé à l’aide d’un tesson de poterie ou d’un fragment de calebasse. Le sol ( pat ara). — - La réalisation des mosaïques (kielu) est confiée aux femmes. Des pierres plates forment un isolant avec le sol proprement dit. De la terre de termitière, très humide, est d’abord étendue sur toute la surface, sur une épaisseur d’environ 2 cm. Lorsque cette première couche est sèche, une seconde est réalisée. Avant son complet durcissement, on incruste des frag- ments de poterie monochromes ou polychromes, qui formeront une sorte de mosaïque très caractéristique des constructions Fali. L’extérieur de l’habitation est entièrement revêtu de nattes tres- sées en croisé simple. Elles assureront une protection contre la pluie et seront également un excellent isolant thermique. La décoration. — La décoration des cases a ceci de particulier qu’elle ne fait que très rarement appel aux motifs en relief ou en applique. La décoration la plus simple consiste en un lissage très soigneux des murs intérieurs, lissage obtenu au moyen d’une pierre plate, d’un tesson de poterie ou d’un fragment de calebasse. Les murs intérieurs peuvent alors être revêtus d’un enduit de kaolin. Un mode de décoration plus complexe fait appel aux peintures à décor géométrique qui peuvent être alternés avec des panneaux repré- sentant le plus souvent des scènes de chasse. 20 SOCIÉTÉ LINNÉENNE DE BORDEAUX Ce procédé (vetshitê) utilise quatre couleurs en teintes plates : le blanc, le noir, le jaune et le rouge. — le blanc (bonya) est obtenu à partir du kaolin; — le noir (ilia) est obtenu à partir de la suie qui recouvre les poteries allant au feu; — le jaune (bonya) est obtenu en écrasant les fruits d’un arbuste appelé yot djomsu ; — le rouge (koyo) est fabriqué à base de limonite broyée. Ces couleurs sont délayées dans de l’eau et disposées dans de petites calebasses. Les motifs ornementaux sont tout d’abord tracés à l’aide de charbon de t’shiktshu ( Acacia sp.) qui sert également de cosmétique. Ils consistent généralement en une série de losanges ou de triangles séparés par des lignes verticales, des rectangles (djekbenjem) superposés ou par des quadrillages (djing jepsep). En ce qui concerne les représentations animales, antilopes et pan- thères semblent devoir être les plus fréquemment représentées. Parfois des silhouettes humaines sont esquissées, le visage étant presque toujours représenté de face. Les couleurs sont appliquées au tampon, à l’aide d’un vieux mor- ceau de vêtement de coton (gatté djiôta). Les traits noirs qui souli- gnent les différents sujets ainsi que les points de couleur ( punu) sont réalisés avec le doigt. Les encadrements de portes intérieures peuvent être également décorés selon les mêmes procédés. Durée des maisons et causes de destruction. — La durée des maisons fali n’excède guère une dizaine d’années. Les causes de détérioration sont multiples. Une toiture, par exemple, ne résiste guère plus de deux ans; si elle n’est pas refaite, elle risque de s’effondrer, ce qui arrive parfois. Lorsque les nattes de clôture ne sont pas entretenues, la pluie peut imprégner les murs qui ramollissent et qui s’écroulent. Les termites qui attaquent les pou- tres de la charpente, qui creusent des galeries dans les murs, les lézards qui déplacent la paille du toit, finissent par avoir raison des constructions les mieux faites. Pendant la saison sèche, la moindre étincelle suffit à embraser tout un groupe d’habitations, le manque d’eau laisse les Fali impuis- sants devant ce fléau qui, sans être très fréquent, est néanmoins une des calamités les plus redoutées. D’autre part, une habitation peut être complètement abandonnée, soit à la mort de son proprié- taire, soit parce que ce dernier a déménagé pour être plus près de ses cultures. Après le mariage, les cases de célibataires tombent souvent en ruines et la réutilisation des divers matériaux de construction en effacera même toute trace, ce qui explique en partie la rareté des vestiges anciens, G O •rH ■g G G co G O O G eu CG G CD •rH G CD G bJ5 CD Æ O 'CD en G O co •rH d co CD G bJD a G O CD "d CD s G CD I CD PROCÈS-VERBAUX 21 CONSTRUCTIONS SPÉCIALES 1° Les abris temporaires. — Il en existe quatre types : le titshepta est un petit abri de saison sèche; il est formé par une natte soutenue par des piquets. Le duttu est un enclos de nattes rectangulaires couvert, extrêmement léger et que l’on déplace facilement pendant la saison des cultures. Il en existe une variante circulaire copiée sur les abris temporaires des nomades Peulh. Enfin, signalons, en dernier lieu, le bà baïtsi, beaucoup plus rare que les précédents. On utilise pour cela un abri sous roche naturel que l’on ferme par une clôture de pieux garnie de nattes; cet abri est utilisé au moment des récoltes pour surveiller les champs afin d’en interdire l’accès aux animaux sauvages et en particulier aux singes. 2° La case trophée. — Cette case située non loin de l’habitation ne doit pas être confondue avec les greniers sacrés ou tout autre construction ayant trait soit au culte, soit à la religion. La case trophée peut être un simple abri de nattes, plus rarement un ancien ara abandonné. A l’intérieur sont déposés les trophées de chasse (crânes, cornes, etc.), ainsi que les pièges à pointes radiaires. 3 ° La forge U). — Il s’agit d’une petite murette de terre sèche, de 20 cm de haut et de 2 m de diamètre, ménageant un espace circulaire dans lequel sont disposés les différents outils du forge- ron ainsi que le foyer. C’est une construction en plein air, protégée par un abri du type ticepta pendant la saison des pluies. Soufflet, outils, métaux de récupération demeurent sur place, ainsi que la réserve d’eau constituée par une grande poterie. Les forges occu- pent toujours le même emplacement, parfois assez éloigné du logis du forgeron. Constructions ayant trait au culte Les greniers sacrés (kulu manu). — Deux types de greniers sacrés doivent être considérés : le grenier sacré de la femme, situé à l’intérieur même de l’habitation, et celui des hommes du lignage construit à l’extérieur. Le grenier sacré de la femme est absolument semblable au kulu déjà décrit. Il contient les pierres représentatives des ancêtres (Guaw lasindji ) uniquement féminins. Les Guaw lasindji sont conservés par la fille aînée de chaque lignage, dans l’habitation de son père avant son mariage, dans celle de son mari ensuite. Le grenier sacré des hommes (kulu manu) est toujours situé près de l’habitation du chef de lignage. Il répond aux mêmes principes architecturaux que les autres greniers, mais une ouver- ture dans sa partie médiane permet au prêtre d’accéder à l’inté- rieur. Cette ouverture est fermée par une plaque de terre retenue (1) Il n’en existe que trois à Ngoutchoumi, 22 SOCIÉTÉ LINNÉENNE DE BORDEAUX par des liens en fibre de baobab, ou bien par une natte devant laquelle on dispose, sur le sol, une rangée de très grosses pierres, destinée à la caler contre la paroi. Ces greniers représentent la «Mère des Hommes» (Noy Nétu). On distingue la tête, formée par la partie supérieure qui s’arrondit en coupole, le collier, représenté par une petite gorge en relief (galnungu) , les seins qui surmontent l’entrée du grenier et qui sont symbolisés par des appliques en relief (bomju neuno) , enfin la vulve qui s’identifie avec l’ouverture ( têlu kulu) . La décoration extérieure de ces constructions peut varier suivant les différents lignages et, à cette figure traditionnelle peuvent s’ajouter des éléments ornementaux dont le sens est complètement perdu; presque toujours les kulu manu sont constellés de puncti- formes blancs, le blanc étant la couleur du deuil et de la mort. Les kulu manu sont toujours reconstruits avec les matériaux qui proviennent du kulu manu précédent. Cette reconstruction s’effec- tue tous les cinq ou six ans, au même endroit. Si les gens du lignage ont émigré ailleurs, le grenier, lui, demeure fixé sur le terrain qui a été le lieu d’habitation de leurs ancêtres. Les enclos des « manu » ou « leuru » Ce sont des enclos rectangulaires, couverts, formés par des murs de nattes, qui s’appuient sur des pieux faits en un bois spécial appelé gemser ou pilu manu. D’un pieu central (basa) rayonnent des poutrelles ( mitindji ) qui viennent s’appuyer sur les pieux déjà mentionnés. Sur ces pou- trelles sont posées et ligaturées des traverses plus ou moins paral- lèles, appelées b’vum. Au fond de l’enclos, deux petites cases ( bingling et homtu), assemblage de chaume et de nattes soutenus par des piliers péri- phériques, contiennent l’une le niksu, autel des ancêtres - — qui se présente sous la forme d’un sol de poterie taillé rempli de terre et où se dressent deux pierres polies symbolisant le couple ances- tral du clan — l’autre, un autel secondaire à peu près semblable, les bracelets sacrés. De larges dalles plates, en général cinq ou six, placées devant le bingling et le homtu , et autour du baso, servent de sièges aux personnages importants. Rites religieux ACCOMPAGNANT LA CONSTRUCTION D’UNE HABITATION Lorsque l’habitation est terminée, le propriétaire offre de la bière de mil à tous ceux qui ont participé à la construction, ainsi qu’à toutes les personnes qui se présentent alors à ce moment là. Lorsque la bière est prête, quelques jours après la fin des travaux, tous se réunissent dans le hoyu où, s’il s’agit d’une case de céli- bataire, devant la porte, le propriétaire verse de la bière au pied PROCÈS-VERBAUX 23 de chaque arbre important situé près de la maison, ainsi que sur les rochers, de façon à se concilier les esprits qui les peuplent. Si un point d’eau (source, ruisseau, mare) se trouve à proximité, on jette un peu de koxo (marc de la bière) pour se protéger des esprits des eaux. Le prêtre (tondji manu) pique deux fragments de la plante sacrée (dalengu) sur une paille et les place au sommet du basa, contre le faîte. Dans ce cas, ce dépôt a pour but de protéger le logis de la foudre. Un dépôt identique est effectué au-dessus de la porte d’entrée pour interdire l’accès de la maison aux mauvais esprits. Le propriétaire égorge alors un coq sur le seuil, dont les testi- cules sont offerts au manu; ce coq est mis à cuire, et mangé par tous les assistants avec du sésame noir (bosé). Lorsque ce repas est terminé, ainsi que les libations de bière de mil, le plus âgé des assistants ou le plus important personnage adresse ses vœux pour la solidité, le confort de la construction, et remercie l’hôte pour sa bière. Les autres en font autant tour à tour, puis le personnage le plus important tend ses bras en avant, paumes ouvertes vers le ciel : il s’adresse à Faw, pour le prier d’être favorable au nou- veau propriétaire. Dans l’après-midi, le propriétaire place lui-même sous le grenier ou contre le mur extérieur, à droite de la porte de Yatikalat, les autels des génies familiers (tindom), sur lesquels il verse également un peu de bière de mil. Les Guaw lasindji femelles sont déposées par la femme dans le nouveau grenier, le soir, quand le mari est absent. L’Ameublement L’ameublement des maisons fali est extrêmement réduit et se limite exclusivement aux choses essentielles : quelques tabourets, des nattes, des lits, des poteries. Dans Yatikalat, une ou deux nattes de djingu, une peau de chèvre, de bœuf ou de panthère permettent de faire asseoir les visiteurs. Dans la cour intérieure (hoyu), près du pilier central, un pieu de 80 cm de hauteur, terminé par une fourche triple (djandju) est utilisé comme escabeau, afin de permettre au propriétaire de l’ha- bitation de passer la tête par une ouverture du toit pour surveiller les alentours et éventuellement déplacer les nattes du fak hoyu. Une grande poterie, à demi enterrée ( pela) constitue une réserve d’eau. Les tabourets sont disséminés un peu partout. Il en existe deux sortes : un tabouret typiquement fali (badju), cylindrique, tronconique, simple ou double, et un autre dont la forme semble avoir été empruntée aux Peuls (badju niarklia). Dans la cuisine (ara kanamju) se trouve le kanamju proprement dit, construction de terre séchée comprenant une table dans laquelle sont incrustées : — une meule dormante en granit (bogdjom) , formant auge, utilisée pour broyer le mil ou les arachides; 24 SOCIÉTÉ LINNÉENNE DE BORDEAUX — deux meules dormantes ( tungtu) qui permettent l’obtention d’une farine fine. Dans la cuisine se trouvent également les poteries en cours d’utilisation : — peleka : marmite, — tindesta : poterie pour faire chauffer l’eau, — tindita : poterie pour la bière de mil, — tindistka : sorte d’amphore qui sert à conserver l’huile, — peltnaw : marmite à pieds pour cuire la viande, et qui peut servir également à ranger les menus objets. D’autres ustensiles trouvent place dans l’ara kanamju. Ce sont les paniers ( entam) , les sacs de vannerie ( hugo ), les larges tessons de poterie utilisés pour le transport des graisses (d’jundju) , et enfin un petit balai pour nettoyer la table (kanamju) . Dans la chambre de la femme (hoy tibuelgu ) se trouve une natte ( gin kuta) , un tesson formant foyer ( d’jindju), un ou deux tabou- rets, une petite réserve d’eau personnelle (kiptine vuli) . Au mul- et au toit sont accrochés les divers vêtements : — les tindenem : jupon de fibres de baobab, — les tu katso : petit pagne de perles, — les dosu : fibres utilisées comme slip pendant les périodes mensuelles. C’est dans Yhoy tibuelgu qu’est également conservé le kinam doyu, pieu fourchu utilisé pour grimper dans les greniers exté- rieurs. Une poterie du genre peleka ou kipta, fermée par un fragment de calebasse, contient les bracelets (tulu), les colliers (neunu), les clous de nez (buloum), ainsi que les boucles d’oreilles. Entre le chaume du toit et les poutrelles, de menus objets sont pliés dans des morceaux de coton. A la tête de la natte, outre la plante sacrée ( dalengu) , on trouve le tabac à priser, ainsi que les tissus et le dosu U) utilisés pour les soins intimes. Diverses petites poteries, dont l’une (tindistka) contient de l’huile pour oindre l’époux ou l’amant, une calebasse ornée de perles, voisinent avec le porte-bébé ( raw ham) généralement accroché au mur. Dans la case de l’homme (ara) se trouve un lit, dont il existe d’ailleurs quatre variantes : le dasô est un lit de terre séchée dont deux extrémités sont arrondies; le pilu m’bentla est plus fréquent, cette couche est constituée par une planche légèrement incurvée, supportée par quatre pieds qui peuvent être sculptés ou non; le tâg lak, dérivé du précédent, est un lit formé par des branches soigneusement lissées, qui s’appuient sur des petits pieux fourchus; enfin, le lesbho, dit tara, lit de tiges de mil, est un emprunt fait aux Peuls. Notons aussi des appuis-tête discoïdes, en bois ou en terre cuite (gin hit ao). (1) Fibres végétales. PROCÈS-VERBAUX 25 Disposée près de l’entrée de la chambre de l’homme, une natte (djingu) est réservée aux amis. Les armes sont appuyées au mur ou accrochées aux poutres» ainsi que les outils. Dans une poterie, outre son argent» l’homme conserve ses bijoux ainsi que ceux de ses anciennes maîtresses. Une réserve d’eau» un ou deux tabourets, un foyer transportable (nemsu) peuvent également se rencontrer dans cette partie de l’habitation. Dans les kulu, la femme range la nourriture; les kulu manu ne contiennent que les pierres guaw lasindji dont il a déjà été fait mention par ailleurs. Les kulu peuvent également servir à ranger les bandes de coton (djolu). L’ameublement et les ustensiles que l’on trouve dans les cases des jeunes célibataires sont en tous points comparables à ce qui a été déjà décrit pour l’ensemble de l’habitation. Deux nattes, dont l’une est réservée aux amis ou aux flirts éventuels, un foyer fixe ( gin hyeti îbu) , une petite poterie contenant l’argent, les bijoux, le tabac à chiquer, le natron ( kilbu ) et un tabouret demeurent à peu près les seuls objets et la seule richesse qui caractérisent tout ara lolo. Les vêtements sont pendus au basa, les armes aux poutres, sauf le poignard court qui, déposé à la tête de la natte, est toujours à portée de la main. Dans le toit sont disposés de menus objets, des talismans et les pagnes de nuit. L’habitation, cellule sociale Il n’existe pas d’équipe spécialisée pour la construction de l’habitation. C’est le futur propriétaire, ses parents et ses amis qui effectuent le travail, chacun choisissant la tâche qui lui convient. Il n’y a pas de paiement, simplement parfois distribution de bière de mil. Une maison ne peut être louée ou vendue. Jadis les maisons étaient groupées en fonction des liens fami- liaux autour de l’enclos des Manu (leuru) . Mais avec l’accroisse- ment de la population, le besoin d’exploiter de nouveaux terrains de culture a fait éclater cette structure : on ne peut plus parler de « quartiers », cependant les maisons se groupent le plus souvent par lignage, tant que les besoins agricoles peuvent trouver une satisfaction locale normale. Les fêtes religieuses réunissent plusieurs fois par an tous les représentants d’un même groupe (b oie bâ) autour de l’enclos des Manu » lieu du quartier ancestral. Si un fils aîné part, loin parfois, fonder un foyer, le cadet demeure près de ses parents et vit avec sa femme et ses enfants dans une habi- tation contiguë. Chaque hoyu représente l’unité familiale, la famille restreinte : père, mère, enfants. Chaque bâ groupe les habitations du grand-père et de la grand-mère. Le hoyu est à la fois l’habitation de l’homme et de la femme, bien qu’ils ne cohabitent que fort rarement ensemble» chacun 26 SOCIÉTÉ LINNÉENNE DE BORDEAUX possède en effet une case individuelle : l’ara pour le mari, le hoy tibuelgu pour la femme. Dans la sienne, celle-ci a installé les pierres représentatives de ses ancêtres féminins, dans son grenier sacré, sanctuaire où son mari n’a pas accès. Ainsi, bien que des liens religieux l’attachent toujours à sa famille, à son village, à sa tribu, la femme est quand même ici chez elle; on ne peut l’en chasser sans motif valable, car ce serait là cause de divorce sans rembour- sement de la dot. Elle veille à la propreté de la maison, tandis que l’homme assure son entretien. Les enfants en bas-âge demeurent et couchent dans la case de leur mère. A quatre ans, environ, les petits garçons vont dormir dans une case à part, les petites filles dans une autre. Les enfants pourront, lorsqu’ils le voudront, se construire des cases séparées mais non loin de celles des parents. Une femme ne peut entrer dans l’ara de son mari sans lui en demander la permission. Elle n’entre et ne regarde à l’intérieur que lorsqu’elle y est invitée. Le mari observe la même attitude à l’égard de la case de sa femme dont il ne peut forcer la porte que pour des motifs exceptionnels. Les garçons peuvent entrer librement dans l’ara de leur père, les filles dans Vhoy tibuelgu de leur mère, quand ils sont absents, mais ils doivent solliciter l’autorisation pour pénétrer dans l’une ou dans l’autre de ces cases lorsqu’elles sont occupées par leurs parents. Notons à cet égard qu’une femme ne peut aller coucher dans la chambre de son mari que si celui-ci le lui demande; par contre, ce dernier peut, quand il le veut, partager la couche de sa femme dans Vhoy tibuelgu. Pendant la saison des pluies, les repas sont pris soit en commun, soit individuellement, dans la cour couverte de l’habitation ou dans l’une ou l’autre des différentes cases. Durant la saison sèche, ils sont toujours pris à l’extérieur. La maison est le lieu de réception par excellence. Il n’est pas convenable de laisser un visiteur ou un hôte devant la porte, et un protocole rigoureusement observé règle ces réceptions : les étrangers seront invités à s’asseoir sur le seuil de la porte, les cama- rades à l’intérieur de 1 ’atikalat, ceux que l’on veut honorer parti- culièrement, dans le hoyu, la cour couverte. Seuls les parents et les intimes sont reçus dans l’ara. Une faveur spéciale permet au boloroway, qui est souvent l’homonyme, d’y entrer à n’importe quelle heure du jour ou de la nuit, sans s’annoncer. Il peut y loger quand il veut et aussi longtemps qu’il lui plaît de le faire, en parta- geant la natte de son hôte qui lui demandera l’autorisation de faire coucher sa femme dans la même pièce. Cette intimité ne dépasse jamais les limites de la « bienséance », et elle exprime la confiance absolue des amis entre eux : le boloroway est un véritable frère du couple, en couchant avec la femme il commettrait un double crime : vol et inceste. Une femme peut également recevoir ses PROCÈS-VERBAUX 27 amies et les héberger dans son boy tubuelgu; elle prévient simple- ment son mari qui, par politesse, ne doit en aucun cas s’y opposer. Des fêtes peuvent être organisées lors d’un événement heureux : naissance, retour d’un parent ou visite d’un ami parti au loin. Les invités, toujours très nombreux, prennent place dans la cour inté- rieure et se tassent comme ils peuvent pour boire la bière de mil et pour manger. La maison, particulièrement bien nettoyée pour cette circonstance, est alors pleine de rires et de chants qui ne cesseront qu’à une heure très tardive. Après la mort d’une personne, nul n’occupera plus sa case qui reste sa propriété par-delà la mort, et tombera en ruine. La maison du point de vue religieux La maison peut être, dans une certaine mesure, considérée comme l’inscription sur le sol des croyances religieuses. Le prin- cipe masculin est représenté par le pilier central (baso), et le principe féminin par la terre dans laquelle il se trouve planté. Les différentes parties de l’habitation s’organisent autour, comme la vie s’est organisée à partir de l’accouplement divin entre le dieu créateur (Faw) et la terre (Ona). C’est aussi le lieu des céré- monies du culte domestique adressé aux ancêtres du lignage et aux génies protecteurs. TRANSFORMATIONS ACTUELLES A. — Evolution Depuis 1959, des modifications importantes ont affecté la morpho- logie et l’ordonnancement de l’habitat des Fali. La descente vers la plaine et ses conséquences sont à l’origine des transformations, de cette évolution que, par certains côtés, on peut malheureusement qualifier de régressives. Les modifications ont porté, au début, non sur l’organisation traditionnelle du lioyu fali classique, mais sur ses aspects morpho- logiques. Un jeune homme, Douala, après son mariage, a remplacé la construction ronde (ara) par une autre carrée plus vaste, tout en respectant le plan primitif de l’habitation. Cet exemple fut suivi, peu de temps après, par le chef des jeunes gens, qui non seulement affirma sa préférence pour les cases carrées, mais égale- ment apporta des transformations notables dans l’organisation des différents éléments de l’habitation. La case d’entrée (atikalat) fut supprimée, les greniers déplacés. La case de l’homme (ara) et celle de la femme (hoy tibuelgu) furent remplacées par des construc- tions carrées dont les ouvertures se font face, ce qui rompt quelque peu avec la tradition. La cuisine (kanamju) fut construite séparé- ment, nettemment détachée. Néanmoins, l’architecture tradition- nelle, dans ses lignes essentielles, demeurait; les cases s’organi- saient autour du pilier (baso), lui-même centre de la cour couverte, 28 SOCIÉTÉ LINNÉENNE DE BORDEAUX délimitée par les cellules d’habitations. Le principe de la décora- tion picturale avait été respecté; les murs de Tara étaient peints de motifs géométriques aux couleurs vives, ceux de Vhoy tubuelgu également, bien que d’une manière plus sobre. Le sol de ces deux cases était constitué par des mosaïques sans motifs précis, mais d’un assemblage délicat, très agréable à l’œil. Cette nouvelle méthode, d’un point de vue strictement utilitaire, apportait des avantages certains : la case carrée permet la réali- sation d’une toiture plus haute, d’une fabrication plus facile que celle de la case ronde. Elle est plus pratique, car sa surface direc- tement utilisable est plus importante. Il ne semble pas que les influences extérieures soient directement responsables de cette transformation. L’évolution sociale, caractérisée par des nouveaux rapports, plus affectifs que par le passé, qui existent entre l’homme et la femme, peuvent avoir largement contribué à cette concep- tion plus rationnelle et plus intime de l’habitation. Car il est impor- tant de noter que, par réciprocité, ce nouvel agencement a amené le Fali à envisager la possibilité de partager sa case personnelle avec son épouse, à tel point que Vhoy tibuelgu, rapidement aban- donné, ne sert plus que de « réserve ». On comprendra facilement combien une simple modification d’ordre architectural a modifié la vie sociale. La case plus vaste a permis d’installer une natte pour la femme. Celle-ci a amené ses pagnes. Peu à peu, ses objets personnels ont voisiné avec ceux de son mari. L’ara étant muni d’une porte en fer, elle en a rapidement obtenu la clef, ce qui, d’une manière d’abord timide, puis beaucoup plus précise par la suite, l’a amenée à considérer cette case comme un bien commun à son époux et à elle-même. La cohabitation a profondément resserré les liens du mariage, et ainsi la femme parle plus longue- ment à son mari qui, maintenant, lui fait part de ses soucis. D’« exutoire physiologique » P), elle est devenue une confidente. Par voie de conséquence, l’homme ne peut plus facilement s’ab- senter pour aller visiter quelques-unes de ses maîtresses en passant inaperçu. Le risque d’encourir une réprobation muette, certes, mais évidente, le fait hésiter. La présence continuelle de son épouse à ses côtés, la certitude qu’il a de ne pas la voir s’absenter de la nuit, a profondément modifié ses conceptions sur la fidélité. Une réflexion faite au mari, bien que suivie d’une manifestation d’au- torité plus bruyante qu’effective de la part de ce dernier, est considérée par lui comme désagréable, sinon pénible. Son désir d’éviter des incidents qui blessent sa sensibilité, l’amènent peu à peu, tout en conservant l’idée d’une nette supériorité à l’égard de sa compagne, à lui faire de plus en plus confiance et à se l’associer d’une manière plus précise. C’est ainsi que la femme, tout en restant consciente de ses devoirs, se « trouve » des droits (1) La traduction est faible... «Ban ban di têhlu a kwita Transformation de Thabitat - Nouvelle maison du chef ' PROCÈS-VERBAUX 29 et affirme sa personnalité par une progressive émancipation morale. Cet exemple, qui n’est pas isolé, tend à se généraliser. Il est caractérisé par une nette régression de la polygamie. L’avenir dira s’il faut considérer cela comme un palier évolutif ou comme un résultat L>„ B. — - Transformations effectuées sous l’effet des circonstances économiques et politiques Le village de Ngoutchoumi, encore relativement groupé en 1956, a éclaté et s’est dissocié, du point de vue strictement géographique. Les Fali ont été invités à quitter leurs montagnes afin de « vivre mieux ». Trop à l'étroit dans des massifs montagneux particu- lièrement accidentés, ils ont amorcé une descente vers la plaine dès 1959. Le Gouvernement camerounais et la Haute Adminis- tration en dépendant, prenant en considération les besoins effectifs des minorités ethniques, ont encouragé et aidé un mouvement consi- déré à juste titre comme étant aussi utile que nécessaire. Malheu- reusement, ces préceptes généreux et relevant d’un souci huma- nitaire profondément louable, ne furent pas toujours, au début, appliqués dans l’esprit qui avait présidé à leur élaboration. Certains chefs locaux, se fondant sur les affirmations erronées — sinon gratuites — • d’un des derniers administrateurs de la F. O. M., ayant fait fonction de Sous-Préfet à Garoua (1959), pensèrent que l’usu- fruit de leur terre accordé aux Fali entraînait pour ceux-ci un assujettissement à leur principe autocratique. De là, une série d’in- cidents sans gravité évidente, mais qui néanmoins ont eu des conséquences parfois préjudiciables pour les Fali, sinon pour la région qui nous intéresse. Instruits par cette expérience, les gens de Ngoutchoumi n’ont pas jugé bon d’établir des constructions importantes dans la plaine. Extrêmement méfiants, ils ont préféré utiliser des campements provisoires du type dut tu. misérables abris de nattes ‘sans aucun confort, d’une solidité toute relative prêts à être abandonnés aux moindres signes d’inquiétude. Une famille a ainsi changé d’emplacement quatre fois en une année. Conséquence économique très grave : les Fali n’apportent guère de soins aux cultures qu’ils pratiquent sur des terres dont la libre jouissance leur est contestée. L’absence d’habitation réelle, fixe, les conduit peu à peu à un semi-nomadisme qui, s’il se généralisait, amènerait rapide- ment la ruine d’une économie de subsistance, « archaïque » peut- être, mais viable, dans la mesure où elle pourrait se transformer sans heurts en une économie de forme plus moderne. L’agriculture (1) L’ameublement de ces nouveaux habitats s’est enrichi d’objets d’origine européenne s ustensiles ménagers tels que casseroles, boîtes en fer, bouteilles, tapis de jute (achetés au marché de Garoua), couver- tures de laine, lit en tige de mil (d’origine fulbé) et, surtout, nouvel élément d’une importance considérable, la lampe à pétrole est devenue d’un usage général, de même que la lampe électrique. 30 SOCIÉTÉ LINNÉENNE DE BORDEAUX intensive pratiquée en montagne d’une manière savante et qui permettait d’obtenir au moyen d’assolements judicieux, non seule- ment de bons rendements mais également de préserver les sols, a fait place à une agriculture de mode extensif à jachère morte. Les champs défrichés, non entretenus, sont laissés à l’abandon après une seule récolte, et les sols se détruisent. L’absence d’habitat fixé est en grande partie responsable de cela, et le nomadisme pourrait devenir facilement un phénomène irréversible aux conséquences désastreuses. Heureusement, la descente vers la plaine a eu d’autres effets. Les Fali se sont rapidement rendu compte que leur haine pour les populations voisines n’était bien souvent qu’assez peu justi- fiable. Des liens amicaux se sont créés entre les Peuls et eux-mêmes. Un climat de confiance réciproque s’établit, encouragé par les diverses personnalités administratives. Déjà des projets de cons- truction, du type décrit précédemment, se font jour. Ainsi, tout en sauvegardant les grandes lignes de l’architecture traditionnelle, un nouveau village pourrait naître, mieux adapté aux conditions actuelles. Les résultats encourageants obtenus par le Gouverne- ment dans diverses régions (en particulier en pays namchi) montrent assez clairement que l’on peut fort bien respecter les traditions, les cultures anciennes, tout ce précieux patrimoine, sans pour cela s’écarter un seul instant de la voie du progrès écono- mique et social. Réunion du 9 février 1963 Présidence de M. M. Vigneaux, Président. Séance inaugurale des travaux de la Société Linnéenne, au fVSuséum d’ Histoire Naturelle du Jardin Public de Bordeaux. Discours du Président, M. Vigneaux. Communications. — MM. Gottis et Prud’homme : La tecto- nique vivante et le réseau hydrographique girondin. M. F. Chaboussou : Le piégeage sexuel des mâles d ’Eudemis par attirance des femelles vierges; perspectives de lutte par cette méthode. Publié dans la Revue de Zoologie Agricole et Appliquée, 1962, n° 7-9, pp. 81-98 (F. Chaboussou et J.-P. Carles : observa- tions sur le piégeage sexuel des mâles d ’Eudemis [ Lobesia botrana Schiff.]) PROCÈS-VERBAUX 31 Séance inaugurale Discours de M. le professeur Vigneaux Il m’est particulièrement agréable aujourd’hui de présider, dans notre Muséum d’Histoire Naturelle, l’Assemblée Générale de la Société Linnéenne de Bordeaux. En effet, cette réunion du 9 février 1963 fera date à plus d’un titre dans les annales de notre Société, tout d’abord par le carac- tère de plus grande solennité que lui procure le cadre harmonieux et désormais confortable de notre Muséum, dans les annales du Muséum ensuite, qui se trouve honoré de recevoir une aussi docte assemblée. Cet événement exceptionnel n’est évidemment pas fortuit et matérialise enfin la longue entente fructueuse qui a toujours uni ces deux organismes scientifiques. Le désir de donner aux natu- ralistes, et même plus largement au public bordelais, la possibilité et les moyens d’enrichir leurs connaissances, de développer certai- nes voies de recherche, et d’apporter une honnête contribution à la Science, est dès l’origine à la base des préoccupations intellec- tuelles animant tant le Muséum que la Société Linnéenne. Liés par cet idéal commun, ces deux organismes ont, au cours de leur histoire, employé des méthodes différentes pour le réaliser; mais loin de se contredire, ces modalités de recherches scienti- fiques s’avèrent aujourd’hui particulièrement complémentaires. J’aimerai ici, très brièvement, vous en entretenir. La Société Linnéenne offre à tous une connaissance théorique de premier ordre. Au même titre que les plus grandes Sociétés natu- ralistes, elle trouve par la publication de ses Actes, une véritable audience internationale. Il n’est que de feuilleter un volume de ces Mémoires pour être persuadé de la haute tenue scientifique de ses articles et de la multiplicité des problèmes qui y sont abordés. Dès son origine, en effet, et malgré une dénomination liée plus spécialement à la Botanique, ce sont des articles de Zoologie des- criptive, de Biologie Animale et Végétale, de Géologie, de Paléon- tologie et bien sûr de Botanique qui paraissent annuellement. Leur portée est telle que, dès l’origine, les Actes de notre Société sont lus non seulement en France, mais à l’étranger, et cet intérêt n’a jamais faibli depuis plus de cent cinquante années. Il serait trop fastidieux de citer les nombreuses réalisations littéraires parues jusqu’à ce jour. Je n’en donnerai ici que deux exemples tout à fait symptomatiques. Le premier, et le plus ancien, me tient particulièrement à cœur puisqu’il concerne la stratigraphie néogène de notre région bordelaise. De 1870 à 1924, nombreuses furent les séances de la Société Linnéenne consacrées au délicat problème de l’Aquitanien, cet étage à l’attribution stratigrapliique longtemps indécise puisqu’il fut rangé par les uns au sommet de 3 SOCIÉTÉ LINNÉENNE DE BORDEAUX l’Oligocène, par d’autres à la base de la période Miocène. Des textes restés célèbres de Linder, Grateloup, Degrange-Touzin, D utertre, Duveugier, notamment, relatent les remarquables tra- vaux de ces auteurs et les discussions homériques occasionnées par ce sujet, sujet qui d’ailleurs n’a pas encore perdu son étonnant pouvoir de controverses. Ces articles ont eu jadis un retentissement très important et ont largement contribué à faire connaître notre Société et à la mettre en bonne place dans le courant d’idées naturalistes. Cette activité que j’évoque ici ne s’est d’ailleurs jamais démentie et la meilleure preuve que je puisse vous en donner, n’est-elle pas la récente publication de la flore de Jean jean, ouvrage remarquable, et dont le profane que je suis ne peut malheureusement pas faire ressortir ici tous les mérites. A cet apport scientifique proprement dit, la Société Linnéenne ajoute constamment celui des autres Sociétés françaises ou étran- gères, puisqu’elle abrite une bibliothèque d’une richesse méconnue qui constitue pour tout chercheur une documentation inestimable. De véritables trésors se cachent dans les rayonnages trop limités de Factuel local qu’occupe notre Société en l’Hôtel des Sociétés Savantes. Des ouvrages anciens souvent introuvables dans d’autres bibliothèques françaises et à plus forte raison dans les bibliothè- ques bordelaises peuvent être consultés avec la plus grande facilité par les chercheurs intéressés. Cette exiguité des locaux de la Société Linnéenne, reconnue et déplorée de longue date, est l’une des raisons qui nous amènent à nous réunir dans cet Hôtel de Lisleferme aujourd’hui rénové. Si l’année 1962 doit demeurer dans l’histoire du Muséum, une époque doublement mémorable, je crois qu’il n’est pas audacieux de prévoir que l’année 1963 restera, elle aussi, fertile en événe- ments marquants. En effet, Fan dernier, rénovation et préparation du Centenaire ouvraient déjà les voies à une certaine évolution des esprits et des idées; cette année, notre Assemblée générale de la Société Linnéenne consacre pleinement cette activité renaissante. Comment ne pas remercier encore une fois la municipalité de Bordeaux pour son aide compréhensive accordée en vue de la réfection et de l’aménagement de salles de recherches et de confé- rences. Devant tant de libéralité, il m’est agréable, à mon tour, de proposer à chacun l’utilisation de ces locaux lorsque, pour une raison quelconque, ceux de la Linnéenne s’avéreraient trop exigus. Profitant alors, d’une part, de l’énorme documentation que ren- ferme l’Hôtel de la rue du Loup, les chercheurs ou les amateurs de toutes disciplines pourront trouver ici des conditions maté- rielles de travail satisfaisantes et la tranquillité indispensable à toute réflexion scientifique. D’autre part, il reste bien entendu que les très belles collections minéralogiques, ostéologiques, malaco- PROCES-VERBAUX 33 logiques, zoologiques et botaniques que renferme notre Muséum, sont dès à présent à la libre disposition de tous pour être consultées et comparées. L’audience populaire que possède maintenant l’en- semble des pièces zoologiques exposées dans les nombreuses salles ne doit pas être un obstacle à la curiosité des naturalistes bordelais. Notre but est que le Muséum, ainsi rénové dans sa destinée scientifique, soif l’image d’un organisme vivant et d’autant plus accueillant que chaque membre de la Société Linnéenne voudra bien participer à cette collaboration, à cette manière de symbiose qui ne peut être que bénéfique. Si les fondateurs du Muséum étaient à l’origine parvenus à susciter une vie intellectuelle active, comme en a témoigné la publication jadis régulière d’un bulletin, la Société Linnéenne, elle, peut s’enorgueillir de plus de continuité dans la parution de ses Actes. Une stimulation est ainsi créée entre ces deux Sociétés dont vous m’avez fait l’insigne honneur d’être le Président, stimu- lation qui doit être à l’origine d’un nouveau dynamisme de l’en- semble des naturalistes bordelais. Nous avons tous à cœur de promouvoir ce dynamisme pour que les chercheurs, naguère disper- sés dans leurs entreprises individuelles, puissent profiter pleine- ment de la nouvelle orientation commune que je vous propose aujourd’hui. Qu’il me soit alors permis d’espérer en l’avenir de cette commu- nauté dont les forces regroupées laissent bien augurer de l’activité tant spirituelle que matérielle, de cette nouvelle année. Propos sur la tectonique vivante Quelques parti- cularités du réseau hydrographique aquitain et leurs relations avec des mouvements te cto généti- ques récents. par M. Gottis et R. Prud’homme La manifestation de déformations souples ou cassantes en certaines régions particulières de l’écorce terrestre en des temps historiques, voire actuels, est un phénomène bien connu. Des ouvrages, des colloques internationaux ont été consacrés à cette question de la « Tectonique vivante ». Une volumineuse documen- tation de chiffres et de photographies témoigne de la véracité de ce fait. L’exhaussement du bouclier Scandinave depuis la fonte des glaces quaternaires qui le recouvraient est une notion classique familière aux élèves de nos lycées. Les colonnes immergées du temple de Pouzzoles, la très nette translation des deux lèvres de la faille de Saint-André, en Californie, consécutivement au tremble- ment de terre de 1906, font partie de la panoplie classique illustrant les ouvrages de vulgarisation. Hormis le canevas fort complexe de mesures répétées sur plu- sieurs décades ou siècles, et forcément limité à la zone côtière, le géographe ou le géologue disposent de plusieurs techniques pour 34 SOCIÉTÉ LINNÉENNE DE BORDEAUX mettre en évidence des déformations récentes. Parmi celles-ci, il convient de citer : 1° Dans le domaine de l’archéologie, les modifications du nivel» lement ayant succédé à la construction de certains édifices ou ouvrages d’art antiques : en Albanie enfoncement du synclinal de Durazzo où des mosaïques romaines se trouvent submergées (Bour- cart) - tracé des voies romaines de cette région, inexplicable sans l’intervention d’un approfondissement du synclinal abritant la la lagune de Kneta Dureit (J. Bourcart). Soulèvement de 20 m de l’axe de l’anticlinal de Shaur en bordure du golfe persique depuis que les Sassaniens, vers le me siècle de notre ère, creusèrent deux canaux d’irrigation à travers cette structure. Le lit de l’un de ces canaux a depuis lors été approfondi de 20 m, l’autre, asséché, se trouve sur l’axe anticlinal exhaussé d’une égale hauteur par rapport à sa section amont (G. M. Lees). Submersion, entre Basra et Kuwait, de la plaine de Khor Zubair jadis irriguée par un important système de canaux dont l’utilisation et l’entretien ont peut-être été poursuivis jusqu’à l’invasion mongole, c’est-à-dire au xiii0 siècle (G. M. Lees) . 2° Dans le domaine de la Géodésie et de la Topographie, les modifications de position et d’altimétrie des points s’ordonnant sur des profils mesurés à intervalles de temps au Japon, une déformation en dôme de la surface topographique entre Shinji et Hiroshima s’est manifestée entre les années 1891 et 1921 (T. Koba- yaski) . La flèche de cet axe est de 7,5 cm pour une distance horizontale de 110 km. 3° Dans le domaine de l’Hydrographie, les anomalies du tracé des divers cours d’eau, de l’évolution de leur profil en long, de la valeur relative de leur encaissement dans certaines surfaces déformées. En Languedoc, des déformations tardives des bords du synclinal de Pompignan-Saint-Martin de Londres sont attestées par l’antécédence d’un réseau hydrographique dont les éléments aujourd’hui disjoints présentent une organisation aberrante (Hé- rault, Lamalou-Argentesse, Rieumassel, Haut-Vidourle, d’une part, Crespenou et Bas-Vidourle, d’autre part) Gottis, 1959. 4° Dans le domaine sédimentologique, l’établissement de cartes d’isopaques des dépôts quaternaires permettent de caractériser les phénomènes récents de subsidence et de déformation des bassins sédimentaires. 5° Dans le domaine structural, la construction de cartes iso- hypses ou isobathes des surfaces de dépôts ou d’érosions pliocènes ou quaternaires permet de déceler la déformation à grand rayon de courbure. Tels sont les faits mis en évidence par Dreyfus en Languedoc, aux environs de Montpellier. L’observation d’une inclinaison mesurable des couches déposées dans un passé relati- (d'après G. DENIZOT : LEÇONS SUR LES TEMPS QUATERNAIRES) P ofils schématiques « HT, Haute terxasse. R, Ries et Moyenne terrasse. BT I et 2, Basses terrasses, ff, WfUna et Terr. inférieure. Garonne actuelle. (d'après G. DENIZOT : LEÇONS SUR LES TEMPS QUATERNAIRES) ■ PROCÈS-VERBAUX 35 vement proche, ainsi que la discordance mutuelle des terrasses, apporte un élément d’information sur des faits plus localisés. De telles observations se sont multipliées au cours des dernières déca- des sur tout le pourtour de la Méditerranée : en Tunisie (Vaufrey, Castany), en Algérie (L. Glangeaud, C. Arambourg, Laffite, Gou- rinaud, Dubourdieu, Mattauer, etc.) , au Maroc, en bordure de la plaine du Sous et autour d’Agadir (J. Bourcart, J. Choubert, H. R. von Gaertner), en bordure de la Mer Noire (Andrusson), sur les rives du canal de Corinthe (plissements post-pliocènes signa- lés par Deperret). En bordure de la Camargue occidentale, G. Denizot a signalé près de Vanvert l’existence d’une très nette flexure décalant la surface des cailloutis villafranchiens de plu- sieurs dizaines de mètres. La subsidence récente en Aquitaine En Aquitaine les terrasses de la Garonne présentent dans la région de Toulouse une belle ordonnance; leurs prolongements peuvent être suivis avec plus ou moins de bonheur en direction de Bordeaux, ce fait conduit naturellement à considérer le Bassin d’Aquitaine comme une vaste cuvette dont la forme figée antérieu- rement au Quaternaire n’a été le siège que de phénomènes dyna- miques externes fidèlement réglés sur le principe de l’Eustatisme. Cependant certains faits consignés dans la littérature classique conduisent à nuancer cette proposition et à admettre un certain mobilisme intéressant le centre W de la cuvette sous forme d'une subsidence de la région landaise. Les formations du Pliocène et du Quaternaire ancien qui, dans le Toulousain, dominaient la vallée de la Garonne, s’abaissent vers l’aval pour former, en rive gauche de la Gironde, les argiles et graviers du Médoc. J. Welch et J. Blayac ont même admis que ces formations s’enfoncent vers le Sud à 75 m, dessinant une large gouttière sous le Bassin d’Arcachon. Dans ce domaine littoral, le Quaternaire ancien n’est plus emboîté dans la surface pliocène, mais la recouvre (Eléphant « Saint-Prestien » du Gurp, près de la Pointe-de-Grave, profil des terrasses, d’après G. Denizot [p. 32]). L’anticlinal de Villagrains ET L’AFFAISSEMENT DU BASSIN D’ARCACHON Une analyse à plus grande échelle de la région d’Arcachon fait apparaître l’incidence d’une architecture locale indiquant le dispo- sitif général mais soulignant l’existence d’un modelé mis en place durant le Quaternaire. Il est, en effet, curieux de constater que la rive N.-E. du Bassin d’Arcachon épouse un tracé rectiligne que prolonge vers le S.-E. le cours de l’Eyre. L’examen de la configuration hypsométrique du paysage fait apparaître le relief de la rive droite N.-E. de cet émissaire. Le revêtement récent de ce relief vient s’appuyer sur 36 SOCIÉTÉ LINNÉENNE DE BORDEAUX l’axe anticlinal de Villagrains dont l’évolution pendant le Tertiaire a été étudiée par M. Vigneaux et son équipe. La comparaison de divers documents établis grâce aux coupes de sondages exécutés dans cette région (cartes des isobathes de la base du Quaternaire et des isopaques de cette formation) montre des faits révélateurs. Ceux-ci peuvent se résumer : L’existence au début du Quaternaire d’un abrupt de direction N. E. - S. W. sur la rive N.-E. du Bassin d’Areaehon. Cet abrupt, vraisemblablement dû à un accident tectonique de regard S.-W. devait être interrompu par une reculée dirigée E.-W. et débouchant à même hauteur que l’Eyre. Pendant ou durant le Quaternaire, la réanimation de l’accident aurait provoqué une nouvelle subsidence de la lèvre S.-W. et un exhaussement relatif de sa lèvre N.-E. bordant l’anticlinal de Villagrains. Détail curieux : une des seules secousses séismiques perçue au cours de ce siècle, en Aquitaine, a été ressentie en 1907 dans la région d’Arcachon (P. Lemoine). S’agit-il là d’une simple coïnci- dence ou y a-t-il une relation entre ce phénomène et un jeu si faible fût-il de cet accident éventuel ? L’affaissement du flanc S.-W. de la ride de Villagrains paraît symétrique sur le flanc Nord de la même unité, de la subsidence du synclinal de Bordeaux. Divers vestiges architecturaux de l’ancienne cité romaine se tiennent, aujourd’hui, dans les quartiers avoisinant le port, enfouis sous le sol à une cote nettement infé- rieure à celle atteinte par les eaux de la Garonne à marée haute. De tels vestiges rencontrés au cours des travaux de construction du Grand-Théâtre ont retardé de façon sensible la mise en œuvre de cet édifice. Même si l’on tient compte du tassement des dépôts encore imparfaitement consolidés, il faut admettre un enfoncement sensible du sous-sol bordelais depuis 2 000 ans. La cadence de ce phénomène atteindrait ou dépasserait 1 dm par siècle. L’anticlinal de Saint-Cyprien La frange littorale n’est bien entendu pas la seule à témoigner du mobilisme structural du Bassin. L’analyse des anomalies (sinuo- sités et variations, profils longitudinaux et transversaux) présentés par le réseau hydrographique majeur du Périgord (Vézère - Dordo- gne - Lot) fait ressortir des zones de méandres et des zones de cours rectilignes auxquelles paraissent associées des valeurs diffé- rentes des pentes des profils longitudinaux. La confrontation de ces dispositions avec le schéma tectonique de la région traversée par ces cours d’eau suggère la localisation de plusieurs accidents d’importance secondaire. Elle souligne également la manifestation de déformations récentes affectant certains motifs structuraux. La configuration du cours de la Dordogne est à ce sujet particuliè- rement évocatrice. Ce fleuve coule de façon conséquente sur les auréoles jurassiques successives de la bordure du Bassin, puis sur ISOHYPSES Œ LA SURFACE CRISTALLIN ? PROCÈS-VERBAUX 37 le flanc oriental du synclinal crétacé de Sarlat. Il traverse ensuite, en situation obséquente, le flanc occidental de ce synclinal et l’extrémité N.-W. de l’anticlinal faillé de Saint-Cyprien. Il conflue enfin avec la Vézère, dans la gouttière creusée sur le flanc N.-E. du pli de Jonzac, en prolongement du synclinal de Saintes. Ces différentes sections de cours offrent un contraste dont la liaison, avec la nature du substratum, mais également avec son architec- ture, est frappante : rectiligne dans les portions conséquentes de son tracé sur le Crétacé, la Dordogne développe d’amples méandres dans la section obséquente depuis l’axe du synclinal de Sarlat jusqu’à la crête du pli de Saint-Cyprien. Des dispositions analogues caractérisent le cours de la Yézère. Tout ce passe comme si un mouvement positif de la masse anti- elinale avait localement réduit la pente des profils initiaux, obli- geant ainsi les courants désormais encombrés d’une charge trop importante, à développer des méandres, puis à s’encaisser dans ce chenal sinueux. La Vézère intercepte, très en aval sur son ennoyage N.-W., l’axe de Saint-Cyprien. Elle n’est pratiquement pas déviée à la traversée de cet élément structural. Le cours de la Dordogne, au contraire, décrit, en abordant les pendages N.-E. du flanc de ce bombement, une très nette inflexion vers le N.-W., tendant à harmoniser le tracé de la vallée avec la direction des couches. Il n’est pas interdit de penser que la Dordogne, tout en divagant d’un méandre à l’autre, a été repoussée vers le Nord selon la pente axiale du pli. La traversée du crochon de faille se traduit sur un court tron- çon par une brutale déviation de la gorge en direction N.-S. Sur le flanc Crétacé affaissé, le cours redevenu conséquent et plus rectiligne, adopte une direction E.-W. Cette dernière figure n’est pas sans rapport avec le jeu « en ciseaux » des lèvres de la faille de Saint-Cyprien, dont le mouvement vertical s’est accom- pagné d’une composante horizontale non négligeable en ce point. Ces quelques exemples n’ont pour objet que d’attirer l’attention sur l’existence d’une cinématique contemporaine dans un domaine réputé statique. Ces faits se développent aux diverses échelles de l’architecture du Bassin. Le nombre et la diversité de leurs mani- festations, l’incidence complexe de la nature du substratum soumis à l’érosion, et des conditions climatiques, imposent pour la plupart d’entre elles une analyse critique dont l’exposé dépasse le cadre d’une telle conférence. 38 SOCIÉTÉ LINNÉENNE DE BORDEAUX BIBLIOGRAPHIE A. — Générale L’essentiel de la bibliographie sur les déformations récentes de la croûte terrestre est consigné dans le numéro spécial de la revue Geologische Rundschau 43/1/1955, consacré aux comptes rendus du Colloque de Mayence sur ce sujet. B. — Bégionale Daguin (F.). — ■ Les rides et les accidents anticlinaux du centre de l’Aquitaine occidentale. Bull. Serv. Carte Géol. Fr., 1941, n° 207, t. XLIII, pp. 21-84, 24 fig. Denizot (G.). — La craie de Camargue et l’étang de Berre. Ann. Fac. Sc. Marseille , 1938, fasc. 1, t. XI, 166 p., 1 pl. — La formation géologique du delta du Rhône. Rev. d’Arles, 1941, n° 3, pp. 75-78. — La Costière Nimoise. Bull. Soc. Et. Sc. Nat. Nîmes, 1946, t. XLVIII, pp. 137-151, fig. 1. Dreyfuss (M.). — Quelques problèmes géographiques dans la région montpellieraine. Bull. Soc. Lang. Géogr., 1941 (2), t. XII, fasc. 1-2. Gottis (M.). — Déformations tardives du synclinal de Pompignan- Saint-Martin-de-Londres et antécédence du réseau hydrogra- phique (feuille du Vigan au 80 000e). C. R. Somm. S. G. F., 1959 (7), t. I, pp. 574-577. Lemoine (P.). — Volcans et tremblements de terre. Bibliothèque des Merveilles, Librairie Hachette, 1928, 185 p., 23 pl. Paquereau (M.-M.) & Schœller (M.). — Quaternaire et Pliocène du Gurp (Gironde). B. S. G. F., 1959, 7e Sér., t. I, pp. 79-83. Vigneaux (M.). • — Sur la constance d’un contact au sein de PAquitanien dans la région de Villandraut (Gironde). C. R. Somm. S. G. F., 1949, pp. 329-330. — Observations stratigraphiques sur la couverture tertiaire du Dôme de Villagrains-Landiras (Gironde). C. R. Somm. S. G. F., 1950, pp. 317-322. — A propos de la ride Villagrains-Landiras (Gironde). C. R. Somm. S. G. F., 1956, pp. 173-174. Réunion du 2 mars 1963 Présidence de M. G. Tempère, ancien Président. Le Président rend hommage à la mémoire de M. le Profes- seur Chaîne, ancien Doyen de la Faculté des Sciences de Bordeaux et ancien Président de la Société, et de M. P. E. Giraud, entomo- logiste, ancien membre de la Société, récemment décédés. Discours prononcé par M. le Doyen Brus, à l’occasion des obsè- ques de M. le Doyen Chaîne, ancien Président de la Société Linnéenne. M. G. Tempère : Hommage rendu à M. E. P. Giraud. Personnel. — - Sur avis favorable du Conseil, A. Ayel, Ela 43, Base aérienne, Mérignac (Mycologie), Mme R. Baudrimont, 18, rue PROCÈS-VERBAUX 39 Mazarin, Bordeaux (Géologie), M. F. Battoue, Pharmacien à Aigre (Charente), Mlle A.-M. Peyre, 25, cours de la Libération, Bordeaux (Entomologie), Mlle G. Taris, 195, rue Fondaudège, Bor- deaux (Zoologie - Botanique) sont élus Membres de la Société. Communications, — M, Marquassuzaa : Faune du Toartien aragonais (avec présentation). M. Marquassuzaa situe orographiquement et géologiquement un gisement fossilifère en Haut Aragon, à Albaracin, dans la province de Teruel, qu’il lui a été donné de prospecter. Il présente ensuite des spécimens de la faune recueillie, riche en lamellibranches ( Ostrea, Exogyra, Pecten, Ceromya, Pholadomya, Astarte, etc.), quelques moules internes de Gastéropodes, de très nombreux Brachiopodes (Texebratnla, Zeilleria, Rhynchonella, Spiriferina) , une Belemnite, des Spongiaires (Pharetrones) , des Coralliaires, un Oursin régulier (Cidaris). La présence d’Ammonites caractéristiques (Harpoceras bifroris et Hildoceras Levisoni) permet d’attribuer ce gisement au Toarcien moyen. Toute cette région a d’ailleurs été fort bien étudiée par Dereims : Recherches géologiques dans le Sud de l’Aragon; in Annales Hébert, 1898, t. IL M. G. Tempère : Le genre Choragus (Col. Anthribidæ) dans la région girondine. M. F. Massart : 31 champignons du genre Amanita récoltés dans les environs de Bordeaux. 4 40 SOCIÉTÉ LINNÉENNE DE BORDEAUX HOMMAGE à la mémoire de M. le Professeur CHAINE (1871-1963) Ancien Doyen de la Faculté des Sciences de Bordeaux par M. le Doyen G. BRUS La Faculté des Sciences et l’Université de Bordeaux sont en deuil. Dimanche 17 février, en fin de matinée, le Doyen Joseph Chaîne est mort, après une courte maladie, à quatre-vingt-douze ans. Tous ceux qui l’ont connu éprouvent aujourd’hui une profonde tristesse. Et l’émotion est grande à la Faculté des Sciences où se déroula toute sa carrière universitaire et à laquelle il était resté si attaché. Au nom de sa chère Faculté — et aussi au nom de M. le Recteur, absent de Bordeaux, et du Conseil de l’Université — je voudrais évoquer la vie et l’œuvre du professeur et du savant que nous aimions, et que nous allons quitter dans quelques instants. Hier, j’ai relu son dossier, où sont mentionnées les diverses étapes de sa carrière, les titres de ses nombreuses publications, où se trouvent aussi plusieurs lettres manuscrites rappelant ses princi- pales acti ités. Ce dossier restera toujours à la Faculté, près de ceux des maîtres disparus, et leur lecture sera toujours émouvante. A la tristesse qu’elle provoque, à l’impression de brièveté d’une vie qu’elle fait éprouver, s’ajoutent aussi les certitudes d’une solidarité, d’une continuité qui apportent un grand réconfort. Né à Bordeaux le 30 juin 1871, Joseph Chaîne fit toutes ses études dans cette ville. D’abord à l’Ecole primaire de la rue Henri-IV, dont le Directeur, M. Chaumet, devint son tuteur après le décès prématuré de son père, en 1885. Puis au Lycée où il prépara le Baccalauréat ès Sciences, qu’il obtint en 1889. Il resta au Lycée jusqu’en 1891, dans la classe préparatoire à Saint-Cyr, mais abandonna ensuite l’idée d’une carrière militaire et entra à la Faculté des Sciences pour étudier les Sciences Naturelles. Il obtint le grade de Licencié ès Sciences Naturelles en juil- let 1893, avec la mention bien et la médaille d’argent que décernait alors la Faculté à ses meilleurs étudiants. A cette époque, la Faculté des Sciences était installée depuis sept ans dans le « Palais des Facultés », cours Pasteur. Ses étudiants étaient peu nombreux et ses laboratoires étaient encore vastes. Rayet était Doyen, Kunstler PROCÈS-VERBAUX 41 Professeur de Zoologie, Millardet Professeur, et Devaux jeune Maître de Conférences de Botanique... En novembre 1893, tout en continuant à fréquenter le labora- toire de Zoologie, Joseph Chaîne entreprit aussi des études à la Faculté de Médecine et, dès la première année, devint Externe des Hôpitaux. Mais, appelé sous les drapeaux en novembre 1894, il dut interrompre ses études médicales jusqu’à la fin de son service militaire, en septembre 1895. Il les abandonna d’ailleurs bientôt, car sur la proposition du Professeur Kunstler qui avait remarqué ses aptitudes, il fut délé- gué dans les fonctions de préparateur de Zoologie, le 1er jan- vier 1896. 42 SOCIÉTÉ LÏNNÉENNE DE BORDEAUX L’ambiance de la Faculté avait déjà changé, la création du P. G. N., en 1894, ayant augmenté sensiblement le nombre des étudiants. Préparateur du cours d’Anatomie comparée et d’Embryogénie professé par Kunstler, Joseph Chaîne avait aussi à diriger de nombreuses séances de travaux pratiques de licence et de P. G. N. Gela ne Fempêche pas de préparer activement sa thèse de Doctorat ès Sciences Naturelles, intitulée : « Anatomie comparée de certains muscles sus-hyoïdiens ». Il la soutint en Sorbonne, le 18 décembre 1900, obtenant la mention Très Honorable et « les plus vives félicitations du Jury ». Mais le nombre d’étudiants augmentait encore et atteignait 300 en 1900. Dès lors, deux problèmes se posèrent à la Faculté : agrandir ses locaux, augmenter son personnel enseignant. Le premier fut résolu par la construction de l’annexe de Zoo- logie, inaugurée en 1901, cours de la Marne. Le deuxième fut beaucoup plus long à résoudre, et de 1901 à 1920, tous les ans, la Faculté demanda la création d’un poste de Chef de Travaux de ‘Zoologie. Mais en vain; aussi le travail de Joseph Chaîne resta écrasant : en 1920, son service comportait encore deux heures de cours et neuf heures de travaux pratiques par semaine. Cependant, il avait été nommé Maître de Conférences de Zoo- logie le 22 novembre 1906, mais le Ministère avait bien précisé qu’il restait en même temps chargé des travaux pratiques! Cette situation, qui nous paraît aujourd’hui invraisemblable, ne changea pas lorsqu’il devint Professeur adjoint, le 12 mai 1914. Pendant la première guerre mondiale, Joseph Chaîne, âgé de quarante-trois ans, fut mobilisé comme médecin-auxiliaire. Il refusa trois fois les sursis qui lui étaient proposés en raison de son âge et de ses fonctions civiles, et pendant quarante-cinq mois, du 20 août 1914 au 1er juin 1913, il tint à assurer son service à la Faculté, chaque fois que ses obligations militaires le lui permirent, donnant ainsi la preuve de son inlassable dévouement. Nommé Professeur sans chaire le 25 mars 1921, il devint Pro- fesseur titulaire de la Chaire d’Anatomie comparée et embryogénie, le 1er janvier 1926, en remplacement du Professeur Kunstler. Délégué de la Faculté des Sciences au Conseil Académique de 1920 à 1924, il fut élu ensuite Membre du Conseil de l’Université. Enfin, le 16 novembre 1933, la Faculté le choisit comme Doyen et lui renouvela son mandat en 1936. Il l’exerça jusqu’à sa retraite, le 1er octobre 1938, devenant, à la même date, Professeur et Doyen honoraires. L’administration du Doyen Chaîne fut sage et féconde. Il avait un sens élevé de la grandeur d’une Faculté, des libertés qui lui sont nécessaires. Il nous a donné un magnifique exemple de dévouement, avec sa simplicité et sa bienveillance habituelles. PROCÈS-VERBAUX 43 Pendant toute sa carrière, le Doyen Chaîne consacra à la recher- che une activité aussi importante et aussi heureuse qu’à l’ensei- gnement. Il a publié plus de 300 notes ou mémoires et 12 ouvrages édités en librairie, portant sur l’anatomie comparée, la zoologie et la zoologie appliquée. Ses premiers travaux d’anatomie comparée concernent princi- palement les muscles, chez l’Homme et surtout chez de nombreuses espèces animales. Ils lui assurèrent une réputation mondiale et Je firent désigner en 1910 comme Membre de la Commission interna- tionale de réforme de la nomenclature myologique. Nombreux aussi sont ses travaux de faunistique et de zoologie appliquée, notamment ceux qui concernent les Termites et les Poissons. Mais les recherches qui passionnèrent le plus le Doyen Chaîne furent celles qu’il poursuivit inlassablement pendant de nom- breuses années sur les Otolithes des Poissons et dont les résultats sont rassemblés en sept volumes de 200 pages environ, illustrés de nombreuses planches. Le plus récent de ces volumes a été édité en 1958; l’auteur avait alors quatre-vingt-sept ans. Des recherches paléontologiques récentes ayant décelé la présence d’Otolithes fossiles dans des sédiments, les nombreuses formes décrites par le Doyen Chaîne paraissent posséder aujour- d’hui, en plus de leur intérêt zoologique, un grand intérêt pour les recherches géologiques. Bien entendu, les travaux poursuivis par le Doyen Chaîne l’amenèrent à donner de nombreuses conférences, en France et à l’étranger, notamment à Lisbonne, à Oviedo et au Maroc. Enfin, le Doyen Chaîne dirigea les recherches effectuées par plusieurs élèves, soit en vue du Diplôme d’études supérieures, soit en vue du Doctorat ès Sciences Naturelles. Parmi les thèses prépa- rées sous sa direction, je rappellerai celles de : M. Menier : Anatomie comparative de certains muscles coxo- fémoraux; M. Magimel : Anatomie et ontogénie comparées de la forme et des muscles de la langue des Amphibiens; M. Dubecq, Professeur à la Faculté de Médecine de Bordeaux : Morphologie comparative de quelques muscles élévateurs de la mandibule chez les Vertébrés, et je sais la profonde affection et la reconnaissance que ces élèves ont gardé à leur Maître. L’activité du Doyen Chaîne s’est également exercée dans bien d’autres domaines. Assistant du Directeur du Muséum d’Histoire Naturelle depuis 1908, il en devint Directeur en 1921 et pendant trente et un ans, SOCIÉTÉ LINNÉENNE DE BORDEAUX jusqu’en 1952, ses efforts incessants permirent à ce grand établis- sement municipal de remplir parfaitement son rôle : faire progres- ser les Sciences naturelles et assurer leur vulgarisation. En mars 1927, le Doyen Chaîne fut élu Membre de l’Académie des Sciences - Belles Lettres et Arts de Bordeaux, qui lui confia bientôt le rôle de trésorier. Il fut Président de la Société des Sciences Physiques et Natu- relles de Bordeaux, de la Société Linnéenne, de la Société de Zoologie agricole... Membre de la Société Scientifique d’Arcachon, il participa en 1949 à la création de l’Institut de Biologie marine de l’Université. Cette énumération est certainement incomplète, mais elle suffît pour rappeler combien fut grande et féconde l’activité du Doyen Chaîne et pour justifier la haute estime dont il jouissait aussi bien dans les milieux scientifiques que dans sa ville natale. Cette estime lui fut souvent témoignée. Il était Officier des Palmes Académiques, Officier du Mérite Agricole, Chevalier de la Légion d’Honneur, Médaille Geoffroy Saint-Hilaire du Muséum de Paris, Membre d’Honneur de Sociétés scientifiques du Chili, de la République Argentine et de la Suède. Cher Monsieur le Doyen Chaîne, C’est maintenant le douloureux moment de notre séparation. Mais je voudrais évoquer encore un souvenir qui prouve à quel point vous aimiez votre Faculté des Sciences. Un soir de décembre 1957, vous étiez très malade. Votre famille, angoissée, veillait auprès de vous, avec le Profes- seur Vigneaux, votre successeur au Muséum. Vous m’avez demandé aussi. Jusqu’au matin, vous avez tenu ma main dans la vôtre et, à vos instants de lucidité, vous me parliez de la Faculté. Nous attendions le pire, mais votre énergie vous permit de résister, de laisser aux remèdes le temps d’agir et, dès le lende- main vous corrigiez les épreuves de votre dernier livre sur les Otolithes. Il y a quelques jours, hélas, la maladie vous terrassa cette fois. Et dans votre délire vous parliez encore de la Faculté d’autrefois. Avec votre famille, cette Faculté fut votre vie... Vous l’avez hono- rée par votre enseignement et vos travaux, comme vous avez honoré l’Université et la Ville de Bordeaux. PROCES-VERBAUX 45 Elles s’inclinent avec émotion devant vous, cher M. le Doyen Chaîne, pour vous exprimer leur reconnaissance et vous donner l’assurance qu’elles ne vous oublieront pas. Nous partageons votre douleur, Madame. Nous savons combien vous aimiez ce père que vous avez constamment entouré de soins et de tendresse et que vous avez aidé dans ses travaux. A leur tour vos enfants sont venus à la Faculté... Votre fils, qui prépare une thèse de doctorat, y restera peut-être... Nos liens ne sont pas brisés. Permettez-moi, Madame, de vous présenter, ainsi qu’à votre famille, au nom de la Faculté des Sciences, ainsi qu’au nom de M. le Recteur et du Conseil de l’Université, nos très sincères condo- léances et notre respectueuse sympathie. Georges BRUS. 20 février 1963. 46 SOCIÉTÉ LINNÉENNE DE BORDEAUX Liste des travaux de J. Ghaine I. — ANATOMIE COMPARÉE Sur le masséter des Rongeurs. P.-V, Soc. des Sc. phys. et nal. de Bordeaux, 26 mai 1898. Anomalie musculaire chez le Cheval. Ibid., 1er juin 1899. Observations sur le mylo-hyoïdien des Oiseaux. Ibid., 16 juin 1899. Sur les connexions du mylo-hyoïdien des Oiseaux. Ibid., 16 juin 1899. Disposition particulière du génio-hyoïdien chez deux Téléos- téens. Ibid., 14 juin 1900. Note sur la myologie du Pipa d’Amérique. Ibid., 14 juin 1900. Connexions du mylo-hyoïdien et du génio-hyoïdien chez quelques Mammifères. Ibid., 19 juillet 1900. Connexions du mylo-hyoïdien et du digastrique chez quelques Mammifères. Ibid., 19 juillet 1900. Anatomie comparée de certains muscles sus-hyoïdiens. Thèse de Doctorat ès Sciences, Paris, 6 décembre 1900, 210 p., 8 pl. doubles. Contribution à la myologie du Sanglier. P.-V. Soc. Sc. phys. et nat. de Bordeaux, 7 février 1901. Sur le dépresseur de la mâchoire inférieure du Chrysotis amazone. Ibid., 23 mai 1901. Le dépresseur de la mâchoire inférieure chez les Plongeons. Ibid., 23 mai 1901. Considérations générales sur le dépresseur de la mâchoire inférieure. Ibid., 4 juillet 1901. Sur une anomalie du digastrique de l’Homme. Ibid., 18 juillet 1901. Contribution à la myologie des Chondroptérygiens. Ibid., 19 décembre 1901. Sur la constitution de la région sus-hyoïdienne chez les Vertébrés en général. C. B. Soc. de Biologie, avril 1902. Sur le muscle mandibulo-aurieulaire du Blaireau. P.-V. Soc. Sc. phys. et nat. de Bordeaux, 1902. Contribution à la myologie de la région sus-hyoïdienne du Blaireau. Ibid., juin 1902. Myologie de la région sus-hyoïdienne de la Girafe. Ibid., 18 décembre 1902. Note sur le stylo-hyoïdien de la Gazelle dorcas. Ibid., 8 jan- vier 1903. Observations sur le développement phylogénique du digas- trique. Ibid., 22 janvier 1903. PROCÈS-VERBAUX 47 Contribution à la morphologie des ligaments accessoires de l’articulation temporo-maxillaire. C. R. Acad, des Sciences, 2 février 1903. Sur la signification morphologique de certain muscle rudimentaire des Mammifères. C. B. Soc. de Biologie, 3 février 1903. Contribution à l’étude du cartilage de Meckel. Ibid., 3 février 1903. Considérations sur la constitution musculaire de la région sus-hyoïdienne chez les Vertébrés en général. Annales des Sciences naturelles (Zoologie) , 8e série, 16 (20 p.), 1 pl. Remarques sur la morphologie générale des muscles. C. B. Acad, des Sciences, 30 mars 1903. Observations générales sur la morphologie des muscles abais- seurs de la mâchoire inférieure chez les Vertébrés. Congrès des Sociétés Savantes, Bordeaux, 17 avril 1903. Sur le ligament tympano-maxillaire de la Genette. P.-V. Soc. des Sc. phys. et nat. de Bordeaux, 23 avril 1903. Connexions particulières du sterno-hyoïdien et du stylo- hyoïdien chez une Girafe. Ibid., 11 juin 1903. Observations au sujet d’un monstre monosomien. Ibid., 25 juin 1903. Simples remarques anatomiques sur la formation tendineuse du dépresseur de la mâchoire inférieure des Oiseaux. C. B. Soc. de Biologie, 11 juillet 1903. Relations du digastrique. Bibliographie anatomique, 1903. Observations sur le muscle transverse de l’hyoïde des Batra- ciens. P.-V. Soc. des Sc. phys. et nat. de Bordeaux, 23 juillet 1903. Schémas de la constitution du dépresseur de la mâchoire inférieure. Ibid., 3 décembre 1903. Sur le ligament mandibulo-opereulaire des Téléostéens. Ibid., 3 décembre 1903. Nouvelle contribution à l’étude du digastrique. C. B. Soc. de Biologie, 9 janvier 1904. Observations sur les os wormiens. P.-V. Soc. des Sc. phys. et nat. de Bordeaux, 21 janvier 1904. Contribution à la myologie du Chlamyphore tronqué. Ibid., 21 janvier 1904. Myologie d’un monstre monosomien. C. B. Soc. de biologie, 5 mars 1904. Nouvelles recherches sur le développement phylogénique du digastrique. Congrès des Anatomistes, Toulouse, 1904. Sur une forme du digastrique intermédiaire entre la dispo- sition des Vertébrés inférieurs et celle des Mammifères. P.-V. Soc. des Sc. phys. et nat. de Bordeaux, 19 mai 1904. Sur les muscles de la langue du Fou de Bassan. Ibid., 19 mai 1904. 48 SOCIÉTÉ LINNÉEMNE DE BORDEAUX Note sur un monstre mélomélien» P.-V. Soc. Linnéemie de Bordeaux , mai 1904, Remarques sur la musculature de la langue des Oiseaux. C. R. Soc » de Biologie , 11 juin 1904. Sur une disposition spéciale des muscles de la langue des Pics. P.-V, Soc. des Sc. phys . et nat. de Bordeaux, 1 juil- let 1904. Etude anatomique d’un pied anormal. Ibid., 1 juillet 1904. Sur la gaine de la langue des Pics. C. R. Soc. de Biologie, 9 juillet 1904. Nouvelles recherches sur la. musculature de la langue des Oiseaux. Ibid., 9 juillet 1904, Localisation des muscles polygastriques. Ibid., 17 décem- bre 1904. Caractères des muscles polygastriques, C. R. Acad, des Sciences, 27 février 1905. Proposition concernant la réforme générale de la nomen- clature myologique. Bibliographie anatomique , 1905. Sur l’orientation des muscles polygastriques. C. R . Soc . de Biologie , 18 mars 1905. Conséquences de la variation de direction des axes de la tête et du corps chez les Vertébrés. P.-V. Soc . des Sc. phys. et nat de Bordeaux » 30 mars 1905. Le dépresseur de la mâchoire inférieure. - Son étude compa- rative chez les Vertébrés. - Sa signification morphologique. Bull. Sc. de la France et de la Belgique , 39, 58 p., 10 fig. dans le texte, 2 pi. Sur une cause de variation d’orientation des muscles poly- gastriques. C. R. Soc. de Biologie, 6 mai 1905. Observations sur les intersections tendineuses des muscles polygastriques. C. R . Acad . Sciences, 22 mai 1905, La langue des Oiseaux. Bull. Sc. de la France et de la Belgique, 39, 20 p., 1 fig. dans le texte, 1 pi. Nécessité d’une réforme de la nomenclature myologique. Congrès avancement des Sciences, Cherbourg, 1905. Vœu tendant à la réforme de la nomenclature myologique, C. R. Congrès d’ Anatomie, Genève, 1905. Réforme de la nomenclature myologique. Verhand. Anatom , Gesels, 1905. Le digastrique du Chimpanzé et l’origine phylogénique de ce muscle. C. R. Soc. de Biologie, 9 décembre 1905. Variations de formules dentaires chez les Primates. Ibid., 9 janvier 1906. Anomalies dentaires du Chien. P.-V . Soc . des Sc. phys. et nat de Bordeaux, 11 janvier 1906, Commission de réforme de la nomenclature myologique. Ibid., février 1906. PROCÈS-VERBAUX 49 Les papilles palatines de la Girafe. Gaz. hehd. des Sc. méd. de Bordeaux, 11 février 1906. La réforme de la nomenclature myologique. C. B. Congrès des Anatomistes, Bordeaux, août 1906. Recherches sur la langue des Téléostéens. C. R. Soc. de Biol., 18 mai 1907. Sur les causes de l’insertion du digastrique de quelques Mammifères sur l’hyoïde. Ibid., 3 décembre 1907. L’évolution du digastrique. Bibliographie anatomique, 1907. Observations sur l’appareil urinaire de la Vive. P.-V. Soc. des Sc. phys. et nat. de Bordeaux, 29 octobre 1908. Quelques mots sur le digastrique. Bibliographie anatomique, 1908. Les muscles fessiers. P.-V. Soc. des Sc. phys. et nat. de Bor- deaux, 27 mai 1909. Station bipède et muscles fessiers. C. R. Acad, des Sciences, 28 février 1910. Anatomie comparée des muscles fessiers. Mém. de la Soc. des Sc. phys. et nat. de Bordeaux, 6e série, t. V, 46 p. Courbure lombaire et promontoire. C. R. Acad, des Sciences, 30 mai 1910. Sur l’ordre d’apparition des diverses parties du système pileux chez le Lapin. C. R. Soc. de Biologie, 10 jan- vier 1911. Sur les variations de longueur des fœtus du Lapin. P.-V. Soc. des Sc. phys. et nat. de Bordeaux, mars 1911. Projet de réforme de la nomenclature myologique. 1 bro- chure, Bordeaux, 1911. La nomenclature myologique et les travaux de la Commission internationale de réforme. Revue Scientifique, 2 septem- bre 1911. Tableaux synoptiques du développement du Lapin. 1 vol. de 44 p., 3 dessins dans le texte, 3 pl., chez Lhomme, édit., Paris. Le langage anatomique. Gaz. hebd. des Sc. méd. de Bor- deaux, 18 janvier 1914. Les tentatives de réforme du langage anatomique. Ibid., 3 mai 1914. Sur une erreur d’interprétation assez fréquente en anatomie comparée. C. R. Acad. Sciences, 29 juin 1914. Observations sur l’étude du développement des parties molles et des parties dures de l’organisme. Ibid., 10 août 1914. Comment s’accréditera la réforme de la nomenclature myolo- gique. Gaz. hebd. des Sc. méd. de Bordeaux, septem- bre 1914. 50 SOCIÉTÉ LINNÉENNE DE BORDEAUX Contribution à la phylogénie des muscles. C. B. Acad. Sc., 28 octobre 1918. Contribution à l’étude de la langue. P.-V. Soc. des Sc. phys. et nat. de Bordeaux, 1918. Remarques sur la métamérie des Vertébrés. C. B. Acad. Sc., 11 novembre 1918. Observations sur la métamérie des muscles abdominaux des Mammifères. P.-V. Soc. des Sc. phys. et nat. de Bordeaux, novembre 1918. De l’usage de certains termes généraux en anatomie compa- rative. P.-V. Soc. Linnéenne, 4 décembre 1918. L’appareil hyoïdien du Varan nébuleux. P.-V. Soc. des Sc. phys. et nat. de Bordeaux, 5 décembre 1918. Considérations sur la constitution du système musculaire général des Vertébrés. C. B. Acad. Sc., 16 décembre 1918. Mathématiques et anatomie comparative. P.-V. Soc. Lin- néenne, 8 janvier 1919. Le stylo-hyoïdien de l’Oryctérope du Cap. P.-V. Soc. des Sc. phys. et nat. de Bordeaux, 9 janvier 1919. Comparaison de la puissance des organes du vol chez les races de Poules. P.-V. Soc. Linnéenne, février 1919. Considérations générales sur le muscle hyomandibulaire des Monotrèmes. P.-V. Soc. Sc. phys. et nat. de Bordeaux, 6 février 1919. Sur la puissance musculaire des membres postérieurs dans les races de Poules bonnes et mauvaises voilières. Ibid., 20 mars 1919. Atrophie des os nasaux d’un crâne humain. Ibid., lor mai 1919. Présence d’un pouce surnuméraire chez un Atèle métis. Ibid., 19 juin 1919. Le digastrique (abaisseur de la mandibule des Mammifères). Journal de V Anatomie et Physiologie, 50, 277 p., 111 fig. Sur la fausse apparence de déplacement de l’apophyse de certains Mammifères. C. B. Soc. de Biologie, 6 janvier 1920. Sur l’union de l’apophyse paramastoïde et du temporal chez les Mammifères. C. B. Acad. Sciences, 20 mars 1920. Sur les variations de caractères de l’apophyse para- mastoïde suivant l’âge. C. B. Soc. de Biologie, 13 avril 1920. Considérations sur l’appareil paramastoïde de l’Homme. C. B. Acad. Sciences, 26 avril 1920. Contribution à l’étude du ligament tympano-maxillaire. C. B. Soc. de Biologie, 9 novembre 1920. Caractères distinctifs des os péniens de Loup et de Chien. Ibid., 11 janvier 1921. Quelques réflexions sur la constitution générale du système musculaire des Vertébrés. Annales des Sciences naturelles, 1921. PROCÈS-VERBAUX 51 Anatomie comparative (1 vol. : Méthode et langage), VIII, 276 p. Baillière, édit., Paris, 1922. Embryologie de l’œil dans l’ophtalmie infantile. 32 p., 11 fig. Doin, édit., Paris, 1922. Sur les otolithes de Poissons (en collaboration avec M. Duvergier), P.-V. Soc. Linnéenne, 5 avril 1922. L’apophyse paramastoïde des Mammifères. Actes Soc. Lin- né en ne de Bordeaux, 1922, 225 p., 42 fîg. Sur des apophyses styloïdes humaines anormales. P.-V. Soc. Linnéenne, 6 décembre 1922. Terminologie employée dans l’étude des otolithes (en colla- boration avec M. Duvergier). Ibid., 7 mars 1923. Quelques remarques sur les otolithes de Poissons. Congrès A. F. A. S., Bordeaux, juillet 1923. Côte lombaire chez un Gorille. P.-V. Soc. des Sc. phys. et nat. de Bordeaux, 6 mars 1924. Recherches sur les otolithes de Poissons. Rapport à la caisse des Recherches scientifiques, janvier 1925. Remarques sur l’os pénien. C. R. Acad. Sciences, 26 jan- vier 1925. Anatomie comparative (2e volume). - Histoire de l’anatomie comparative. 464 p. Daguerre, édit., Bordeaux. L’os pénien (étude descriptive et comparative). Actes Soc. Linnéenne de Bordeaux, 194 p., 133 fig. Molaire surnuméraire chez un Gorille. P.-V. Soc. Linnéenne, octobre 1926. Aptérie pelvienne totale chez un Rotengle. Ibid. Les otolites des Poissons avec présentation de pièces et de photographies. Académie de Bordeaux, mars 1928. Contribution à la morphologie des otolithes de Poissons. A. F. A. S., Congrès de Poitiers, juillet 1928. Sur des otolithes fossiles de la Pologne. Roznik Polskiego twarzystwa geologicznego, 1928, 15 p., 2 pl. Fracture consolidée d’un os pénien de Loutre. P.-V. Soc. Linnéenne de Bordeaux, 1928. Remarques sur les otolithes. Rapport à la caisse des Recher- ches scientifiques, 1930. Sur la perte progressive des insertions postérieures de certains muscles céphaliques. C. R. de V Académie des Sc., 1927. Retours ancestraux. Gaz. hebd. des Sc. méd. de Bordeaux, 1931. La grande époque de l’anatomie comparative. Scientia, 1931. Sur la différenciation des Poissons du genre Ophidium par leurs otolithes. C. R. Acad, des Sciences, 1932. SOCIÉTÉ LÏNNÉENNE DE BORDEAUX Recherches sur les otolithes des Poissons (1er fascicule) . Actes de la Soc. Linnéenne de Bordeaux , 1934» vol. 86» 254 p.» 13 fig. dans le texte» 13 pi. Recherches sur les otolithes des Poissons (2e fascicule). Ibid., 1935» vol. 87» 243 p.» 3 fig. dans le texte» 17 ph Recherches sur les otolithes des Poissons (3e fascicule). Ibid., 1936» vol. 88» 246 p.» 15 ph Recherches sur les otolithes des Poissons (4e fascicule). Ibid., 1937, vol. 89, 252 p.» 20 pl . L’idée d’évolution des origines à nos jours. Volume Jubilaire du Professeur Picart, 1937. Travaux sur les otolithes de Poissons. Rapport adressé à la caisse de Recherches scientifiques, décembre 1935. Travaux sur les otolithes de Poissons. Ibid., 1936. Remarques sur les otolithes. Ibid., 1937. Recherches sur les otolithes de Poissons (5e fascicule). Actes de la Soc. Linnéenne de Bordeaux, 1938, vol. 90, 258 p.» 18 ph Travaux sur les otolithes. Rapport adressé à la caisse des Recherches scientifiques, décembre 1938. II. — ZOOLOGIE Remarques préliminaires sur le Chlamyphore tronqué. P.-V. Soc . des Sc . phys. et nat. de Bordeaux, décembre 1902. Notice ichtyologique. Ibid., 17 décembre 1903. Nouvelle note sur le Beryx decadactylus. Ibid., 18 fé- vrier 1904. La Bernache à cou roux dans le Sud-Ouest de la France. Ibid., 21 décembre 1905. Présentation d’oies sauvages. Ibid., 11 janvier 1906. La Brante roussâtre dans la Gironde. Ibid 11 janvier 1906. Le Chat sauvage de Madagascar. Ibid., 11 janvier 1906. Les Mammifères et les Oiseaux albinos du Muséum d 'His- toire Naturelle de Bordeaux. Le Naturaliste, 1906» Chats sauvages et Chats domestiques. 1 brochure, Bordeaux» mars 1906. L ’Urva et ses mœurs. P.-V . Soc. des Sc. phys , et nai. de Bordeaux , 8 février 1906. Notice sur la Centrine humantin. Bail. Soc . scient . d’A rca- chon» 8° année» Le Centriscus scolopax dans L'Océan. Ibid., 8e année. Remarques sur l'Hermine. Le Naturaliste , 1er juin 1906. Manuel pratique de dissections de zoologie. 1 vol. 275 pages» 159 fig. Âsselin-Housseau» édit.» Paris» 1909. Termites et plantes vivantes» - Dégâts occasionnés aux arbres. C. B. Société Biologie, 1er février 1910. PROCÈS-VERBAUX 53 Termites et plantes vivantes. - Dégâts occasionnés aux arbustes, aux plantes d’ornement et potagères, et aux céréales. Ibid., 1er mars 1910. Termites et plantes vivantes - Caractères de l’invasion. Ibid ., 7 mars 1910. Termites et plantes vivantes. - Symptômes présentés par les plantes atteintes. Ibid., 7 juin 1910. Termites et plantes vivantes. - Débuts de l’invasion. Ibid., 8 novembre 1910. Sur une invasion de Glyciphages. Bull. Soc. Zool. agric. de Bordeaux, décembre 1910. Un nouveau méfait du Dermestes lardarius. Ibid., avril 1911. Les Termites, ennemis des arbres et des cultures. République des Charentes, juin 1911 (quatre articles). Termites et plantes vivantes. - Influence des tuteurs en bois. C. R. Soc. Biologie, 5 décembre 1911. Termites et plantes vivantes. - Protection momentanée des plantes. Ibid., 9 janvier 1912. Termites et plantes vivantes (travaux exécutés en 1911). Rapports adressés à la Caisse des Recherches scientifiques, janvier 1912. La protection des plantes vivantes contre les Termites. Bull. Soc. Zool. agric. de Bordeaux, 1912. Influence des fortes chaleurs sur certains insectes parasites des végétaux. C. R. Acad, des Sciences, 24 juin 1912. Dégâts occasionnés aux buis de la Ville de Bordeaux par une Cécidomyie. Rapport adressé à M. le Maire de Bor- deaux, 1912. Termites et plantes vivantes. Rapport adressé à la Caisse des Recherches scientifiques, 1912. La Cécidomyie du buis (morphologie, biologie, dégâts, trai- tement). Annales des Sciences naturelles, 9e série, t. 17, 1912, 94 pages, 26 figures, 3 planches. Traitement des buis contre le Monarthropalpus buxi. C. R. Soc. de Biologie, 7 janvier 1913. Sur le rôle de la spatule de la Cécidomyie du buis. C. R. Acad, des Sciences, 29 janvier 1913. Un ennemi de la Cécidomyie du buis. P.-V. Soc. des Sc. phys. et nat. de Bordeaux, 1913. Conduites souterraines de téléphone détériorées par les Ter- mites. Rapport adressé au Sous-Secrétariat des P. T. T., janvier 1913. Invasion de Glyciphages. P.-V. Soc. des Sc. phys. et nat. de Bordeaux, 5 juin 1913. Les îlots de Termites. C. R. Acad, des Sciences, 20 octo- bre 1913. Les Termites. La France, Bordeaux, 22 octobre 1913. 54 SOCIÉTÉ LINNÉENNE DE BORDEAUX Observations sur le danger du transport des bois et meubles termités. G. R. Soc. de Biologie, 4 novembre 1913. Les Campagnols. La France, Bordeaux, 10 novembre 1913. Observations sur les Termites. Rapport adressé à la Caisse des Recherches scientifiques, 1913. Recherches sur les Termites. Ibid., 1914. Influence des fortes chaleurs sur l’Escargot. P.-V. Soc . des Sc. phys. et nat. de Bordeaux, 7 novembre 1918. Destruction du Puceron du rosier par les grandes chaleurs de l’été. Bull. Soc. de Zool. agric. de Bordeaux, 19 décem- bre 1919. La forêt de la Mamora (Maroc) et la Processionnaire du chêne. Ibid., 20 février 1919. Contribution à l’étude de la biologie du Néophron percnop- tère. P.-V. Soc. Linnéenne de Bordeaux, 7 mai 1919. La Coccidiose du Lapin. Bull. Soc. de Zool. agric. de Bor- deaux, 19 juin 1919. A propos du Propithèque. P.-V. Soc. Linnéenne de Bordeaux, 14 avril 1920. La Coccidiose humaine. Gaz. hebd. des Sc. méd. de Bordeaux, 30 mai 1920. Hermaphrodisme externe chez l’Ecrevisse. P.-V. Soc . Lin- néenne de Bordeaux, juin 1920. Mutualisme, commensalisme et parasitisme. 1 broch. Daguerre, édit., Bordeaux, 1er juin 1921. Colonies et sociétés animales. 1 brochure. Gounouilhou, édit., Bordeaux, 1921 (94 p.) . Capture d’un Milan noir à Bordeaux. P.-V. Soc. Linnéenne de Bordeaux, 1er juin 1921. Le Doryphore des pommes de terre en Gironde. Annales Soc. d’H ortie, et de Vitic. de Bordeaux, septembre 1921. L’Oxylophe Geai dans le Sud-Ouest de la France. P.-V. Soc. Linnéenne de Bordeaux, octobre 1922. Le Scorpion flavicaude à Bordeaux. Ibid., octobre 1922. Présentation d’un Lapin anormal. P.-V. Soc. Linnéenne de Bordeaux, 6 décembre 1922. L’Orite longicaude. Ibid., 10 janvier 1923. Sur la présentation des Chauves-Souris dans les collections publiques. Ibid., 5 février 1923. La faune du Sud-Ouest. - Bordeaux, métropole du Sud-Ouest. Manuel pratique de dissections de Zoologie. 2e édition (revue et augmentée), 324 p., 194 fig., Vigot, édit., Paris. Le Rat noir à Bordeaux. P.-V. Soc. Linnéenne de Bordeaux, 7 novembre 1923. Nouvelle contribution à la recherche de l’Oxylophe Geai dans le Sud-Ouest de la France. Ibid . PROCÈS-VERBAUX 55 Le mimétisme. Annales Soc. d’ Horticulture et de Viticulture de Bordeaux (1923 et 1925). Série d’articles. Capture d’une Marte à Montpont. P.-V. Soc. Linnéenne de Bordeaux, 5 novembre 1924. Le Scorpion flavicaude dans le Sud-Ouest. Ibid., 3 décem- bre 1924. Les Oiseaux albinos du Muséum d’Histoire Naturelle de Bordeaux. Muséa, n° 1, 1925. Le Bollier dans le Sud-Ouest de la France. P.-V. Soc. Lin- néenne de Bordeaux, 4 mars 1925. Observations sur l’océanodrome Cul-Blanc. Ibid. Contribution à la détermination de Poissons du genre Mugil. C. R. Acad, des Sciences, janvier 1928. La Motelle à quatre Barbillons (Motella cimbria) sur les marchés de Bordeaux. P.-V. Soc. Linnéenne de Bordeaux, 1928. Un nouveau Poisson des mers du Nord ( Argentina silus) sur les marchés de Bordeaux. Ibid. Capture d’une Buse des déserts à Bordeaux. Ibid., 193G. Remarques sur la capture d’un Plongean lumné dans un jardin de Bordeaux. Ibid. Le Scorpion flavicaude à Bordeaux. Rapport à M. le Maire de Bordeaux, 30 septembre 1937. III. — ZOOLOGIE APPLIQUÉE Les Poissons d’Orient et leur culture (en collaboration avec M. Kunstler). 1 brochure, 48 pages. Gounouilhou, édit., Bordeaux, 1899. Compte rendu du Congrès international d’Agriculture et de Pêche, 15 p. in-4°. Revue internationale de Pêche et Pisci- culture, 1900. Compte rendu de la pisciculture et des pêches en France en 1900. Ibid., mars 1901. Compte rendu de la pisciculture et des pêches en France en 1901. Ibid., 1902. Compte rendu de la pisciculture et des pêches en France en 1902. Ibid., 1903. L’ostréiculture dans le Sud-Ouest. 1 brochure, 42 pages, 17 figures. Bière, édit., Bordeaux. La culture des eaux. Oviédo, 27 avril 1910. Observations sur la perte de poids subie par le gibier mort. 1 brochure, décembre 1911. Observations sur la perte de poids subie par les viandes de boucherie. 1 brochure, 1912. Protection des plantes contre les Termites par le traitement interne. Progrès agricole, Montpellier, 20 juillet 1919. 56 SOCIÉTÉ LINNÉENNE DE BORDEAUX L’attaque des végétaux par les Termites. Revue générale des Sciences, 30 avril et 20 mai 1920. Destruction des insectes parasites de l’écorce des ormes. Rapport adressé à M. le Maire de Nantes, juin 1920. Destructions des larves de Moustiques dans les viviers. Rapport à M. le Maire de Bordeaux, juillet 1926. Destruction des Rats. Rapport à M. le Maire de Bordeaux, 1926. Rapport sur la destruction des Rats. Deuxième conférence internationale du Rat et de la Peste, Paris, octobre 1931. IV. — DIVERS Cancer du pylore sans hématémèse. - Cancer du foie. Bull, de la Soc. d’ Anatomie normale et pathologique de Bor- deaux, 11 janvier 1897. Distinction et origine des règnes animal et végétal. Gazette hebd. des Sciences médicales de Bordeaux, 13 juin 1897. Physiologie générale de la matière vivante. Ibid., 3 jan- vier 1898. Pseudarthrose de la mâchoire inférieure chez une Grenouille. P.-V. Soc . des Sc . phys. et nat. de Bordeaux, 7 juillet 1897. Constitution de la matière vivante, 54 pages, 41 figures. Bull, de la Soc. Scient, d’ Arcachon, 1901. Sur la structure du Cryptococcus guttulatus. Congrès des Sociétés savantes, 17 avril 1903. Notice sur le Cryptococcus (en collabor. avec M. Kunstler). Archives d’Anat. microscopique, t. 6, 1903. La matière vivante. Bulletin de V Association des Anciens Elèves de Lycée . Bordeaux, décembre 1908. La disparition des espèces animales. Bulletin des Lauréats de la Société Philomathique, janvier 1910. L’intercambio à Oviédo. Bulletin hispanique, juillet 1910. Curieux cas de soudure chez un chêne (texte, photographies et dessin). Illustration, 12 novembre 1910. La lumière vivante. Je sais tout, 8 illustrations en couleurs, décembre 1911. Sur une maladie des platanes. Rapport adressé à M. le Maire de Bordeaux, février 1913. L’enseignement professionnel de la fillette musulmane et la rénovation des arts féminins indigènes au Maroc. Revue générale des Sciences pures et appliquées, avril 1919. Sur un cas de parasitisme de Sambuccus. P.-V. Soc. Lin- néenne de Bordeaux, 7 mai 1919. Aperçu général sur l’œuvre scientifique de Cuvier. Gazette heb. des Sciences médicales de Bordeaux, septembre 1919. Chiffons et lieux saints. Le nouveau Maroc, octobre 1919. L’enseignement agricole par la cinématographie. Annales Soc. d’Hortic. et de Vitic. de Bordeaux, mai-juin 1921. PROCÈS-VERBAUX 57 Une industrie en voie de disparition : la culture de l’huître plate (industrie régionale). Revue de la Société Philo- mathique de Bordeaux. Curieux cas de fasciation. La Nature, janvier 1927. Aperçu sur les vins de Bordeaux. Nouvelle France, avril 1928. Eloge de Laterrade, fondateur de la Société Linnéenne de Bordeaux. Actes de la Société Linnéenne de Bordeaux, 1928. Les cultures florales à Bordeaux. Sud-Ouest économique, 1928. Le Muséum d’Histoire Naturelle de Bordeaux. La Terre et la Vie, 1931. Les radiations. Conférence par T. S. F., 1931. V. — TRAVAUX EXÉCUTÉS DEPUIS SA RETRAITE Acclimation de la Gain b us ia dans les eaux du Sud-Ouest. Rapport adressé à M. le Maire de Bordeaux, 1er mars 1938. Note sur la Galéruque de la Bruyère. Ibid., 21 mars 1938. Présentation d’une Casside exotique trouvée à Bordeaux. P.-V. Soc. d’Etude et de Vulgarisation de la Zoologie Agricole, 19 janvier 1939. Sources et Chiffons. P.-V. de VAcad. des Sciences, Belles-Lettres et Arts de Bordeaux, 20 avril 1939. Sur la présence de volumineux serpents au cimetière Nord. Rapport adressé à M. le Maire de Bordeaux, 20 mai 1939. Capture d’une Térékié au Teich, et d’un Fou de Bassan à Bordeaux. P.-V. Soc. Linnéenne de Bordeaux, 7 juin 1939. Abondance de la couleuvre verte et jaune au cimetière Nord. Ibid., 7 juin 1939. Sur un manuscrit de Desmoulin et sa collection de rudistes. Ibid., 3 avril 1940. Sur la casside des bananes. P.-V. Soc. d'étude et de vulgarisation de la Zoologie agricole, 18 avril 1940. Déformations artificielles du crâne humain. P.-V. de VAcad. des Sciences, Belles Lettres et Arts de Bordeaux, 21 novembre 1940. Aperçu sur les réalisations au Muséum, janvier 1941. Capture d’un Guillemot bridé. P.-V. Soc. Linnéenne de Bordeaux , 15 juin 1941. Recherches sur les otolithes des Poissons (6e fasc.). Actes de la Société Linnéenne de Bordeaux, t. 92, 1942, 136 p., 6 pl. Sur la capture de Cétacés en Gironde. P.-V. Soc. Linnéenne de Bordeaux, 3 février 1943. La Bergeronnette boréale dans le Sud-Ouest français. Ibid., 3 février 1943. Le Pipi gorge rousse (Anthias servinus Pall.). Ibid., 6 octobre 1943. Variations de l’individu et de l’espèce. Communication à l’Académie de Bordeaux, 1945. 58 SOCIÉTÉ LINNÉENNE DE BORDEAUX Note bibliographique sur François Daleau à l’occasion de son centenaire. Sud-Ouest, 1er décembre 1945. Malformations des Coquilles de l’Escargot. P.-V. de la Soc. des Sc. phys. et nat. de Bordeaux, 21 février 1946, et Actes de l’Académie de Bordeaux, série 4, t. 13. De l’origine des idées évolutives et de leur influence sur la marche des sciences morphologiques. P.-V. de la Soc. des Sc. phys. et nat. de Bordeaux, 13 juin 1946. Des Physalies au Muséum d’Histoire Naturelle de Bordeaux. Sud- Ouest, 7 novembre 1946. Sensibilité et mouvement. Communication à l’Académie de Bor- deaux, 1946. Otolithes de Téléostéens recueillis par dragage sur la côte Atlan- tique du Maroc. Bull. Soc. Sc. nat. du Maroc, 1947, t. 27. Vocabulaire des animaux marins en latin classique. Revue des Etudes anciennes, Bordeaux, 1947. Le Muséum de Bordeaux possède deux Crocodiles d’espèce raris- sime. Sud-Ouest, 15 mars 1949. A propos d’un Aigle capturé en Aveyron. Sud-Ouest, 21 novem- bre 1950. A propos de la capture d’un Desman sur les bords de l’Adour. Sud-Ouest, 30 décembre 1952. Un vieux médecin bordelais : Gabriel de Tærragua. Histoire de la Médecine, n° 6, juin 1953. Bazin, premier professeur de Zoologie de la Faculté des Sciences de Bordeaux. Actes de V Académie de Bordeaux, 26 octo- bre 1954. Recherches sur les Otolithes des Poissons (7e fasc.) . Bull, du Centre d’ Etudes et de Recherches scientifiques de Biarritz, 1956, 116 p., 6 pl. Recherches sur les Otolithes des Poissons (8e fasc.). Ibid., Biarritz, 1957, 91 p., 7 pl. Recherches sur les Otolithes des Poissons (9° fasc.). Ibid., Biarritz, 1958. Le genre Choragus (Col. Anthribidæ) dans la région girondine par G. Tempère Le genre Choragus est représenté, dans la faune française, par trois espèces O) ; ces trois espèces existent en Gironde et je les y ai capturées personnellement. Choragus Sheppardi Kirby est la plus répandue en France, tout en y étant assez peu commune. Il en est de même dans la région girondine, où j’ai pris cette espèce, en juin et juillet, à Léognan, (1) C. subsulcatus Rey, qui figure au Catalogue Sainte-Claire Deville, doit être tenu, selon A. Hoffmann (Faune de France, 1945), pour une simple variété de C. Sheppardi Kirby). PROCÈS-VERBAUX 59 Roque-de-Thau, Vaux-sor-Mer et Beyehac, par individus isolés» J’en possède aussi un exemplaire de Cambes (E. Giraud). Trois fois seulement, j’ai pu noter les végétaux-hôtes : Aubépine à Roque- de-Thau, Bourdaine à Beychae, et enfin Suæda fruticosa Forsk. (rameaux desséchés), à l’île aux Oiseaux, le 6 juillet 1948. Ce fut alors une série de treize individus qu’il me fut possible de capturer sur cette plante-hôte assez imprévue. J’ai déjà signalé ce fait 0). R serait naturellement intéressant de savoir quel est le Champignon aux dépens duquel ce Choragus vit réellement, sur Suæda. La présence de Choragus Grenieri Ch. Brisout, en Gironde, pou- vait paraître fort improbable, jusqu’en 1952. En 1945, en effet, A. Hoffmann (loc. cit.) le signalait seulement, pour la France, du Var, des Alpes-Maritimes et de la Corse, l’Insecte paraissant lié, dans ces régions, au Chêne-Liège (1 2). Aussi fus-je assez surpris, il y a dix ans, lorsque notre collègue P. Ardouxn me communiqua dix exemplaires de cette espèce, capturés par lui, les 11 et 18 mai 1952, à La Teste - Villemarie, aux abords du canal de La Hume à Cazaux. Conduit par lui, le 21 mai 1955, au lieu précis de ces captures, j’y pus recueillir moi-même une centaine d’individus de C. Grenieri, en battant de petits Quercus pedunculata Ehrh., morts sur pied. Les branches de ces petits Chênes étaient porteuses d’un Cham- pignon (peut-être responsable de la ruine des jeunes arbres), formant à leur surface des croûtes d’un brun-noirâtre, teinte abso- lument semblable à celle de l’Insecte. Il est à peu près certain que celui-ci se nourrissait du Champignon, qui n’a pu être déterminé avec précision, mais qui était probablement une Sphériacée du genre Rosellinia. Choragus piceus Schaum est aussi une espèce rare et méridio- nale. Elle est citée (A. Hoffmann, loc. cit.) des Alpes-Maritimes, sur Prunus spinosa L., du Lot-et-Garonne, ainsi que de la Gironde : Pessac. Cette dernière localité m’est attribuée, par suite d’une confusion. Il s’agit, en réalité, d’un exemplaire de la collection Laborderie > Giraud > la mienne, portant comme label : « Pes- sac 15-10-92 », indication que j’avais communiquée à A. Méquignon et qui figure, avec l’erreur relevée ci-dessus, dans le Catalogue Sainte-Claire Deville. Il faut noter que Eyquem, dans son travail intitulé « Habitat des Curculionides aux environs de Bordeaux » (Feuille des Jeunes Naturalistes, 1890), mentionne C. piceus comme trouvé « sur des tiges de Lierre, aux Eyquems » ; indication dont l’exactitude n’a pas été contrôlée. Quoi qu’il en soit, jusqu’en 1962, je n’avais jamais rencontré (1) Revue française d’ Entomologie, XXI (1954), 50. (2) C. Grenieri se trouve également, sur rameaux morts du même arbre, dans les Pyrénées-Orientales, en forêt de Valbonne - La Massane, où je Fai capturé en mai 1958 et 1961. 60 SOCIÉTÉ LÏNNÉENNE DE BORDEAUX cette espèce» ni vu un seul individu recueilli en Gironde postérieu- rement à 1892. Le 24 juin 1962» au cours de l’excursion à File aux Oiseaux» organisée à l’occasion de la Fête Linnéenne à Arcachon» il m’a été donné de prendre huit exemplaires de C. piceus, en battant des touffes de Suæda Initie osa Forsk.» dans les parages mêmes où» quatorze ans plus tôt» j’avais capturé C. Sheppardi sur la même plante. Mes compagnons de chasse en prirent eux aussi quelques individus» et le 1er juillet M. Lavit en capturait deux autres» en même temps d’ailleurs qu’un G. Sheppardi. Il est intéressant sans doute de pouvoir inscrire» avec certitude, Choragus piceus Shaum dans notre faune régionale. Mais il l’est plus encore de noter que Suæda fruticosa, plante halophile qui naguère était inconnue comme hôte d 'Anthribidæ, peut en réalité héberger deux espèces du genre Choragus . Première contribution à l’inventaire de la flore fongi- que de la Gironde. Trente et un Champignons du genre Amaaita Pars, » récoltés dans les environs de Bordeaux, au cours des saisons 4959 à 1962. AVEC DES NOTES DESCRIPTIVES ET ECOLOGIQUES par F. IVIassart Le genre Amanita peut paraître a priori d’une étude facile. Il suffit certes d’un coup d’œil à l’habitué pour reconnaître certai- nes espèces. Mais il recèle aussi ses pièges et il est bon d’y regarder à deux fois avant de donner un nom à certains satellites d’A. vaginata ou à une espèce ou une variété de la section Ampla- niella, par exemple; sans compter les formes plus ou moins aber- rantes que l’on rencontre parfois et qui semblent s’ingénier à mystifier le déterminateur» par le panachage de caractères propres à des Champignons différents. Il nous est agréable ici de rendre hommage à Famabilîté et la compétence de M. A. G. Parrot, de Biarritz» qui nous a» à plusieurs reprises» guidé sur le bon chemin. Nous allons donc passer en revue les Amanites qu’il nous a été donné d’identifier jusqu’à ce jour, dans la région girondine. SECTION AMANIT OPSIS ROZE A. (Amanitopsis) vaginata Quélet. Forma îijpîca, — ■ Commune dans notre région, elle fréquente aussi bien les terrains sablonneux qu’argilo-calcaires. Elle est assez variable quant à sa taille. Autour de cette forme typique gravitent un certain nombre de variétés, suffisamment caractérisées pour pouvoir être distinguées aisément, ainsi que d’autres» qui nécessitent un examen plus appro- fondi» PROCÈS-VERBAUX 61 A. (Amanitopsis) vaginata var. nivalis Grev. — Semble raris- sime : un seul exemplaire récolté dans la propriété de M. Geneste, au Pian-Médoc, le 11 juin 1961. C’est une variété de petite taille (chapeau : 3,5 cm à complet développement; stipe : 6,5 cm), entiè- rement d’un blanc pur, avec les caractères morphologiques de l’espèce. A. (Amanitopsis) vaginata var. fat va Schæffer. — Plus commune encore que la forme typique, bien que paraissant cantonnée aux couverts de Pin maritime, où on la trouve en abondance dès la fin du printemps, à la faveur des pluies d’orages. Semble affec- tionner le grand Ajonc (Ulex europaeus L.), au milieu duquel elle croît en général de petite taille, mais en grand nombre. A. (Amanitopsis) vaginata var. plumbea Schæffer. — Assez rare: se distingue de la forme typique par son chapeau gris foncé bleuté, son pied nettement gris, avec flocons concolores, au-dessus d’une volve bien engainante, mince. Dans les endroits bien ombragés et humides : Le Pian-Médoc, Listrac, Lignan. A. (Amanitopsis) crocea Quélet. — Cette espèce, d’un port souvent plus massif que la plupart des Champignons du groupe vaginata, rappelle un peu, surtout dans les premiers stades de son développement, Amanita cæsarea. Les stries plus longues du bord du chapeau, le pied blanc, sans trace d’anneau, rarement orné de flocons jaunes, lèvent toute équivoque. Rauzan (P. Lavenier). Figurait à l’exposition de 1962, de prove- nance inconnue. A. (Amanitopsis) nmbrinolutea Secrétan. — Très belle espèce de taille imposante (la plus grande de la section). Nous avons eu le plaisir de la récolter à deux reprises, dans un bois de Chênes et Pins mêlés des environs de Listrac, en Médoc, et une fois à Gradignan. Haute sur pied, avec un chapeau largement étalé, lon- guement strié sur le bord. Brun olivâtre, avec le mamelon plus foncé et une zone submarginale également plus foncée. Lamelles à reflets roses, brunissant sur l’arête. Pied clair, à zébrures annu- laires gris-brunâtre. Volve fragmentée, roussâtre. A. (Amanitopsis) inanrata Secrétan (strangulata Roze). — Cette espèce possède la particularité d’avoir une volve composée d’arti- cles isodiamétriques, non allongés comme chez les autres espèces du groupe. Réputée calcicole. Nous avons cependant récolté les seuls exemplaires connus de la région, en terrain sablonneux, au Pian-Médoc. Mais il est vrai qu’il existe, dans cette région, quel- ques affleurements calcaires. Le chapeau est gris-brun bistré, por- tant de larges fragments du voile général, gris-noirâtres. Pied robuste, chiné de grisâtre. Volve fragmentée, grise. A. (Amanitopsis) lividopallescens Secrétan (ou Gillet?). — - Ce beau Champignon clôt la section. Il pousse en terrain sec, aéré, à 62 SOCIÉTÉ LINNÉENNE DE BORDEAUX proximité des Conifères, même à une certaine distance du couvert, dans les prés, comme c’est le cas pour une station remarqua- blement constante qui existe au lieu-dit Bernones, près de Listrae en Médoc, où nous l’avons découvert pour la première fois. Autres stations : Le Pian-Médoc, Bruges (propriété Ausone). Le chapeau, beige-ocracé, portant fréquemment de larges débris volvaires, est particulièrement charnu pour une vaginée. Les lames sont plutôt étroites et présentent un léger reflet jaunâtre sur le tard. Le pied, souvent robuste, est très finement squamuleux et porte très bas, masquée souvent par la volve qui est très ample et épaisse, une mince frange ascendante, vestige d’un collier corti- noïde (cf. A. G. Parrot, Amanites du Sud-Ouest de la France , p. 156). SECTION AMANITA (SENSU STRICTO) FRIES Amanita cæsarea Fries. — Peu commune, hélas ! dans les envi- rons immédiats de Bordeaux, l’Oronge existe cependant dans la région de Targon-Créon, à une vingtaine de kilomètres au Sud-Est de la ville. Elle a été récoltée également dans les environs de Rauzan (P. Lavenier) . Enfin, le Professeur Chelle la trouvait parfois, il y a quelque quinze ans, dans sa propriété du Bouscaut, d’après G. Tempère. SECTION AM AN IT ARIA GILBERT A. (Amanitaria) pantherina Fries ex De Candolle. — Assez fré- quente dans nos bois feuillus, aussi bien sur la rive droite que sur la rive gauche de la Garonne. Il y a peu à dire sur cette espèce, si ce n’est un mot sur les variations de teinte du chapeau qui, au sein d’une même station, peut aller du brun foncé bistré au beige ocracé pâle. De rares spécimens entièrement blancs ont été observés à plusieurs reprises (Eysines). A. (Amanitaria) Eliæ Quélet. — Oiseau rare, découvert dans le talweg de Tresses-Mélac, en mai 1961, au pied d’un Chêne; deux exemplaires, dont un sur le déclin. Son port est celui d’une A. vaginata; mais la cuticule saumon, avec des nuances pourprées, l’anneau super-fragile, suffisent pour l’identifier. Les lames ont un reflet rose; le pied, élancé, a tendance à s’élargir aux deux extré- mités. La volve est floconneuse, grisâtre et fragmentée. Spores courtement ovoïdes. A. ( Amanitaria ) muscaria Fries ex Linné. — Commune et très prolifique sous pinède et sous les quelques Bouleaux disséminés dans le Médoc. Atteint des dimensions majestueuses. C’est une belle parure de nos sous-bois et... de nos expositions. A. (Amanitaria) muscaria var. auréola Boudier. — Rare. La seule station qui nous soit connue se trouve au lieu-dit Les Sources, à Gazinet, sous couvert de Bouleaux. C’est un splendide Champi- gnon à chapeau littéralement jaune d’or. Les deux exemplaires PROCÈS-VERBAUX 63 récoltés étaient entièrement dépourvus de débris du voile sur le chapeau. Pied, anneau et lames blancs. A. ( Amanitaria) gemmata Fries. — - Voici une espèce d’arrière- saison et même de plein hiver, qui croît soit isolément, soit en groupes, sous couvert de Pins maritimes. Abondante sur le littoral, elle ne manque pas aux portes mêmes de Bordeaux : bois à Gradignan, Le Pian, Germignan, etc. A . (Amanitaria) gemmata Fr. f. amici Gillet. — Se distingue de la forme typique par sa taille plus imposante, son port plus massif, les tons plus neutres de son chapeau (jaune ocracé), son bulbe plus ou moins napiforme. Le collier est parfois présent, généralement déchiqueté, mince, blanc, strié dessus. Plus tardive encore que la précédente, cette Amanite se rencontre également au printemps, sur les terrains sablonneux du littoral. SECTION AMPLARIELLA GILBERT A. ( Amplariella) rubescens Fries ex Persoon. Espèce très com- mune dans notre région, où elle prolifère en abondance sous les Pins, ou Pins et Chênes mêlés. Extrêmement polymorphe : tantôt de port trapu, massif, tantôt de forme élancée, voire grêle. Très précoce certaines années (quelques exemplaires en mai et même fin avril), elle est, avec A . citrina, une des dernières Amanites que l’on trouve, avec aussi A. gemmata. A. (Amplariella) rubescens var. annula suif urea Gillet. — Beau- coup moins répandu que la forme typique et généralement solitaire, ce Champignon est remarquablement constant de port et ses carac- tères sont bien précisés. De taille modeste : 5-6 cm pour le chapeau, à cuticule brun-rosé ornée de verrues petites et nombreuses, bien colorées de brun fauve. Pied élancé (7-9 cm), peu bulbeux, muni d’un anneau plissé vivement coloré de jaune-soufre. Le rougisse- ment de la chair est nettement moins marqué que chez A. rubes- cens typique , même par temps humide. Cette forme pourrait corres- pondre à la f. minor de Vesely, citée p. 90 dans les Amanites du Sud-Ouest de la France, d’A. G. Parrot. Listrac-Médoc, Le Pian, Tresses-Mélac, Gradignan. A. ( Amplariella) s pissa Fries. — Champignon rare ici. Nous ne l’avons trouvé, jusqu’à présent, que sous une forme grêle atypique (détermination confirmée par M. A. G. Parrot) . Chapeau gris-brun fuligineux, orné de larges verrues grisâtres. Anneau blanc, très tenace, à l’inverse d’A. excelsa, sur un pied blanc, à bulbe napiforme prononcé. Odeur raphanoïde (caractère absent chez A. excelsa ). Spores ellipsoïdes. Environs de Listrac en Médoc. A. ( Amplariella) excelsa Fries. — Une groupe de quatre très beaux exemplaires de cette belle Amanite a été récolté à Lignan, en octobre 1962. Son chapeau est gris-brun clair, à très fin chevelu 64 SOCIÉTÉ LINNÉENNE DE BORDEAUX radial sombre, presque noir, caractéristique. Il est garni de nom- breuses petites plaques minces, grisâtres, facilement détachables. Marge faiblement striée sur le bord. Pied élancé, flexueux, chiné- squamuleux sous un anneau fragile et fugace, blanc. Ce pied est peu bulbeux, radicant. Lames à reflets rosés. Spores ovoïdes. Existe également en Médoc, aux environs de Listrac. A. ( Amplariella) aspera Fries. — Autre espèce pas très commune dans notre région. Une seule station connue jusqu’à présent, à Tresses-Mélac (novembre 1961). Chapeau gris bistré, garni de verrues jaunes; anneau frangé de la même couleur; pied également parsemé de flocons jaunes (pas toujours). Pourrait être confondue avec A. rubescens v. annulosulfurea; mais nous avons vu que le chapeau de cette dernière tirait plutôt sur le brun-rosé et que ses verrues sont brunes. D’autre part, la chair d’A. aspera prend une teinte brunâtre à la cassure et non rose-vineux comme chez A. annulosulfurea; il n’y a donc pas d’hésitation pour un œil averti. SECTION ASPIDELLA GILBERT A. (Aspidella) Boudieri Baria var. Beillei Beauseigneur. Deux exemplaires de cette espèce rare ont été récoltés à Tresses-Mélac, le 5 novembre 1961. Port massif, rappelant A. e.chinocephala, quoique de taille plus modeste. Chapeau épais, blanc lavé de fauve léger au centre, orné de verrues farineuses compactes et saillantes; marge lisse; lames à reflets jaune-rosâtre, sub-ocracé sur le tard (carrément brun-rouge sur exsiccatum). Pied blanc, épais, bulbe turbiné, surmonté d’un bourrelet déchiqueté; anneau blanc, mince et fugace. Spores largement ovoïdes. A. (Aspidella) echinocephala Vittadini. — C’est encore une espèce qui semble rarissime aux alentours de Bordeaux. Deux exemplaires de belle taille, récoltés l’un à Lignan, en terrain argilo- calcaire (octobre 1959), l’autre à Gradignan, sur sol sablonneux, dans le courant du même mois. Remarquable par son port robuste, son chapeau épais, charnu, blanc à subtils reflets verdâtres, garni de verrues cunéiformes; pied épais, orné dans sa partie basse de larges squames apprimées, « en écailles de Poissons»; anneau haut placé, membraneux, plissé, plutôt fragile. Spores ovoïdes. A. ( Aspidella ) solitaria Bulliard. — Rare et très beau Champi- gnon entièrement blanc, portant quelques rares et larges plaques épaisses, facilement détachables; marge frangée; stipe bulbeux; anneau floconneux, dilacéré; lames ventrues, blanches à arête floconneuse. Le pied est garni de flocons de la même consistance que l’anneau. Spores ellipsoïdales. Rauzan (P. Lavenier) ; Gra- dignan. PROCÈS-VERBAUX 65 SECTION AMIDELLA GILBERT Une seule espèce de cette section a été récoltée ces dernières années, mais A. (Amidella) Gilberti Beauseigneur a été signalée par plusieurs de nos collègues, des environs de Bordeaux (G. Mal- vesin-Fabre, G. Tempère, J. Eymé). A. (Amidella) ovoïdea Fries ex Bulliard. — Une très belle station de cette magnifique Amanite existe à Tresses-Mélac, en terrain argilo-calcaire, sous couvert de Chênes, Charmes et Pins silvestres. Chaque année, nous y récoltons de très beaux spécimens, souvent détruits sur pied, hélas ! par des profanes. Au cours de l’excursion de la Société Linnéenne à Gradignan, le 11 novembre 1962, une autre station a été découverte. L’avenir nous apprendra si elle est aussi constante et productive que la première. De très beaux apports aux expositions annuelles permettent de penser que d’autres stations existent dans la région. SECTION AMANITIN A GILBERT A. (Amanitina) phalloïdes Fries. — Cette redoutable espèce pullule littéralement sous nos couverts. Son polymorphisme, sur lequel il est bon d’insister, la relative diversité de coloration de son chef (blanc pur, jaune, jaune-verdâtre, jaune-brunâtre, brun- verdâtre et parfois carrément brun) accentuent le danger des confusions de la part des amateurs. Aussi luttons-nous, chaque année, afin de mettre en garde les imprudents. L’observation de nombreux champignons de cette espèce nous a permis de relever bien des anomalies de forme et de dimen- sions. Nos recherches nous ont valu de découvrir, dans un taillis de Chênes des environs de Listrac en Médoc, le 5 octobre 1960, un spécimen de la rarissime forme suivante : A. (Amanitina) phalloïdes f. ochroleuca Forquignon. — Port grêle, rappelant un peu celui d’A. vaginata; chapeau blanc, à peine nuancé de jaune verdâtre par endroits; mamelon central bien marqué; lames ventrues, avec filet de décurrence; pied élancé, blanc, terminé par un petit bulbe ovoïde peu prononcé; anneau mince, vite disparu ainsi que la volve qui est de consistance fragile. Le canal médullaire s’arrête à la hauteur de l’anneau, et non au sommet du pied, comme dans la forme typique. La détermination de ce Champignon nous a été confirmée par M. A. G. Parrot. A. (Amanitina) verna Fries ex Bulliard. — Peu commune mais non exclusivement printanière. Nous avons récolté de très beaux sujets durant l’automne, à Listrac et Le Pian, dans le Médoc. Toujours par exemplaires isolés, exception faite pour une remar- quable station découverte dans un parc privé de Blanquefort qui groupait une douzaine de champignons de tous âges, sous couvert 66 SOCIÉTÉ LINNÉENNE DE BORDEAUX de Chênes et Conifères mêlés (20 mai 1962). Toutes les Amanites de cette espèce qu’il nous a été donné de récolter portaient un chapeau blanc avec le centre teinté de beige-crème. L’absence des vergetures radiales du chapeau la distingue bien des formes blanches d ’Amanita phalloïdes . Notons également Codeur de safran que dégage A. verna . A. ( Amanitina) virosa Fries. — Une unique station, découverte au Pian-Médoc, en août 1959, en terrain sablonneux, sous taillis de Chênes et Pins mêlés. Quatre exemplaires bien caractérisés, avec leurs chapeaux blancs campanulés, puis mamelonnés, satinés et sans vergetures radiales; lames blanches, peu larges; pied blanc pelucheux, sous un anneau membraneux oblique; bulbe ovoïde; volve épaisse et bien engainante. Spores globuleuses. A. (Amanitina) citrina Fries ex Schæffer. — Très commune partout; assez tardive (fin septembre, octobre). A côté de la forme typique qu’il est inutile de décrire, nous trouvons les suivantes : A . (Amanitina) citrina var. mappa Quélet. — Plutôt rare; recon- naissable aux larges plaques bien colorées de brun, trois ou quatre au maximum, qui ornent la cuticule très pâle, à peine vaguement citrine. A. (Amanitina) citrina var. alba Price. — Egalement rare et loca- lisée. Absolument blanche (blanc de craie) de pied en cap, anneau compris. On prend souvent, à tort, pour cette variété des A. citrines plus ou moins claires. Il faut avoir vu une fois une véritable A. citrina v. alba pour se rendre à l’évidence. Très belle forme, constante semble-t-il. Stations à Listrac, dans le Médoc. Réunion du 30 mars 1963 Présidence de M. G. Tempère, ancien Président. Personnel. — Sur avis favorable du Conseil, M. C. Viguieb, 140, boulevard du Président-Roosevelt, Bordeaux (Géologie), est admis comme Membre titulaire. Présentation. — M. M. Larroque présente quelques plantes d’Alsace. Communication. — M. M. Lavit : Carabes de la Dordogne (Coléoptères Carabidæ) . Carabes en Dordogne par M. Lavit Les recherches entomologiques dans le département de la Dordogne ont été assez rares jusqu’à maintenant, et à ma connais- sance aucun catalogue n’existe pour cette région. Dans cette note, PROCÈS-VERBAUX G7 je me propose de citer les Carabes que j’ai trouvés en Dordogne. Pour certaines espèces, les localités de ce département sont nou- velles et à la limite de leur habitat. Ces Carabes ont été récoltés par mon ami C. Jeanne et inoi-même principalement dans trois localités de Dordogne assez éloignées l’une de l’autre et très différentes : 1° La Chapelle-Gonaguet, située à 15 km au Nord-Ouest de Péri- gueux : coteaux calcaires avec cultures et bois de châtaigniers, à 200 m d’altitude; 2° La Jemaye, commune de la Double : région composée d’étangs et de bois avec un mélange de chênes, châtaigniers et pins, sur sols sableux, altitude : 120 m; 3° La Forêt de Born, à l’Est d’Excideuil et les bois environ- nants : forêt de hêtres à l’Est du département et formant limite avec la Corrèze; altitude : 300 m environ. Pour cette dernière localité, je tiens à remercier notre collègue M. Thébaud, de Brive, qui nous a guidé sur les lieux de chasse. Carabus auratus L. n’a jamais été pris par nous en Dordogne, et je n’ai pu en voir de ce département. Son absence serait excep- tionnelle, il existe sur tout le pourtour de la Dordogne et il est abondant en Gironde au printemps. Carabus cancellatus 111. , qui est en tout point semblable aux exemplaires de Gironde, appartient à la race celticus Lap.; il existe dans les trois localités citées et dans quelques autres. Jamais abondant, il vit dans les bois. Comme en Gironde, sa coloration passe du vert au bronzé foncé. Orinocarabus convexus F. existe au moins dans les deux pre- mières localités citées. Quoique assez abondant au printemps, le piégeage sur plusieurs années m’a montré qu’il est très localisé sur de petites surfaces de bois n’excédant pas quelques dizaines de mètres carrés. Cette espèce n’existe pas en Gironde. Hadrocarabus problematicus Herbst. est une espèce très commune dans les souches en hiver. En Dordogne, dans certaines localités, la bordure de son corps a de très beaux reflets lilas; dans d’autres, sur les coteaux de La Chapelle-Gonaguet en particulier, ses reflets sont bleutés; ces variations me semblent liées à la nature du sol. Les côtes élytrales des exemplaires de Dordogne ne sont pas lisses et ininterrompues comme dans le type de la race planiusculus Haury à laquelle ils devraient se rattacher, mais d’autre part leurs stries sont bien ponctuées. Faute d’un matériel de provenances assez diverses, je ne sais à quelle race les rattacher. Ces exem- plaires sont de grande taille, comme ceux de la Gironde où certaines colonies, en particulier sur la côte, sont très spéciales. Il est curieux de constater que les ouvrages ou catalogues spécialisés modernes (38 SOCIÉTÉ LINNÉENNE DE BORDEAUX ne citent même pas Hadrocarabus problematicus des plaines d’Aquitaine. Procrustes coriaceus L. se rattache à la race occidentalis Born. On le trouve assez rarement dans les prairies. Procrustes purpurascens F. est certainement le carabe le plus répandu et le plus abondant dans toutes les forêts et bois du département. Il y est partout de grande taille, à bordure rouge, sauf dans une partie de la vallée même de la Dordogne où ses bordures sont bleues et le font rattacher à la race pseudofulgens Born., comme en Gironde. Quelques exemplaires de cette race ont été pris entre Sarlat et Siorac, mais par contre, plus bas dans la vallée, à Castillon, les purpurascens sont à bordures pourpres. Les trois carabes suivants sont nouveaux pour la Dordogne, où leur découverte par M. Thébaud étend beaucoup l’aire de répar- tition. Chaetocarabus intricatus L., dont les limites extrêmes au Sud- Ouest étaient le Limousin et la Vendée, se trouve sous les mousses des talus et des souches, l’hiver, en Forêt de Born et dans les environs. La même localité est le point le plus occidental connu pour Chrysocarabus hispanus F. dont la limite était la Corrèze. Il se trouve l’hiver sous les mousses recouvrant les talus ou les rochers, aussi bien sur les versants Nord que Sud. Chrysocarabus auronitens F., abondant en Forêt de Born, hiverne profondément enterré dans les talus. Des colonies ont été signalées en Corrèze. La forme de Dordogne se rattache à la race quittardi Barthe de la France centrale. Pour conclure cette énumération des carabes de Dordogne, je demanderai à tous mes collègues naturalistes de ne pas négliger de ramasser les carabes qu’ils voient au cours de leurs sorties. Pour arriver à faire une étude plus poussée, il faut connaître le plus grand nombre possible de localités, et pour établir la systé- matique des races ou formes locales, un important matériel varié est indispensable. Réunion du 4 mai 1963 Présidence de M. R. Caujolle, Vice-Président. Présentation. — M. M. Larroque présente quelques plantes cultivées au Jardin Botanique de Bordeaux. Communication. — MM. M. Amanieu et Salvat : Note sur la PROCÈS-VERBAUX œ présence à Arcachon de deux Talytridæ (Amphipodes) : Talor- chestia spinifera E. Mateus 1962, et Orchestia microphtalma nov, sp. Note sur la présence à Arcachon de deux Talitridæ : Talorchestia spinifera E. Mateus (1962) et Orchestia microphtalma sp. n. par M. Amanieu et B. Salvat I. — TALORCHESTIA SPINIFERA (E. Mateus, 1962) La plupart des Talitridæ présentent un urosome lisse. Avant 1962, on ne connaissait que trois espèces portant sur l’urosome quelques épines verticales; il s’agissait d 'Orchestoidea fischeri (M. Edw., 1830), de Talorchestia quadrispinosa Barnard, 1916, et de Talorchestia tricornuta Shœmaker, 1930. Aussi notre attention fût-elle particulièrement éveillée lorsqu’en 1961 nous récoltâmes à Arcachon un Talitridæ portant quatre paires d’épines dorsales sur l’urosome. Nous fûmes donc amenés à examiner les descriptions originales et les collections de référence relatives à Orchestoidea fischeri, à Talorchestia quadrispinosa et à Talorchestia tricornuta, afin de vérifier si l’espèce d’Areachon correspondait ou non à l’une de celles déjà décrites. Nous constatâmes d’une part, que ni Talor- chestia quadrispinosa récolté et décrit par Barnard en 1916 en Afrique du Sud, ni Talorchestia tricornuta décrit par Shœmaker en 1930 au Congo, ne correspondaient à l’espèce récoltée à Arca- chon; d’autre part, que le Muséum de Paris et le British Muséum renfermaient des individus étiquetés Orchestoidea fischeri, iden- tiques à ceux d’Areachon, mais qui ne correspondaient en rien à la description originale de Milne Edwards. C’est alors que parut, en 1962, une note d’E. O. Mateus décrivant un nouveau Talitridæ à urosome épineux : Orchestia spinifera E. Mateus, 1962. Cette description correspondait exactement aux échantillons récoltés par nous-mêmes à Arcachon, ainsi qu’à ceux déposés dans les collec- tions Chevreux et Norman aux Muséums de Paris et de Londres, et faussement rapportés à l’espèce Orchestoidea fischeri. L’examen des individus récoltés à Arcachon nous amena à modi- fier le genre choisi par E. Mateus pour l’espèce qu’elle venait de décrire, celle-ci devant prendre place dans le genre Talorchestia. L’examen des collections de Paris et de Londres nous permit d’une part de corriger les indications erronées données dans la littérature quant à la répartition d’Orchestoidea fischeri, d’autre part d’apporter des renseignements nouveaux sur celle de Talor- chestia spinifera. En définitive Orchestoidea fischeri reste de « patrie inconnue », comme pour M. Edwards en 1830; aucune des captures signalées 70 SOCIÉTÉ LINNÉENNE DE BORDEAUX ne se rapportant vraisemblablement à cette espèce. Talorchestia spinifera, par contre, décrite en 1962, a été récoltée le long de la côte Atlantique, de Cadix au Sud, à Arcachon au Nord. II. — ORCHESTIA M1CROPHT ALM A sp. n. Parmi les ampliipodes du genre Orchestia, deux espèces avaient été récoltées jusqu’à présent à Arcachon : Orchestia gammarellus (Pallas, 1766) et Orchestia mediterranea A. Costa, 1857, tous deux habitant les plages de mode calme (prés-salés). Aussi la récolte d’un Orchestia par Cl. Gaussanel à la pointe du Cap-Ferret nous parut-elle particulièrement intéressante. L’examen des collections et nos recherches bibliographiques nous permirent de constater que cette espèce était nouvelle pour la science. La diagnose suivante permettra d’en préciser les caractères essentiels. Mâle adule : Taille : 14 mm. Coloration blanc sale. Tête : yeux très petits, antennes 1 avec flagelluin de 4 à 6 arti- cles, dont l’extrémité atteint le milieu du cinquième article du pédoncule des 2; antennes 2 grêles, de longueur sensiblement égale au quart de la longueur du corps, le flagelluin portant 12 à 14 articles. Mésosome : segments arrondis et lisses, imbriqués, plaques coxales peu épineuses au bord inférieur. Gnathopode 1 subchélifère, le carpe présentant un petit lobe translucide sur le bord postéro- inférieur; gnathopode 2 fortement subchélifère, la main (propode + dactylopode) régulièrement elliptique; péréiopode 7 le plus long, avec article méral non dilaté. Métasome : lisse. Urosome : court et ramassé. Telson : régulièrement arrondi, épineux, échancré au bord distal. Femelle adulte : Plus grêle que le mâle. Antennes et yeux petits. Gnathopode 1 et 2 grêles et subchélifères. Autres caractères identiques au mâle. Habitat : côte Atlantique (France - Bassin d’Arcachon) . Localité type : pointe du Cap-Ferret, sous les bois échoués au niveau de haute mer, sur les estrans sableux de mode océanique. Cette espèce nouvelle présente des affinités certaines avec Orchestia platensis Kroyer, 1845, et Orchestia ghigii A. Vecchi, 1929, mais s’en distingue très nettement par plusieurs caractères, spécia- lement les antennes toujours grêles et les yeux très petits chez Orchestia microphtalma. PROCÈS-VERBAUX 7i i i 1 cm En haut : Talorchestia spinifera (E. Mateus, 1962) mâle, d’Areachon. En bas : Orchestia microphtalma sp. n. paratype mâle, d’Arcachon. G 72 SOCIÉTÉ LINNÉENNE DE BORDEAUX Nous nous proposons de compléter prochainement les infor- mations recueillies sur ces deux espèces dans deux notes qui doivent être publiées, l’une sur Fhistorique et la répartition de Talorchestia s pi. ni fera (E. Mateus, 1962), dans « Grustaceana », l’autre sur la description et les affinités d’Orchestia microphlalma Amanieu - Salvat, 1963, dans le « Bulletin du Muséum National d’Histoire Naturelle de Paris ». BIBLIOGRAPHIE SOMMAIRE Rarnard (K, H.). — • 1916. — Contributions to the crustacean Fauna of South africa. Aimais of the South African Muséum, vol. XV, pp. 105- 302, pi. 26-28. Chevrbux (Ech) & Face (L.). — ■ 1925. — Faune de France. 9 - Amphi- podes. Lechevallier, Paris, 488 p. Kroyer (H.). — ■ 1845. — Karcinologiske bidrag. Naturhist. Tidsskrift 2° série, 1 , 1844-1845, pp. 283-345. Mateus (E. O.). — 1962. — Une nouvelle espèce d'Orehesiîa (Crustacea, Amphipoda, Talitridæ). Pubîi . Inst . Zooh Dr . A . Nohre. Porto, 86, PP- 9-22. Milne Edwards (H.). — 1830. — Recherches pour servir à l’histoire naturelle des Crustacés Amphipodes. Ann. Sc. Nat . Paris, 20 août 1830. Shœmaker (C. R.). — 1930. — Description of two new amphipod crusta- ceans (Talitridæ) from the United States. Journ . Warh. Ac. Sc., 1930, 20, PP- 107-114. Stebbing (Th. R. R.). — 1906. — - Amphipoda. I : Gammaridea. Das Tierreich., vol. 21, Berlin, 806 p. Vecchi (A.). — 1929. — ■ Ricerche faunistiche nelle isole italiane delF Egeo. Anfipodi. Archiuio Zoologico Itaïiano, vol. 13, fasc. 1-2, pp. 249-257. Réunion du 8 juin 1963 Présidence de M. G. Tempère, ancien Président. Personnel. ■ — • Sur avis favorable du Conseil, M. P. Biau, villa Balkis, route de Bayonne, Gradignan; M. B. Comps, Lalande-de- Pomerol (Gironde) (Botanique) ; M, J. Louzeau, 5, rue Paul-Claudel, Le Bouscat (Mycologie) sont admis comme Membres titulaires de la Société. Communications. — M. Viroleau : Développement embryon- naire et larvaire de Discoglossus pictus (Amphibiens) . M™e J. Renaud-Debyser. — Recherches écologiques sur la faune interstitielle des sables du Bassin d’Areachon. Mme O. Ducasse : Contribution à Fétude micropaléontologique (Ostracodes) et stratigraphique des affleurements du Blayais» MM. B. Boutot, A. Klimgebiel et CL Latouche : Le matériel argileux des formations éocènes de Fanticlinal de Blaye. PROCÈS-VERBAUX 73 Le Discoglosse peint ( Discoglossus pictus Otth.) : son développement embryonnaire et larvaire par M . Virolleau I. — INTRODUCTION A. — Position systématique Discoglossus pictus est un Batracien Anoure, de la famille des Discoglossidés, dont les représentants possèdent, entre autres carac- tères, une langue circulaire peu mobile, par quoi se justifie le nom donné à cette famille. Le Discoglosse a l’aspect d’une Grenouille, mais sa peau est luisante et vernissée; l’adulte mesure de 5 à 7 cm. B. — Habitat Il vit en France, dans les Pyrénées-Orientales et sur la côte médi- terranéenne proche. On le trouve en Corse et dans quelques autres îles de la Méditerranée. Il habite également toute l’Afrique du Nord. C. — Elevage Le développement embryonnaire et larvaire que nous présentons a été étudié sur des élevages maintenus à 20° C, de souche maro- caine. Les larves étaient nourries de salade cuite. Notre travail a permis de compléter une étude déjà menée par MM. Gallien et Houillon dont les observations s’arrêtaient au moment où appa- raissent les bourgeons des pattes postérieures. II. — DÉVELOPPEMENT EMBRYONNAIRE ET LARVAIRE Division de ce développement On divise le développement embryonnaire et larvaire en quatre périodes : — Fécondation et segmentation; — Mouvements morphogénétiques : gastrulation, neurulation; — Croissance et organogenèse de l’embryon et de la larve; — Métamorphose. Fécondation et segmentation : La fécondation est difficilement observable. La segmentation aboutit à la formation d’une moral a, comprenant au pôle animal des micromères et au pôle végétatif des macromères chargés de vitellus. Mouvements morphogénétiques : Gastrulation . — La gastrulation procède d’une multiplication plus rapide des micromères que des macromères, engendrant un débor- dement des premiers sur les derniers, et par là la formation d’une SOCIÉTÉ LINNÉENNE DE BORDEAUX 74 lèvre blastoporale dont l’ébauche est d’abord dorsale. Cette lèvre progresse en formant un sillon circulaire qui délimite un bouchon vitellin, lequel diminue de diamètre à mesure que les macromères et le vitellus qu’ils contiennent pénètrent à l’intérieur de l’embryon. Le bouchon vitellin lui-même finit par disparaître, laissant à sa place le blastopore. Neurulation. — Elle consiste en la formation du tube nerveux, dorsalement dans le plan de symétrie. Ce tube procède du rappro- chement de bourrelets marginaux à la plaque neurale. Un renfle- ment antérieur de ce tube constitue la vésicule céphalique primitive. Croissance et organisation de l’embryon et de la larve : Font saillie d’abord une paire d’ébauches pronéphrétiques et trois paires de capsules sensorielles autour desquelles s’organise le crâne. Presque en même temps apparaissent les ébauches de la bouche et des narines (simples dépressions), et le bourgeon caudal. Toutes ces ébauches vont évoluer : la queue s’allonge et acquiert une nageoire, les branchies externes se digitent, l’organe adhésif se constitue, la bouche acquiert des lèvres papillées, des denti- cules, un bec corné, les yeux deviennent fonctionnels, un tube anal se constitue. Cependant, ces dernières acquisitions s’accompagnent de l’oper- culation des branchies externes, de la régression de l’organe adhésif, de la constitution de branchies internes. Métamorphose : Elle consiste en le développement des pattes postérieures, puis des pattes antérieures. Elle se termine par la régression des bran- chies internes remplacées par des poumons, et par la régression de la queue, la substitution d’une fente cloacale au tube anal. Ainsi la larve adaptée à la vie aquatique devient un animal terrestre. Quarante jours sont nécessaires, à 20° C, pour constituer, à partir de l’œuf, un jeune crapaud long de 7,5 mm. III. — INTÉRÊT DE L’ÉTUDE PRÉCÉDENTE L’étude du développement embryonnaire et larvaire du Disco- glosse permet de définir un stade critique, passage de l’état embryonnaire à l’état larvaire, et aussi de mettre en évidence le fait que la plus ou moins grande richesse en vitellus d’un œuf contraint l’embryon à une éclosion plus ou moins précoce. A. — Stade critique Durant la vie embryonnaire, la queue présente une croissance alloinétrique majorante par rapport à la croissance du tronc et de la tête réunis; chez la larve, la croissance de la queue est isomé- trique par rapport à celle de la tête et du tronc réunis. La repré- PROCÈS-VERBAUX 75 sentation graphique de ces faits conduit, par rapport à des coor- données logarithmiques, au tracé de deux droites dont la rupture de pente indique le stade critique qui correspond au moment où l’embryon acquiert des organes nouveaux et devient une larve. Ce stade, déjà observé chez de nombreux autres Batraciens Anoures et même chez des Poissons, pourrait bien être d’ordre général chez les Vertébrés. B. — - Eclosion précoce L’œuf du Discoglosse est peu chargé en vitellus. L’éclosion a lieu au stade du bourgeon caudal, bien avant que n’apparaissent les branchies externes. Ainsi s’exprime la nécessité, pour l’animal, de puiser tôt sa subsistance dans le milieu extérieur. Dans la même famille des Discoglossidés, AI y tes, qui possède un œuf très chargé en vitellus, éclôt après que les branchies externes ont disparu sous les opercules. Ainsi, les développements comparés du Discoglosse et d’Alytes permettent de vérifier que l’animal éclôt à un stade d’autant plus avancé de son développement que la charge en vitellus de l’œuf est plus grande. Ce fait pourrait bien être lui aussi d’ordre général. Remarquons en effet que chez les Insectes holométaboles, en parti- culier, l’éclosion est d’autant plus précoce que la charge vitelline de l’œuf est plus faible; dans les divers groupes, c’est la variation des charges vitellines qui, déterminant le moment de l’éclosion, engendre ainsi la diversité des formes larvaires. Recherches écologiques sur la faune interstitielle des sables du Bassin d’Arcachon par Mme J. Renaud-Debyser De 1955 à 1960 des recherches sur la faune interstitielle furent poursuivies sur le pourtour du Bassin d’Arcachon et en particulier sur la plage d’Eyrac. Les résultats ayant été publiés dans un supplément à Vie et Milieu, 1963 C1 *), il ne sera donné ici qu’un bref résumé de ce travail. Après un historique des recherches antérieures sur le méso- psammon des plages, l’auteur expose quelques techniques dont la mise au point lui a permis de prospecter systématiquement le sédiment intertidal : prélèvement au carottier démontable (Benaud- Debyser 1957), extraction de la faune par lavage (appareil Boisseau 1957), comptage précis dans un dispositif spécial. Grâce à de telles méthodes, la prospection faunistique a pu être basée tout au long de ce travail sur des échantillons de sable ayant tous un volume de 75 cm3. Les prélèvements ayant été (1) Supplément n° 15, 157 p., 72 fig., 6 pl., Vie et Milieu, Bulletin du Laboratoire Arago, Banyuls-sur-Mer (P.-O.) ; chez Hermann, 115, boule- vard Saint-Germain, Paris (6e). 76 SOCIÉTÉ LIMNÉEMNE DE- BORDEAUX accompagnés de mesures physico-chimiques, les données faunisti- ques ainsi recueillies ont pu être comparées sur le plan écologique. L’orientation des recherches a été la suivante : 1° Répartition horizontale et verticale des espèces dans la zone intertidale sur le pourtour et les bancs de sable du Bassin d’Arcachon. Prospection établissant un fait nouveau : sauf en cas de colmatage important du sédiment, la faune interstitielle n’est pas limitée à la surface du sable, ni à la nappe d’eau d’imbibition, ni à Phorizon de résurgence, mais peut coloniser la totalité de l’estran, parfois jusqu’à 1 m de profondeur. 2° Données précises sur les densités de peuplement du haut en bas de Festran d’Eyrac, et sur la zonation des espèces en rapport avec les conditions physico-chimiques du sédiment (granulométrie, tassement...), les fluctuations de la nappe d’eau d’imbibition, les variations saisonnières (température, salinité, apport nutritif...) et enfin l’influence du rythme de la marée (circulation de l’eau dans le sédiment, oxygénation, déplacement de la faune...). 3° Des observations portant sur l’éthologie et l’écologie de nombreuses espèces ont pu être vérifiées grâce à des expériences de peuplement de sables stériles (sable siliceux d’Arcachon ou sable calcaire en provenance d’un récif corallien) effectuées dans la plage même d’Eyrac, en 1956 et 1957. I. — CONDITIONS GÉOGRAPHIQUES ET OCÉANOGRAPHIQUES DU BASSIN D’ARCACHON Entouré de sédiments sableux pliocènes et de dunes actuelles, le Bassin d’Arcachon est une échancrure de la côte des Landes qui communique avec l’Océan Atlantique par les « Passes ». De nom- breuses observations hydrologiques et sédimentologiques montrent qu’il peut être considéré comme présentant des conditions d’es- tuaire. Il est peu profond et devient de plus en plus envasé à mesure que l’on s’éloigne de l’Océan. La salinité soumise aux variations des courants de marée et à la pluviosité diminue des « Passes » vers le fond de la baie. L’homogénéité de la taille et de la nature des grains de sable formant ses plages rend le Bassin d’Arcachon très favorable à une étude écologique comparée de sa faune interstitielle. IL — CARACTÈRES DU BIOTOPE SABLEUX DU BASSIN D’ARCACHON Le biotope formé par le sable intertidai est un milieu très spécial dont le degré d’habitabilité est régi par la taille des espaces inter- stitiels et les conditions physico-chimiques qui y régnent. L’espace habitable a donc été étudié en détail et ses caractéristiques, compre- nant la taille des grains, leurs données granulométriques, leur forme, leur nature et leur arrangement selon le tassement ont été PROCÈS-VERBAUX 77 envisagés simultanément. A Areaehon, le sable de diamètre moyen compris entre 275 et 325 microns est presque entièrement siliceux, à grains subsphériques et très bien classé. De nombreuses courbes granulométriques confirment son homogénéité. Cependant, si l’on veut envisager l’espace poral lui-même ménagé entre les grains de sable par les modalités du tassement, de nombreux calculs et expé- riences (en particulier l’application des méthodes de Graton et Fraser, 1935), dès 1956, prouvent que du haut en bas de la plage et selon la pente, les courants de marée et les caractéristiques granulo- métriques, l’espace habitable peut varier entre 46 et 38 % du volume total du sédiment. En effet, les éléments fins entraînés vers le bas de la plage en colmatent les interstices à mesure que la pente diminue et que le tassement augmente. C’est donc cet espace habitable (dont le volume est donné dans des tableaux correspon- dant à la taille et à l’arrangement des grains) et la perméabilité elle-même qui règlent en premier lieu les possibilités de coloni- sation du sable par la faune interstitielle. A l’intérieur de la plage, la nappe d’eau d’imbibition joue un rôle important et influe sur les conditions d’habitat. Ses pulsations très complexes ont été étudiées en détail à Eyrac. Le rôle des vagues et des courants de marée ont pu être mis en évidence en étudiant l’instabilité, la semi-stabilité et la stabilité des plages du Bassin d’Arcachon s’étendant de l’Océan vers le fond de la baie. A mesure que l’on s’éloigne de l’Océan, les plages deviennent maJ irriguées, s’envasent et la faune interstitielle ne peut plus coloniser que la pellicule de surface du sédiment. Les plages les plus favorables sont celles de la partie moyenne du Bassin d’Arcachon, où la force des vagues est déjà atténuée, et la circulation de l’eau suffisante pour éviter le colmatage. Les variations saisonnières de température et de salinité ont été étudiées en détail, tant en ce qui concerne l’eau de mer rythmée par la marée que l’eau interstitielle de la nappe d’imbibition sous- jacente. Les teneurs en oxygène dissous et matière organique ont été discutées ainsi que les variations de pH. III. — PRINCIPALES ESPÈCES ET LEUR RÉPARTITION DANS LES DIFFÉRENTES PARTIES DU BASSIN D’ARCACHON Des listes de faune, dont presque toutes les espèces sont nouvelles pour le Bassin d’Arcachon, ont été établies. Les prélèvements ont été effectués dans les trois parties du Bassin, aux stations suivantes : Partie océanique, plages instables : Rive Nord : Hortense; Rive Sud : La Salie, Le Moulleau; Station intermédiaire : Banc d’Arguin. 78 SOCIÉTÉ LINNÉENNE DE BORDEAUX Partie moyenne, plages semi-stables : Rive Nord : Camp Américain, La Vigne; Rive Sud : Eyrac; Station intermédiaire : Ile aux Oiseaux (Ouest), Bancot. Fond de la baie, plages stables et colmatées : Rive Sud : L’Aiguillon, La Hume; Rive Nord : Jean de Boye; Station intermédiaire : Ile aux Oiseaux (Est). Résultats faunistiques Au point de vue quantitatif, la répartition de la faune suit les grandes divisions hydrologiques et sédimentologiques du Bassin et confirme les observations sur le colmatage des espaces interstitiels. La partie océanique est en général moins peuplée (moyenne de 110 individus par 75 cm3 de sable) que la partie moyenne (300 indi- vidus) ; le fond de la baie présentant des résultats hétérogènes, avec une population en général abondante en surface et nulle à partir de — 10 cm de profondeur, ou bien riche, même en profondeur, à Jean de Boye. Au point de vue qualitatif , cet échantillonnage du Bassin a permis de dresser des cartes de répartition et des tableaux de fréquence des espèces de la liste faunistique suivante : Cnidaires ï Protohydra octopodides Remane et Halammohydra vermiformis Swedmark et Teissier. Echinodermes ï Leptosynapta minuta (Becher). Turbellanïés s Promesostoma sp., Convoluta shulzei Ax, Promo- notus marcei Ax. Nématodes : les Epsilonématidés Bathepsilonema pustulatum Gerlach et Metepsilonema hagmeieri Steiner furent les seules étudiées parmi les très nombreuses espèces récoltées. Il faut noter aussi Desmoscolex frontalis Gerlach. Gastrotriches : Turbanella cornuta Remane, Turbanella hyalina Schultze, Paraturbanella teissieri Swedmark, T etranchy roder ma massiliense Swedmark, Macrodasys sp., Thaumas l ode r nia hei- deri Remane, Diplodasys minor Remane, Aspidiophorus mari- nas Remane, Chaetonotus sp., Xenotrichula pygmaea Remane, Xenotrichula velox Remane. Echinodères s Cyclorhagus sp. Rot itères : Colurella dicentra (Gosse), Colurella colurus Ehrenberg, Encentrum marinum (Dujardin), Encentrum rousseleti (Lie- Pettersen), Lindia tecusa Harrings et Myers. Archiannélides s Protodrilus pardii Gerlach, Diurodrilus minimus Remane, Dinophilus gyrociliatus (Schmidt), Trilobodrilus hei- deri Remane et N erillidium sp. Armélides polychètes s Hesionides arenarius Friedrich, Stygo- PROCÈS-VERBAUX 70 capitella subterranea Knôllner, Manayunkia estuarina Bourne et Platynereis dumerili Audouin et Milne-Edwards. Larves de Phyllodociens, de Nereis et de Sphaerosyllis. Oligochètes s Michaelsena subterranea Knôllner, Michaelsena sp. et Aktedrilus m o no s p e rn mt lie c u s Knôllner. Tard i grades s Batillipes mirus Richters, Batillipes pennaki Marcus, Batillipes littoralis Renaud-Debyser, Batillipes phrea- ticus Renaud-Debyser, Halechiniscus remanei Sehulz, Stygarc- tus bradypus Sehulz et Orzeliscus belopus Sehulz. Mollusques s Opisthobranches : Microhedyle sp. Acariens : Copidognalhus sp. Ostracodes s Cyprideis littoralis Brady et Robertson, Micro- cythere subterranea Hartmann. Mystacocarides s Derocheilocaris remanei f. biscayensis Dela- mare Deboutteville. Gopépodes harpacticides : Arenosetella germanica Kunz, Areno- setella pectinata Chappuis, Arenosetella mediterranea Chap- puis, Pararenosetella leptoderma (Klie), Parastenhelia spinosa (Fischer), Schizopera nana Noodt, Robertgurneya intermedia Bozic, Nitocra typica Bœck, Leptomesochra elongata Bozic, Leptomesochra eulitoralis Noodt, Leptomesochra confluens Nicholls, Leptomesochra tenuicornis Sars, Leptomesochra sp., Paramesochra constricta (Nicholls), Paramesochra sp., Steno- caris pygmaea Noodt, Evansula incerta (Scott), Leptastacus aberrans Chappuis, Leptastacus laticaudatus Nicholls, Paralep- tastacus spinicauda (T. et A. Scott), Psammastacus confluens Nicholls, Arenopontia subterranea Kunz, Arenopontia stygia Noodt, Psammotopa vulgaris Pennak, Psammotopa polyphylla Noodt, Psammotopa phyllosetosa Noodt, Rhyzothrix gracilis (Scott), Rhyzothrix reducta Noodt, Laophontina acantha Noodt, Paralaophonte brevirostris (Claus). Isopodes ; Eurydice afjinis Hansen. Amphipodes (x) : Haustorius arenarius (Slabber), Talitrus saltator (Montagu), Bathyporeia robertsoni Bâte. En ce qui concerne les Gopépodes Harpacticides, l’abondance et la variété des espèces récoltées ont permis une étude comparée des facteurs régissant leur répartition dans le Bassin d’Arcachon. Les espaces lacunaires du sable, les niveaux intertidaux et la salinité étant parmi les principaux. (1 ) Amphipodes déterminés par M. B. Salvat. 7 80 SOCIÉTÉ LINNÉENNE DE BORDEAUX IV. m COMPOSITION QUALITATIVE ET QUANTITATIVE DES BIOCÉNOSES ET SES VARIATIONS A EYRAC Des sondages fréquents, effectués du haut en bas de la plage, ont permis de connaître les constituants fondamentaux de la biocé- nose et ses variations. De très nombreux diagrammes basés sur des coupes de plage, illustrent la répartition des peuplements en tenant compte de Finfluence de facteurs écologiques prépondérants tels que : niveau intertidal, profondeur du sable, nappe d’eau interstitielle, varia- tions saisonnières de la température, la salinité et la nourriture. Les grands froids de février 1956 ayant provoqué une hécatombe de 20 à 50 % de la faune, le repeuplement de la plage a été suivi pendant six mois, à l’aide de carottages effectués aux mêmes empla- cement tous les mois. Des diagrammes en isolignes ont pu être construits grâce à ces résultats; iis montrent l’évolution des popu- lations et le déplacement des espèces à l’intérieur de la plage de mars à août 1956. Les groupes ou espèces suivants ont été étudiés à cet égard, il s’agit de : Bathepsilonema pustulatum et du groupe des Nématodes; des Annélides polychètes Hesionides arenarius et Stygocapitella subterranea; de l’Archiannélide Protodrilus pardii ; de TOligochète Michaelsena subterranea ; du Gastrotriche Turbanella cor nuta; du Mystacocaride Derocheilo caris remanei f. biscayensis ; et enfin des Tardigrades Batillipes miras et Stygarctus bradypus. Au cours de cette étude sur le repeuplement de la plage, des renseignements tout à fait nouveaux ont pu être obtenus sur le taux de reproduction des espèces et leur faculté d’effectuer de fortes pullulations. Il a été possible aussi de constater leur possibilité de déplacement dans le sédiment, l’ampleur de ces « migrations » ayant pu être mesurée grâce à des expériences de peuplement de places vides. V. 9É PEUPLEMENT DES SABLES STÉRILES EXPÉRIENCE D’EYRAC Trois tubes en fibrociment de 70 cm de long sur 12 cm de dia- mètre et remplis de sable débarrassé de toute faune, furent enfouis dans la plage, dans des positions différentes, permettant une circu- lation plus ou moins active de Peau de mer à chaque marée. Quelques jours après (10 octobre 1956), les 21 échantillons de sable, de 75 cm3 chacun, étaient extraits des tubes et étaient tous peuplés par la faune interstitielle. . Les possibilités de déplacement des différentes espèces présentes ont pu ainsi être évaluées en rapport avec la circulation de Peau dans le sédiment. Dans la plupart des cas, les possibilités de « migrations » de chaque espèce purent être en partie expliquées par leurs particularités morphologiques; celles-ci inhibant ou favorisant les mouvements des individus dans les espaces lacunaires. PROCÈS-VERBAUX 81 Une autre expérience a porté sur la nature du sédiment. D’un sable corallien entièrement calcaire, il ne fut conservé, après tamisage, que la fraction se rapprochant par la taille des grains de celle formant la moyenne de la taille des grains d’Arcachon. Ce sable calcaire fut enfoui dans la plage à côté d’un échantillon témoin de sable d’Arcachon (stérile également). Quelques jours après (17 juillet 1957), on constatait que le sable calcaire était presque aussi peuplé que le sable siliceux. Mais si les peuplements étaient également riches dans les deux cas, en revanche le nombre des espèces présentes dans le sable corallien était beaucoup moins grand. Les Copépodes Harpacticides, par exemple, en nombre égal dans les deux sables, n’étaient représentés que par deux espèces dans la fraction calcaire, alors que douze espèces différentes peu- plaient la fraction siliceuse. Pour d’autres groupes d’individus de la faune interstitielle, on a pu constater également le peu d’exigence de certaines espèces vis-à-vis de la nature du substrat, alors que d’autres, en plus grand nombre, ne peuvent s’adapter à un sédi- ment différent. En résumé, dans le cadre de cette expérience, on a pu confirmer une loi biocénotique : un milieu moins favorable permet le peuplement d’un moins grand nombre d’espèces, mais d’un plus grand nombre d’individus d’une même espèce. VI. — INFLUENCE DU RYTHME DE LA MARÉE La percolation de l’eau dans le sable à chaque marée influe sur les déplacements et les concentrations de la faune interstitielle à chaque marée. Pour connaître les modalités d’action du flot et du jusant sur la faune, des recherches ont été entreprises pendant les marées de morte-eau. Elles ont été basées sur l’étude de carottages effectués toutes les deux heures pendant la durée com- plète de la marée (douze heures). Trois stations ont fait l’objet de ces carottages répétés : deux étaient atteintes par la mer (HMME) et la troisième (HMVE) ne l’était pas. L’étude comparée de la faune récoltée dans les 119 échantillons a montré qu’à la station non perturbée par le flot, la composition de la biocénose varie peu, alors qu’elle s’altère en différentes proportions aux stations sou- mises au flux. Ceci n’a pu être mis en évidence qu’à l’aide d’une représentation graphique spéciale : les diagrammes triangulaires. Au point de vue des concentrations ou déplacements de la faune, il a été montré qu’il existe une certaine profondeur où se maintient la plus forte densité de peuplement. Ce « centre de gravité de la population » se déplace au cours du rythme de marée.' Ces déplacements très complexes, vu le nombre d’individus en jeu (10 000 individus environ ont été prélevés à chaque station), ont pu être mis en évidence pour différents groupes ou espèces, grâce à l’emploi des courbes de fréquence cumulatives , dans lesquelles le « centre de gravité de la population » est l’équivalent de la médiane. A la lumière de ce procédé graphique, on voit qu’à la 82 SOCIÉTÉ LINNÉENNE DE BORDEAUX station non atteinte par le Ilot, le « centre de gravité » se tient toujours à la même profondeur. Aux deux autres stations, il fluctue plus ou moins, sans toutefois suivre le rythme de la marée d’une manière rigoureuse. Un retard est souvent observé pour différentes espèces, alors que pour le groupe des Harpacticides (Paralep- îastacus spinicauda) les concordances sont plus satisfaisantes. CONCLUSIONS Ce travail montre le parti que Ton peut tirer de prélèvements nombreux et précis pour l’étude de la biocénose que forme le méso- psammon des sédiments intertidaux. Il éclaire le problème peu connu de la composition quantitative et qualitative des peuplements interstitiels, ses variations saisonnières, ses déplacements et sa distribution par rapport au niveau intertidal et à la nappe d’eau interstitielle. Une telle précision dans l’étude de la distribution des espèces permet de faire la jonction et aussi la disjonction avec le domaine des eaux souterraines littorales se mélangeant à l’eau de mer à chaque marée, dans la nappe d’eau d’imbîbition. Une zonation pré- cise des espèces, dont ce travail est une des premières ébauches, autorise à envisager dès maintenant une classification des étages littoraux basée sur les espèces interstitielles et leurs biocénoses. Laboratoire d’ Anatomie Comparée de la Faculté des Sciences de Bordeaux. Laboratoire d’ Anatomie et d’ Histologie Comparées de la Faculté des Sciences de Paris. Institut de Biologie Marine d’Arcachon . Contribution à l’étude micropaléontologique (Ostracodes) et stratigraphique des affleurements du Blayais par Mme O. Ducasse Parmi les lieux classiques du Paléogène nord-aquitain, les affleu- rements du Blayais, en amont de l’estuaire de la Gironde et sur sa rive droite, représentent une source d’étude particulièrement intéressante. L’ensemble de ces terrains, inclinés en direction Nord-Ouest - Sud-Est, permet de reconstituer la coupe type du Paléogène supé- rieur girondin et d’en étudier les différentes variations de faciès. Ils ont fait l’objet d’études approfondies et souvent controversées de la part de nombreux auteurs, mais aucun jusqu’ici ne s’est intéressé à la microfaune d ''Ostracodes. Ces microorganismes, toute- fois, apportent une contribution valable à la connaissance micro- paléontologique et à l’établissement de la stratigraphie de ces affleurements. ENVIRONS DE BLAYE ( Gironde ) © A Emplacement des affleurements PROCÈS-VERBAUX 83 COUPE « BLAYE, CARRIÈRE DE LA CITADELLE » X : 363,75 Y : 319,15 Cette coupe consiste en une falaise sur les berges de la Gironde, haute de 10 à 12 m, supportant un monument historique dit « La Citadelle », construit par Vauban. Seuls les niveaux de base de cet escarpement rocheux (jusqu’à environ 4 m du sol) ont été étudiés. Ces derniers sont constitués par des calcaires détritiques, zoo- gènes, localement plus marneux, au sein desquels s’intercale une assise argilo-sableuse de teinte ocre, riche en débris ligniteux et coquilliers. La microfaune d’Ostracodes recueillie à la faveur de cette coupe est riche et diversifiée (voir tableau). Elle nous permet de séparer très nettement les bancs calcaires supérieurs à ossements de verté- brés marins (côtes d ’Halitherium) des formations sous-jacentes comprenant les assises calcaires basales et le « falun » argilo- gréseux médian. Dans ces derniers niveaux, les Ostracodes sont principalement représentés dans les calcaires marneux inférieurs et se raréfient dans les faciès argileux sommitaux. L’association faunique se rapproche de celle observée à l’Eocène moyen en sondages, en de nombreux points au Nord du bassin aquitain et nous permet d’attribuer à ces horizons de base de la Citadelle un âge identique : Eocène moyen. Dans les bancs calcaires supérieurs, au toit des argiles, des modifications d’ordre faunique interviennent. Certaines espèces des niveaux sous-jacents ne se retrouvent plus, en particulier : Pokornyella moyesi Ducasse, Trachyleberis lichen ophora (Bosquet), Leguminocythereis striatopunctata (Rœmer), L. magna Ducasse, L. grignonensis (Apostolescu) , Uroleberis parnensis (Apostolescu) , U. striatopunctatum Ducasse, U. sp. 2, Paracypris ?, Cytheretta sp. 3, Cytherella nmnsteri (Rœmer), C. sp. i; en revanche, de nouvelles formes se manifestent et prolifèrent, telles : Quadracythere aposlo - lescui Ducasse, Cytheretta sculpta Ducasse, Schuleridea perforala (Rœmer), Bradleya approximata (Bosquet), Monsmirabilia foveo- lata (Bosquet), Cyamocytheridea aff. heizelensis (Keij). D’après les résultats d’études antérieures, un renouvellement semblable de la faune s’observe au passage de l’Eocène moyen à l’Eocène supérieur. Ainsi, les calcaires supérieurs de La Citadelle formant la presque totalité de la falaise étudiée, appartiendraient vraisemblablement déjà à l’Eocène supérieur. Ils affleurent jusqu’à Plassac. PLASSAC « COUPE DE LA FALAISE » X : 365,30 Y : 316,15 A l’Ouest du village, au pied de la falaise, dans les passées mar- neuses et calcaréo-sableuses divisant les bancs calcaires, nous avons retrouvé une microfaune d’Ostracodes comparable à celle 84 SOCIÉTÉ LINNÉENNE DE BORDEAUX clés calcaires supérieurs de La Citadelle (voir tableau). Elle s’est enrichie toutefois de trois espèces nouvelles : Leguminocythereis cellulata Ducasse, Pokornyella sp. 4, P. ? brevis Ducasse, qui se retrouvent et se développent principalement dans les dépôts plus récents des coupes suivantes. Leur présence nous autorise à placer ces niveaux de Plassac au-dessus des bancs calcaires supérieurs étudiés de La Citadelle. COUPE « BLAYE, CARRIÈRE DE L’OCTROI » X : 364,90 Y : 317,45 Elle se situe dans une carrière désaffectée à proximité de la nationale 669, à la sortie Sud de l’agglomération de Blaye. Ici, affleurent les termes très supérieurs de la formation du calcaire de Blaye. Ces derniers sont représentés par des calcaires grossiers, jaunâtres, marno-détritiques, très fossilifères et caractérisés princi- palement par l’apparition de deux nouvelles espèces d’Ostracodes : Pokornyella blayensis Ducasse, Leguminocythereis compressa Ducasse et par le plus grand développement de Bradleya œrtlii Ducasse. Ils sont recouverts de calcaires marneux et marnes verdâ- tres dites à « Ostrea cucullaris », elles-mêmes surmontées de lam- beaux de calcaire lacustre peu visible en ce point. Ces niveaux de marnes ostréennes, puissants de quelques mètres, renferment une microfaune d’Ostracodes moins diversifiée que celle des horizons calcaires sous-jacents toutefois plus riche en raison du développe- ment exubérant de certaines espèces dont : Bradleya œrtlii Du- casse, Cyamocytheridea aff. heizelensis (Keij), Indet. yen. I faboides (Bosquet), Schizocythere tessellala (Bosquet), Schuleridea perforata (Rœmer), Paracytheridea brusselensis (Keij), P. gradata (Bosquet), Porkornyella blayensis Ducasse, Cytheretta sculpta Ducasse, Cythe- rura sp. 2, Cylheromorpha sp. i, C. sp. 2. Il s’agit là de faciès régressifs laguno-marins correspondant à ceux rencontrés au sommet de la série éocène dans les sondages de la région bordelaise et de l’Entre-deux-Mers. Ces argiles vertes sont également visibles vers l’Est jusqu’à Plassac où affleurent largement les calcaires lacustres du sommet de la carrière de l’Octroi. Ils font l’objet d’exploitation en carriè- res; les géologues régionaux les désignent sous le nom de « Calcaire de Plassac ». Ils se présentent sous forme de calcaires durs, gris- beiges, parcourus de veines argileuses vertes, et s’avèrent dépourvus d’Ostracodes. Ils forment encore la base des falaises de Villeneuve- de-Blaye et de Roque-de-Thau puis, en raison du plongement géné- ral des couches en direction du Sud-Est, s’ennoient sous les assises sédimentaires plus récentes. PLASSAC « COUPE DE LA BUTTE » X : 365,40 Y : 317 Ces calcaires lacustres, entre Blaye et Plassac, sont recouverts par des argiles marneuses, formant une sorte de talus dont le GIRONDIN _ s N M 0 tn 9 ÉTUDIÉS S' s' OSTRACODES j. g s j£ | s Ui ;! if! 1 ! i ^ a ^Jifg li'iü!,1 iiii;i;”lli?!!Mî!. tîiiîfiiyyiiiüfiîiiiîfiîiiiJi Formations régionoles AGE D'APRÈS . LES OSTRACODES Etoges fÏ J Il il 1 1 II M J il h iii ,, j ïl J 3 ! Z i H ° s “m i i r PROCÈS-VERBAUX 85 sommet est couronné par de nouvelles barres de calcaire coquil- lier alternant avec des niveaux marneux riches en microfaunc. Les Ostracodes recueillis dans ces horizons marneux sommitaux témoignent d’une nouvelle incursion marine qui serait encore d’âge éocène supérieur. L’ensemble faunique (voir tableau) est caracté- risé par la présence de nouvelles espèces dont : Leguminocythereis barbensis Ducasse, L. sp . 2, Brachycythere ? frederica (Aposto- lescu), Pokornyella inæquapunctata Ducasse, Cytheretta reticulatn Ducasse et par l’épanouissement de certaines formes pré-existantes dans les couches plus anciennes des coupes précédentes telles : Bradleya œrtlii Ducasse, B. approximata Bosquet, B. angusticostata (Bosquet), Krithe bartonensis (Jones), Trachyleberis ? horrescens (Bosquet), Uroleberis, Leguminocythereis cellu lata Ducasse, Pokor- nyella blayensis Ducasse, P. sp. 4, P. ? longicosta Ducasse, P. ? brevis Ducasse. Au-dessus de ces argiles marneuses, correspondant vraisembla- blement aux « Marnes à Ostrea bersonensis », ^ensemble des cou- ches du sommet de la butte nous semble représenter un équivalent latéral du calcaire de Saint-Estèphe. Vers le Sud-Est, à Villeneuve-de-Blaye, à la faveur d’une saignée dans un talus face à la Gironde, il est encore possible d’observer les différents termes sus-jacents au calcaire de Plassac. Ce dernier est surmonté en effet par une épaisse série d’argile vert-blanchâtre dont l’ensemble a fourni une microfaune très pauvre, des oogones de characées, aucun Ostracode. Ce nouvel épisode argileux, équivalent latéral des « marnes à Ostrea bersonensis », suggère en même temps qu’un retour à des conditions marines, des influences lacustres très nettes. L’emplacement de la coupe étudiée a dû à cette époque être très proche de la limite d’extension de la mer éocène. Au-dessus de ces argiles, des calcaires marno-sableux brun- jaunâtre, coquilliers (1,50 m environ), forment le sommet de la coupe. Dans ces niveaux, quelques espèces d’Ostracodes sont repré- sentées chacune par un petit nombre d’individus, le plus souvent en mauvais état de conservation : quelques Bairdia, Bradleya œrtlii Ducasse, Pokornyella inæquapunctata Ducasse, P. blayensis Ducasse, Cytheretta reticulata Ducasse, Schuleridea perforata (Rœ- mer), Cytherelloidea dameriacensis Apostolescu. Il s’agirait là d’un faciès latéral très côtier des formations mari- nes rencontrées au sommet de la butte entre Blaye et Plassac, et attribuées au « Calcaire de Saint-Estèphe ». Ce calcaire de Saint-Estèphe est particulièrement bien repré- senté dans la coupe suivante : COUPE « VILLENEUVE-DE-BLAYE, BOIS DE BARBE » X : 366,25 Y : 314,10 Cette dernière est visible dans la tranchée ouverte par la route 86 SOCIÉTÉ LINNÉENNE DE BORDEAUX nationale n° 669 et nous montre une des modalités de la nature du contact Eocène-Oligocène. Elle peut se subdiviser en trois parties qui se succèdent en continuité apparente : — La partie inférieure comprend, de la base au sommet, des niveaux argilo-sableux à nodules calcaires, puis des couches alter- nantes de calcaire grossier à Milioles à patine ocre, enrobant des galets argileux verts et de sable calcaire argileux. Les Ostracodes recueillis dans l’ensemble de ces assises corres- pondant au « Calcaire de Saint-Estèphe » sont principalement représentés dans les niveaux tendres marno-sableux intercalés entre les bancs calcaires. L’ensemble faunique est particulièrement riche (voir tableau) et suggère des conditions marines de dépôt, toutefois d’eau peu profonde. Il est intéressant de signaler dès la base l’apparition de nouvelles espèces dont les principales sont : Echinocythereis multicostala Deltel, Pokornyella aff. galeata (Reuss), Hermanites alata Ducasse. — La partie médiane comprend des sables fauves et des grès à stratification entrecroisée, épais de 3,50 à 4 m environ. Ces sables nous ont livré une microfaune d’Ostracodes fortement appauvrie par rapport à celle des niveaux sous-jacents, remaniée et très mal conservée. La partie supérieure, débutant par un falun rougeâtre, est représentée par des calcaires coquilliers à Anomies riches en osselets d’Astéries, à cachet oligocène. L’ensemble de ces faciès sus-jacents au calcaire de Plassac : « argiles à Ostrea bersonensis » et « Calcaire de Saint-Estèphe », affleure à nouveau, à quelques kilomètres au Sud-Est des coupes précédentes, à la sortie du village de Roque-de-Thau. La falaise au pied de laquelle passe la route départementale n° 22 E, nous montre, au-dessus des calcaires de Plassac plus ou moins crayeux, blanc-beiges à la base, des argiles brunes ou verdâ- tres, sableuses, très peu fossilifères, dépourvues d’Ostracodes, ayant fourni par contre des oogones de characées. Ces argiles sont recouvertes par un calcaire argilo-silteux égale- ment dépourvu d’Ostracodes. Il supporte des argiles plastiques vertes à concrétions calcaires dans lesquelles ont été retrouvés en mauvais état de conservation de rares représentants des genres Bairdia, Pokornyella, Xestoleberis, Loxoconeha, Quadracythere (vraisemblablement Q. macropora [Bosquet]). Il semble que nous soyons là en présence de niveaux d’âge oligocène sans pouvoir donner plus de précisions. En ce point, le mode de succession et la nature des assises sédi- mentaires indiquent un Eocène terminal à tendance laguno- lacustre beaucoup plus accusée qu’à Villeneuve-de-Blaye. Pendant la totalité de l’époque considérée, remplacement de Roque-de-Thau PROCÈS-VERBAUX 87 est entièrement resté à la limite extrême des oscillations marines régionales. A quelques kilomètres au Sud-Est de la coupe de Roque-de-Thau, à Marmisson, Gau ri a c (Château Poyanne) et La Mayanne, il est très intéressant d’observer le retour à un Eocène terminal marin, témoin des vicissitudes probables de la ligne de rivage. MARMISSON « COUPE DANS LE VILLAGE » X : 366,65 Y : 312,5 A Marmisson, au-dessus de niveaux argilo-marneux peu fossili- fères, équivalents plus marins des argiles laguno-lacustres à « Ostrea bersonensis » des falaises de Villeneuve-de-Blaye et Roque-de-Thau, le Calcaire de Saint-Estèphe est représenté par des bancs de calcaire marneux à débris de Pecten, Anomies et Oursins séparés par de minces couches intercalaires d’argile ealcaréo-sableuse. il renferme une microfaune marine d’Ostracodes riche et variée (voir tableau) comparable à celle recueillie à l’affleurement de « Bois de Barbe », toutefois moins diversifiée. GAURIAC - CHATEAU POYANNE (COUPE DU TUNNEL) X : 367,10 Y : 312,25 A Gauriac, dans une carrière à proximité de Château Poyanne, les derniers termes de l’Eocène consistent en des argiles plastiques vertes surmontées de bancs calcaires à huîtres et échinodermes, au sein desquels les Ostracodes sont principalement représentés (voir tableau). L’ensemble faunique est légèrement appauvri par rapport à celui des niveaux correspondants de Marmisson. Au-dessus de ces calcaires se sont déposés successivement de fines alternances d’argile verte et de sable calcaire, puis des cal- caires élastiques à galets argileux, riches en débris organiques, à stratification entrecroisée. Ces formations renferment une micro- faune d’Ostracodes pauvre, à cachet oligocène certain. A La Mayanne, le calcaire à Astéries repose sur des assises argilo- gréseuses assimilables au Calcaire de Saint-Estèphe, témoignant de faciès plus côtiers qu’à Marmisson ou Gauriac. A l’Est de La Mayanne, le « Calcaire à Astéries » constitue l’élé- ment essentiel du Paléogène supérieur; il forme l’ensemble des coteaux qui bordent la vallée de la Gironde et de la Dordogne entre Roque-de-Thau et Saint-André-de-Cubzac. Le matériel argileux des formations éocènes de l’anticlinal de Blaye (Gironde) par B Boutot, A.Klingebiel et Ci. Latouche Les diverses formations éocènes constituant l’anticlinal de Blaye ont été souvent décrites dans la littérature géologique classique (Fabre, 1939). Leur dénomination habituelle évoque le lieu où elles 88 SOCIÉTÉ LINNÉENNE DE BORDEAUX sont le mieux représentées ou rappelle un de leurs « fossiles carac- téristiques ». Cependant, elles ne présentent pas partout le faciès de leur «localité-type»; leur identification, Finterprétation des modifications latérales de faciès et la détermination de lacunes de sédimentation deviennent alors fort délicates. Il apparaît dès lors nécessaire de rechercher de nouveaux critères de reconnaissance. En ce qui concerne les formations marneuses et argileuses, il nous paraît utile de considérer la nature du matériel argileux. Pour une première étude, nous avons choisi la coupe du coteau de Sainte-Luce, au Sud de Blaye (fi g, 1), où, grâce à de bons affleu- rements, on observe en superposition directe toute une série de formations de PEocène supérieur sous leur faciès typique : . — La «formation supérieure» du Calcaire de Blaye (Veillon, Vigneaux, 1961), dont l’épaisseur visible est ici d’une dizaine de mètres, a été observée pour sa partie inférieure en contrebas de la route nationale 669, à l’occasion de travaux de terrassements effectués au droit des bacs de stockage de pétrole construits sur la plaine alluviale. La partie supérieure de cette formation est bien connue dans la « Carrière de l’Octroi » ouverte de l’autre côté de la route. On note, à la base de cette formation, des calcaires bioclastiques plus ou moins consolidés et pratiquement dépourvus de matériel argileux, bien qu’ils contiennent 10 % de sable quartzeux. Il s’y intercale cependant une couche marneuse, pulvérulente, surmontée par un niveau à côtes d’Eotherium , assez comparable à celui que l’on observe plus au Nord au pied de la falaise de La Citadelle. Dans la partie supérieure, au sein des calcaires à Milioles, quelques joints légèrement marneux peuvent être recueillis. Les couches sommitales à Mollusques et Echinodermes, toujours un peu mar- neuses, sont plus favorables à une étude des argiles. — Les « couches à Ostrea cucullarîs » qui surmontent les calcai- res sans discontinuité apparente de sédimentation sont essentiel- lement marneuses et relativement dolomitiques. Elles fournissent une faune assez abondante où dominent les huîtres dont elles portent le nom. Leur puissance approche la dizaine de mètres. — Le « Calcaire lacustre de Plassac », épais de 5 à 6 m, est ici représenté à la base par un calcaire lithographique renfermant de rares moulages de Limnées,' puis par des marnes blanches azoïques. Les formations terminales de FEoeène supérieur sont repré- sentées ici par des faciès littoraux essentiellement argileux : — - à la base, sur une dizaine de mètres d’épaisseur, ce sont des argiles bistres et verdâtres ayant un aspect relativement homogène. Elles renferment des niveaux à Ostrea hersonensis et à leur sommet, des marnes à Sismondia occitana, Echinopsis et Mollusques. Ces dernières représenteraient, selon A. Fabre (1939, p. 163), un équi- valent latéral du sommet du Calcaire de Saint-Estèphe; 400 m. 300 m 200m. Montmorillonite fllIlH) lllite Kaolinite Attapulgite PROCÈS-VERBAUX 89 — au sommet, formant la butte de « Pré Videau », affleurent des niveaux de calcaires marneux à Anomies et Huîtres couronnés par un banc lumachellique. Malgré de petites variations de détail liées aux particularités lithologiques de chacun des niveaux étudiés, le cortège de miné- raux argileux caractérise bien chacune de ces formations (fig. 2). Le mélange en proportions sensiblement égales de montmoril- lonite, illite et kaolinite rencontré dans le « Calcaire de Blaye » se retrouve partout dans les faciès calcaires de l’Eocène supérieur du Nord de l’Aquitaine. Dans ces calcaires essentiellement zoogènes, l’abondance de la kaolinite apparaît liée à la persistance d’une fraction détritique grossière non négligeable. La nature « alumi- neuse » des illites reflète bien, cependant, le caractère franchement marin du milieu de sédimentation. Bien qu’ayant la même composition globale, le matériel argileux des marnes à Ostrea cucullaris, diffère de celui des calcaires sous- jacents par l’apparition de traces de chlorites et la dégradation avancée des illites (Klingebiel, Latouche, 1962). On y observe une diminution progressive de la kaolinite vers le toit de la couche. Ces modifications illustrent assez bien, avec d’autres cri- tères (dolomitisation, faune), l’évolution du milieu de sédimen- tation vers des conditions lagunaires ou tout au moins beaucoup plus littorales, sans qu’il y ait de modifications notables de la qualité du matériel terrigène, si ce n’est son appauvrissement en éléments grossiers. Les Marnes et Calcaires lacustres de Plassac, par contre, sont bien caractérisés par l’association illite-attapulgite, habituelle dans les milieux lacustres riches en Si, Ca et Mg (Millot, 1957). L’iden- tification de l’attapulgite aux rayons X a été confirmée par une étude au microscope électronique qui a permis de reconnaître ce minéral d’aspect typiquement fibreux. L’évolution de la sédimentation argileuse ainsi constatée dans cette série de formations traduit un phénomène général de régres- sion, en fin de cycle sédimentaire. Les minéraux argileux provien- nent d’un matériel terrigène de composition constante; ils ne sont que légèrement modifiés en milieu marin; ils subissent des trans- formations plus importantes en milieu lagunaire et sont entière- ment néoformés en période de sédimentation chimique et en milieu laguno-lacustre. Nous sommes ainsi amenés à adopter, du point de vue stratigra- phique, une conception antérieure (Fabre, 1939, p. 165, et Veillon- Vigneaux, 1961) qui incluait en un même cycle de sédimentation la formation supérieure du Calcaire de Blaye, les marnes à O. cucullaris et le Calcaire de Plassac. Les argiles sus-jacentes ont un cortège bien différent remar- quable par sa pauvreté en montmorillonite. L’état de dégradation relative des illites et l’abondance de la kaolinite témoignent du 90 SOCIÉTÉ LINNÉENNE DE BORDEAUX caractère littoral du milieu du dépôt. Ces minéraux soulignent également une modification du matériel terrigène qui semble corres- pondre à un changement du cadre paléo-géographique où la mont- morillonite ne peut être conservée. Ce minéral ne réapparaîtra en quantités notables qu’avec la sédimentation carbonatée qui a donné les bancs marneux et calcaires du sommet de la coupe. Conclusions La composition minéralogique du matériel argileux permet de distinguer dans les formations éocènes du coteau de Sain te -Lu ce, deux grands groupes de sédiments appartenant à deux cycles sédi- mentaires différents. En particulier, elle permet d’opposer deux formations argileuses ou marneuses (Argiles à O. cucullaris et Argiles à O. bersonensis ) qui, ayant le même rôle dans la topogra- phie locale, pourraient être confondues en l’absence de faune caractéristique. Ces différences de composition peuvent être déce- lées en dépit des transformations pédogénétiques superficielles. Cependant, il convient de souligner que ces données n’ont encore qu’une valeur locale, les variations latérales de faciès si fréquentes dans la couverture de cet anticlinal où ont régné, le plus souvent, des conditions de sédimentation alternante, n’étant pas encore suffisamment bien connues. Bibliographie Fabre (A.). — 1939. — Description géologique des terrains tertiaires du Médoc. Thèse Sciences, Bordeaux, Drouillard, impr., Bordeaux. Klingebiel (A.) et Lâtquche (C.). — - 1962. — Etude cristallographique des illites, dans les séries éocènes du Bordelais. C. R. Acad. Sciences , Paris , 215, PP- 142-144. Millot (E.), Radier (H.) et Bonifas (M.)J — 1957. — La sédimentation argileuse à attapulgite et montmorillonite. B. $, G. F. (6), pp. 425-434. Veîllon (M.) et Vigneaux (M.). — • 1961. — Stratigraphie des calcaires de Blaye (Gironde). C. R. Acad . Sciences , Paris , :25'2i, pp. 2575-2577. 1 45° Fête Lïnnéenne, 23 juin 1963, à Rauzan (Gironde), chez M. Lave ni et* Présidence de M. R. Caujolle, Vice-Président. Communie at ions. — M. M. Larroque : Présentation de plantes des environs de Rauzan (non publié). M. P. Lavenier : Les Morilles dans l’Entre-deux-Mers. MM. R. Sabo- et F, Massart : Découverte d’une Amanite nouvelle dans le département de la Gironde : Amanita asteropus nov. sp. PROCÈS-VERBAUX 91 Les Morilles dans l’Entre- deux-mers par P. Lavenier La pousse des Morilles, dans notre Entre-deux-Mers, dure un mois environ, quelquefois moins si les chaleurs ou la sécheresse la contrarient. Jamais plus, même si les circonstances demeurent favorables : pluie et soleil. Elle se situe, en gros, en mars et avril. En 1962, les Morilles ont fait leur apparition le vendredi 30 mars, pour disparaître le jeudi 30 avril. En 1963, le début de la pousse s’est placé le samedi 30 mars, et sa fin le dimanche 25 avril. Il faut remarquer cependant que 1962 et 1963 sont des années froides, où la végé- tation en général a été ou est en retard sur la normale, tout au moins au début du printemps. Après les gelées de février, les giboulées de mars sont un facteur favorable à l’apparition des Morilles, mais plus encore la période transitoire qui se place entre ces giboulées et les rosées d’avril. La température s’est alors adoucie et peut s’élever à 11° dès 8 heures le matin, à 13° dans la journée. C’est donc vers 12°, en moyenne, que la température devient favorable. Elle concorde avec l’apparition de la Pézize veinée, à odeur de chlore, Disciotis veinosa Boudier, qui parfois précède de peu les Morilles et pousse sur les mêmes terrains. Où trouver des Morilles ? Il faut distinguer ici deux cas. Celui des Morilles adnées d’abord : Morchella vulgaris Boudier, M. rotunda Boudier (auxquelles on peut joindre Mitrophorci hybrida Boudier) et M. crassipes Krombholz., que l’on rencontre surtout dans les « côtes ». Ce vocable, que j’emprunte à mon illustre compatriote Onésimc Reclus, natif de Sainte-Foy-la-Grande, désigne les flancs boisés des vallons secondaires où coulent les ruisseaux, petits affluents de la Dordogne. Vallon de Cantemerle, à Rauzan, vallon de Lugas- son-Roquefort, vallon de Méignas - Sallebouc, vallon de l’Engrène de Frontenac à Saint-Jean-de-Blaignac. Ils sont plantés d’Ormeaux, de Frênes, d’Acacias, de Coudriers. Le sol peut être rocheux (carrières de Fourroux, de Charron, de Frontenac), argileux ou argilo-siliceux (terres à Vigne). Les Moril- les se plaisent là où foisonnent Pulmonaire, Violettes, Arum Pied- de-Veau, etc.; mais on n’en trouve pas dans les zones trop humides, à Carex, Prèles, Iris. En ce qui concerne les Morilles distantes, à alvéoles séparés du pied par une vallécule, l’habitat est différent. Morchella costata Vent, et M. liortensis Boudier sont liées aux cultures. On les trouve sur trois ou quatre substratums princi- paux : le marc de pomme, le marc de raisin, les marrons d’Inde, les fanes et tubercules de topinambour. 92 SOCIÉTÉ LINNÉENNE DE BORDEAUX Le cas de Morchella conica Pers. est encore différent : on la trouve sous les Conifères, dans les parcs et les jardins. Enfin, rappelons que M. spongiola Boudier var. dune mis pousse dans les dunes du littoral atlantique. Dans tous les cas, un support végétal humique semble indispen- sable : humus de feuilles et de samares d’Ormeau et de Frêne, marc de pommes ou de raisin, feuilles de Marronier d’Inde et marrons, fanes et tubercules de Topinambour. Je dis « semble », car j’ai plusieurs fois rencontré M . vulgaris sur des pierres nues ou simplement moussues. Après quinze ans environ de recherches et cueillettes, j’en suis venu à penser que les Morilles présentes chez nous, en Entre- deux-Mers, sont limitées aux espèces citées ci-dessus, c’est-à-dire Morchella vulgaris (Pers. ex Fries) Boudier, M . rotunda (Pers. ex Fries) Boudier, M. crassîpes Krombholz, M. hortensis Boudier, M. costata Vent, et Mitrophora hybrida (Sow. ex Pers.) Boudier. Il est avéré que l’étude systématique des Morilles est l’une des plus difficiles, parmi les Macromycètes. Ceci tient à la variabilité de la forme et de la couleur, à l’altération de celle-ci sous l’in- fluence de l’humidité ou de la sécheresse, au petit nombre de caractères utilisables et enfin à l’uniformité des critères microsco- piques. Ce genre de Champignon, passionnant entre tous, doit inciter les chercheurs comme les savants à la modestie : le déterminateur, dit Roger Heim, devra peser l’ensemble des caractères, par évalua- tion raisonnée surtout, et seule une pratique basée sur de nombreux examens peut lui apporter une assurance à ce propos. Découverte d’une Amanite nouvelle dans le département de la Gironde par R. Sab© et F. Massart J’ai le plaisir, à l’occasion de la 145e année de la fondation de la Société Linnéenne, de porter à votre connaissance la découverte en Gironde, d’une nouvelle Amanite, que plusieurs de mes collègues connaissent déjà et dont je ne peux aujourd’hui que vous présenter des documents aux lieu et place du Cham- pignon. Si vous me le permettez, je vais retracer ici cette découverte qui remonte à l’année 1956. Les premiers exemplaires ont été trouvés le 23 juillet, au Taillan, à proximité du Camp de Tanaïs. Le 16 juillet, même découverte à Martignas, sur la route du Temple, à mi-chemin entre le Champ de tir du Camp de Souge et le village de Martignas. Enfin, le 2 août, à Peyrigueys, près du village de Vendays, à quelques kilomètres de l’Océan. PROCÈS-VERBAUX 93 Sur ces trois stations» les Amanites ont été trouvées en grand nombre» sous taillis de Chênes et sur terrain siliceux. J’ai retrouvé» les années suivantes» ce Champignon à peu près à la même époque et sur les mêmes stations que la première fois, à savoir : Année 1957 : le 20 juillet : Le Taillan; le 24 juillet : Martignas; le 5 août : Peyrigueys. Année 1958 : le 27 juillet : Le Taillan; le 2 août : Segonne (nouvelle station» quelques exemplaires) ; le 5 septembre : Martignas; le 8 septembre : Peyrigueys. Année 1959 : été sec : pas de poussée. Découverte d’une nouvelle station, le 6 septembre, au Moutchic, près de l’étang de Lacanau» après pluies d’orage. Le 8 novembre, quelques exemplaires récoltés à la suite d’une excursion de la Société à Gazînet (les Sources). Année 1960 : Je ne pus faire aucune visite des stations indiquées ci-dessus, et ce n’est qu’en fin septembre que je trouvais pour la première fois» dans le bois de Buffeteau, près de Martre (région de Sauve- terre -de-Guyenn e) » deux de ces Amanites sur terrain argilo-calcaire. De nombreuses circonstances m’ont empêché par la suite de suivre ce Champignon» et je vais compléter ici ces renseignements par les observations de M. Massart, à qui j’avais fait connaître cette Amanite. Dates des récoltes et stations découvertes par M. Massart : Année 1960 : le 10 juillet : Lamothe-Lescure (Eysines) ; Bernones, commune de Listrac-Médoc; Le Salzet» route du Médoc (km 21). Derniers exemplaires récoltés à Bernones» le 25 septembre. Année 1961 : le 16 juillet : Bernones. Nombreux exemplaires récoltés fin juillet - début août, après pluies d’orage» sur les stations ci-après : Eysines» Le Salzet» Germignan» Lignan (terrain argileux et sujets beaucoup moins nombreux que par ailleurs). Derniers sujets récoltés au Salzet» le 24 août. Année 1962 : néant. 94 SOCIÉTÉ LINNÉENNE DE BORDEAUX Avant de vous faire la description de ce champignon, je me permets d’ouvrir une parenthèse sur les points suivants : MM. Larroque et Caujoliæ m’ont accompagné en 1958 à la station du Taillan. M. Lubin a trouvé sur terrain argileux cette Amanite sous taillis de Chênes et de Châtaigniers, aux Bons-Enfants. M. Massart a présenté en 1960 ce Champignon à M. Parrot, auteur des Amanites du Sud-Ouest de la France. M. Lavegnier a montré, en 1958, à M. Roumagnaisi, la planche ci-après accompagnée d’une description sommaire du Champignon. Enfin, M. Caujolle et M. Larroque m’ont signalé la présence de cette Amanite, pour le premier dans la région Nord de Toulouse (Haute-Garonne), pour le second à Saint-Vincent-de-Paul (Landes). Ecologie. — A la suite de ces observations qui se sont étalées sur cinq années, on peut dire que cette Amanite, jusqu’à présent, fait son apparition lorsque les mois de mai et juin sont pluvieux, entre les première et deuxième quinzaines de juillet, et qu’elle peut être récoltée jusqu’à fin septembre suivant les lieux et la saison. D’autre part, qu’elle pousse aussi bien sur terrain siliceux qu’argileux ou argilo-calcaire, en remarquant qu’elle est plus abon- dante dans les sables qu’ailleurs. Elle affectionne en particulier les taillis de Chênes, mais peut se rencontrer également sous Chênes et Charmes, Chênes et Châtaigniers, Chênes et Pins mêlés, jamais sous Pins purs, enfin taillis de Chênes où croissent l’ajonc épineux (Ulex europæus) et la Fougère grand-aigle. Cette Amanite est une espèce robuste et de grande taille qui peut atteindre 20 cm de hauteur et parfois 18 cm de diamètre de chapeau. Elle croît en cercle et également en chaîne. Caractères macroscopiques Chapeau : à cuticule séparable et légèrement lubrifié sur le frais, par temps humide, pour devenir ensuite satiné par le sec. Il est d’abord campanulé, puis convexe, ensuite plan mamelonné une fois développé. Sur les vieux exemplaires, il est parfois concave. Le chapeau à chair blanche est en général orné au sommet de larges plaques submembraneuses légèrement ocracées, mais peut être souvent entièrement nu car le bulbe étant parfois pro- fondément enterré, lors de la croissance du carpophore, le voile général peut se trouver retenu dans l’humus. La couleur du chapeau est blanc-crème, avec une teinte de beurre frais au sommet. Elle passe ensuite au blanc-ivoire. Le chapeau porte de nombreuses maculations brun-roux qui vont s’agrandissant avec le développement du champignon. Sur les sujets jeunes, la chair a une odeur raphanoïde lorsqu’on l’écrase avec les doigts; elle disparaît sur les sujets âgés. Elle n’a pas de saveur. PROCÈS-VERBAUX 95 Amanita asteropus Sabo (Amanite à pied étoilé) Nov. spéc. Différents stades de développement du Champignon. Lamelles : très serrées, libres, blanches puis crème. Pied : concolore au chapeau, très épaissi à la base sur les sujets jeunes, farci puis creux. Il est parfois pelucheux au-dessous de l’anneau, celui-ci blanc-crème, très haut placé, large, mince et très légèrement strié, souvent déchiré et parfois fugace. Le pied, au bulbe fortement marginé, sans rebord, présente le caractère très particulier d’être entaillé en étoile à cinq ou six branches. Sur les sujets jeunes, ces entailles sont largement ouvertes et peuvent se prolonger au-dessus du bulbe. Sur les sujets âgés, elles sont moins apparentes, mais la trace y subsiste toujours. Le pied brunit fortement au toucher (brun-roux foncé après quelques heures), et sa forme est hémisphérique. Spores : blanc pur en masse, hyalines sous le microscope, globuleuses, d’une dimension variant entre 10 et 12 g. Elles sont très nettement amyloïdes. 8 a SOCIÉTÉ LINNÉENNE DE BORDEAUX 1)0 Caractères microchimiques Réactions au fur fur al (par M. le Professeur Laubie) En quelques minutes, la chair du chapeau et les lamelles présen- tent une coloration rouge-orangé ou rouge sang intense, en remarquant que les lamelles se colorent très rapidement et le plus intensément. Sur Amanita Citrina, la même réaction au furfural donne une coloration jaune d’abord, ensuite orangée. Cette différence très nette des caractères macrochimiques permet de dire que ce Champignon ne peut être considéré comme étant une variété de A. Citrina. De l’ensemble de ces notes que je viens de vous communiquer, il résulte que cette Amanite, par le faisceau de caractères bien particuliers qu’elle présente, fait partie d’une nouvelle espèce que l’on peut rattacher à mon avis au groupe Amanita Gilbert (spores globuleuses et amyloïdes). D’autre part, elle n’a jamais été signalée par M. Parrot, auteur des << Amanites du Sud-Ouest de la France », MM. Kuhner et Romagnaisi dans la Flore analytique des Champignons supérieurs, ni dans l’Iconographico mycologica de B re s s ado la où figurent les 73 planches des Amanitacées de E. J. Gilbert (supplément 1), ni dans d’autres ouvrages de mycologie ainsi que les bulletins de la Société Mycologique de France, etc., ni dans les Actes de la Société. En conclusion, de part la forme particulière de son pied en bulbe étoilé, nous appellerons cette nouvelle Amanite : AMANITA ASTEROPÜS SABO (Amanite à pied étoilé) Nov. spéc. A la suite de cette communication, M. Massart a confirmé les observations qui ont été faites sur ce Champignon. Rauzan, le 23 juin 1963. Roger SABO. Réunion du 5 octobre 1963 Présidence de M. M. Vigneaux, Président. Le Président rend hommage à la mémoire du Docteur A. Baudri- mont, Président honoraire de la Société Linnéenne, récemment décédé. Personnel. — Sur avis favorable du Conseil, M. P. Bernède, 41 bis, quai des Chartrons, Bordeaux (Mycologie, Biologie), M. A. Carré, 25, rue du Bocage, Caudéran (Botanique), M. L. de la Gué- PROCÈS-VERBAUX 97 ronière, Ingénieur Agricole à Néac, par Pomerol (Gironde) (Myco- logie, Botanique), M. C. Latouche, 13, rue Massenet, Le Bouscat (Géologie), M. C. Rouzeau, 167, chemin de Noes, Pessac (Gironde) (Mycologie), M. G. Vallet, 75, rue Groignard, Les Routes, Toulon (Var) (Entomologie) sont admis comme Membres titulaires de la Société. Démission. — Le Bureau enregistre la démission de M. G. Gaillou, 28, place Gambetta, Bordeaux. Décès. — Le Docteur A. Baudrimont, Président Honoraire de la Société, par M. G. Tempère. 98 SOCIÉTÉ LINNÉENNE DE BORDEAUX “ IN MEMORIAL ” Le Docteur ÉDOUARD- ALBERT BAUDRIMONT (1883-1963) Président Honoraire de la Société Linnéenne de Bordeaux Par A. ARGILAS et G. TEMPÈRE Le mercredi 14 août 1963 au matin, par une pluie d’orage, les linnéens qui, en cette période de vacances, n’étaient pas éloignés de Bordeaux, se trouvèrent réunis dans la Chapelle de l’Hospice Pellegrin pour rendre les derniers devoirs au Docteur A. Baudri- mont, leur Président Honoraire, qui venait d’être emporté par un infarctus. Pour beaucoup d’entre eux c’était plus qu’un Collègue qui dispa- raissait, mais un ami véritable. A. Baudrimont faisait partie de la Société Linnéenne depuis 1906. Son attachement et son dévouement à notre Compagnie ne cessèrent jamais d’être profonds. Très tôt, il fut choisi par ses collègues pour remplir des fonctions de secrétariat; puis il devint, à trois reprises, Vice-Président. Mais, étant de ceux qui n’acceptent une fonction que s’ils sont certains de pouvoir faire face aux obligations qu’elle entraîne, il ne voulut pas devenir Président bien que, par deux fois, on Fait fortement sollicité. Ses occupa- tions professionnelles, en effet, l’empêchaient d’être présent à toutes les Fêtes Linnéennes, et il n’admettait point que le Prési- dent ne fût pas en mesure de jouer son rôle primordial à cette importante manifestation annuelle de la vie de notre Société. Quand il eut pris complètement sa retraite, en 1956, ses collè- gues, alors, eurent la joie de le voir occuper le fauteuil présidem tiel qui l’attendait depuis longtemps. Par la suite, quand son mauvais état de santé nous interdit l’espoir de lui voir reprendre une fonction active, il nous fut donné encore une joie, celle de lui conférer le titre exceptionnel de Président Honoraire, titre réservé aux anciens Présidents qui ont rendu à la Société des services éminents tels le Docteur B. Llaguet et le Doyen Chaîne, eux aussi disparus. A. Baudrimont, homme de science, médecin, universitaire, avait été précédé dans ces carrières par son grand-père et son père. Le Docteur Alexandre Baudrimont, son grand-père, occupait, au milieu du siècle dernier, une chaire de Professeur à la Faculté des Sciences de Bordeaux. R donnait un enseignement hautement apprécié. Ses nombreux travaux de physico-chimie touchent à des questions diverses, tant dans le domaine de la Science pure que dans celui des applications, notamment en agronomie. Sur PROCÈS-VERBAUX 99 certains points de physique moléculaire, nature des colloïdes par exemple, on doit le considérer comme un hardi précurseur. Son père, le Docteur Edouard Baudrimont, fut médecin des Hôpitaux de notre ville. *** Ces exemples traçaient la voie de Baudrimont qui devenait, en 1910, Docteur en médecine, avec une thèse G) dans laquelle se manifeste déjà son orientation de biologiste. Il n’eut pas longtemps, hélas ! pour exercer son activité dans la vie civile. Dès la déclaration de guerre, en août 1914, il fut mobilisé comme médecin militaire. Il fit une grande partie de la campagne en première ligne sur le front de France. Puis de juillet 1917 à avril 1918, il fit partie d’une mission chirurgicale française en Russie (1 2). Revenu à la vie civile avec trois galons, la Croix de la Légion d’Honneur et la Croix de Guerre, Baudrimont, pour assurer sa situation à la Faculté de Médecine, où il était préparateur au Laboratoire d’Histologie du Professeur G. Dubreuil, et aussi fortement tenté par les études de sciences pures, se mit courageu- sement à préparer les deux certificats de Licence ès Sciences natu- relles (Botanique et Zoologie générales) qui devaient lui permet- tre de conquérir ensuite le grade de Docteur ès Sciences. Ses obligations universitaires et professionnelles (il avait un cabi- net de médecine générale) lui laissaient peu de temps à consacrer à ses nouvelles études. Pourtant, grâce à son goût prononcé pour les sciences naturelles en général, poussé par son dynamisme, muni de connaissances étendues, il surclassait aisément les étu- diants plus jeunes. D’une quinzaine d’années plus âgé que ses compagnons d’étude, cela ne l’empêchait pas d’être pour eux un « camarade » charmant. Un modèle aussi à tous égards. Jamais, par exemple, ses saillies qui jaillissaient si facilement et si fréquemment, ne s’exerçaient aux dépens de ses Maîtres qu’il aimait et qu’il respectait. En 1929, il devenait Docteur ès Sciences avec ses thèses dont la principale, de valeur indiscutable, s’intitule : « Dispositifs musculaires et élastiques du poumon des Vertébrés. - Etude histo- logique et histophysiologique ». Entre temps, en collaboration avec le Docteur Marc Beylot, il publiait, en 1923, le « Cahier de Travaux pratiques d’Histologie », presque entièrement illustré par lui de dessins remarquables. Ce volume très apprécié des étudiants français, connut trois éditions. (1) Influence de la lumière et de ses radiations sur les êtres vivants. - Son application au traitement des plaies au moyen de pansements colorés. (2) Il a laissé de ce voyage un volume polycopié : « Souvenirs et paysages de Russie. - Carnet de route d’un médecin » (rédigé en 1935 et paru seulement en 1963). 100 SOCIÉTÉ LINNÉENNE DE BORDEAUX La dernière fut traduite en portugais, à l’usage des étudiants en médecine d’Amérique latine. Ce succès aidant, ce « Cahier » devint, par la suite, l’excellent « Manuel théorique et pratique d’Histologie » (1950 et 1957) en deux volumes puis en un seul, dû à la collaboration du Profes- seur G. Dubreuil et d’A. Baudrimont, qui avait succédé à son ami M. Beylot, comme Chef des Travaux d’Histologie à la Faculté de Médecine de Bordeaux. Et c’est en qualité de Chef de Travaux que notre regretté ami a atteint l’âge de la retraite. Il était aussi chargé de cours, car la Faculté, en une période difficile, eut la chance de pouvoir utiliser ses qualités d’enseignant. L’un de nous fut son élève aux Travaux pratiques d’Histologie; l’autre, en quelque sorte, son collaborateur, à l’occasion de travaux d’histo- logie. Nous avons ainsi, l’un et l’autre connu l’étendue de ses connaissances dans une spécialité délicate; son souci de précision, son désir d’intéresser les étudiants à une science dédaignée par certains qui la considèrent comme mineure. Et pourtant, aucune démarche en anatomo-pathologie ne peut être faite sans base solide d’histologie normale. Bien plus, l’habitude d’observer patiemment au microscope développe au plus haut point la faculté d’attention. Saisir l’ensemble d’un coup d’œil, fouiller le détail, rassembler les points communs, établir une hiérarchie dans les différences, élimi- ner l’accidentel, mais retenir le fortuit parce qu’on l’aura reconnu comme une clé ouvrant sur des perspectives nouvelles, n’est-ce pas là, en fin de compte, le métier de l’histologiste ? Et certainement c’est un des meilleurs moyens de former un esprit aux disciplines scientifiques et plus généralement de l’apprendre à raisonner. On a pu être surpris que Baudrimont n’ait pas accédé à des fonctions plus élevées avec ses diplômes, ses qualités intellectuelles, son éducation. Et puis, il y avait une espèce de charme qui se dégageait irrésistiblement de cet homme pétillant, au visage ridé profondément, ayant gardé longtemps la jeunesse dans ses yeux clairs sous une magnifique chevelure blanchie très tôt, gai malgré ses soucis, ouvert à tous, curieux de tout, attirant la sympathie, l’amitié, et tout naturellement, comme d’autres les repoussent. En effet, constatons-le, il n’est pas monté là où d’autres de sa génération ont réussi à accéder apparemment d’une manière plus facile, servis parfois par une chance qui ne lui a certes pas été fidèle. Peut-être aussi n’a-t-il rien fait pour que cette aveugle n’accoure vers lui, il n’a lancé aucun appel, sa dignité lui interdisait. L’ambition ni l’envie ne l’ont jamais tourmenté. Il se résignait, au point d’accepter sans rancœur le geste de certains de ses camarades de jeunesse, devenus « patrons », qui l’évitaient ostensiblement dans la rue ou dans la Faculté. Modeste, il l’était sans affectation. Modeste, il l’était avec les humbles. Il avait l’intrigue en horreur et le mépris des contingences maté- rielles qui cependant l’ont souvent rappelé au sentiment de la PROCÈS-VERBAUX 101 réalité. Attentif au moindre signe d'amitié ou de détresse, il prenait les soucis des autres avant de chercher à guérir les siens. Intraitable sur tout ce qui pouvait attenter aux libertés élémen- taires et essentielles de l’Homme, il semblait parfois comme four- voyé dans notre dur monde d'aujourd'hui dont il redoutait le contact; il lui arrivait, quand trop de difficultés l’assaillaient, de dire plaisamment qu’il s’en fallait de peu qu’il devint anarchiste. Voilà certainement tout ce qui empêche de réussir. Et malgré tout il a rempli avec conscience les fonctions qu’il avait acceptées. Il tenait à rendre son enseignement de Travaux pratiques d’Histologie de plus en plus agréable et efficace. C’est dans cet effort continu, jusqu’à sa retraite, qu’il a trouvé sa récompense. Médecin praticien, Baudrimont commença par la médecine générale. Il était aimé de ses malades, à qui il apportait, avec sa science, le réconfort d’un gai optimisme. Mais la médecine géné- rale devenait rapidement une lourde charge tant il mettait de conscience à soigner et de cœur à consoler. L’un de nous eut l’occasion de s’en rendre compte, un soir qu’il dînait chez lui, la veille de l’épreuve écrite du Certificat de Zoologie. Le Docteur Baudrimont avait alors, dans sa clientèle, un petit malade dont l’état lui inspirait de vives inquiétudes. Il ne rentra dîner qu’après être passé voir l’enfant. Il y retourna dans la soirée et puis encore de bonne heure, le matin, avant de se rendre à la Faculté. Ce n’était pas là, sans doute, des conditions favorables pour affronter un examen. Pourtant, Baudrimont eut la meilleure note, sur les cinq ou six candidats (c’était en novembre 1921..) qui se présen- taient en même temps que lui. Il vint un jour où ses charges universitaires ne lui laissant plus le temps de se consacrer à une clientèle médicale importante, Baudrimont fut amené à abandonner la médecine générale, pour se spécialiser. C’est alors qu’il devint médecin gynécologue consul- tant, à Saint-Sauveur, station des Pyrénées. Cette spécialisation lui convenait parfaitement; il n’était rien moins que misogyne, com- prenait ses malades et savait leur parler. Et aussi, cela lui donnait la possibilité de retourner, chaque été, dans une région qu’il appréciait au plus haut point car il aimait les Pyrénées, la botanique et la zoologie. En septembre 1945, l’un de nous eut le plaisir de passer quelques jours à Saint-Sauveur, pour y effectuer des recherches entomo- logiques. Il y avait été attiré par l’amitié de Baudrimont, en compagnie de qui il put avoir la joie de faire plusieurs sorties de Naturalistes. C’est au cours d’une de ces excursions, à Pragnères exactement, que, dans un biotope aujourd’hui disparu à la suite des travaux d’aménagements électriques, fut recueilli un minuscule Coléoptère de la famille des Staphylinides. Cet insecte représentait une espèce 102 SOCIÉTÉ LINNÉENNE DE BORDEAUX nouvelle nommée Scopæus (Stilpon) Baudrimonti Coiffait 1952. Le Type unique enrichit la collection de l’un de nous. Cet hommage est bien faible à un Naturaliste que ne laissait indiffé- rent rien de ce qui touchait à la flore, à la faune et à l’histoire de ses chères montagnes. Si la médecine et l’histologie constituaient ses domaines profes- sionnels et s’il s’y adonnait avec toute la passion qui le caracté- risait, Baudrimont n’a jamais cessé d’avoir le regret d’une carrière purement biologique, d’une carrière de Naturaliste. Combien de fois ne l’avons-nous pas entendu déplorer de ne pouvoir étudier plus souvent, sur le terrain, les Plantes ou les Insectes. Aussi, une joie, vers la fin de sa vie, qui a pu atténuer ses tourments physiques et moraux, a été de voir le dernier de ses fils, Roland, entamer à la Faculté des Sciences de Bordeaux, dans le Laboratoire de M. le Professeur Dangeard, une carrière de Botaniste, que rien ne devrait empêcher d’être brillante. Aussi bien, notre jeune collègue est-il celui de ses fils qui le rappelle le plus, par le physique et par la forme de l’écriture. Cette ressemblance, sans doute, s’étend plus loin. Et, pour nous, c’est une sorte de consolation que de le voir, au sein de notre Société, remplacer le disparu. La place qu’occupait ce dernier, dans la Société, était grande, nous l’avons dit déjà. Grande par l’attachement qui le liait au milieu linnéen; grande par son constant dévouement; grande encore par l’estime et l’affection que lui portaient ses collègues. L’esprit en éveil pour toutes les questions, il lui arrivait d’ani- mer nos séances, de les passionner même, de façon parfois impré- vue, mais toujours pleine d’intérêt. A, Baudrimont, nous l’avons souligné, était un homme tout de délicatesse et de sensibilité. Il se trouvait parfois que cette sensibilité confinât à la susceptibilité. Lorsqu’il exposait les résultats de ses observations, et il ne le faisait qu’après s’être entouré de toutes les garanties possibles, il n’admettait pas volontiers qu’on vint le contredire, surtout quand la critique était maladroite ou non fondée. Il s’ensuivait parfois des discussions animées qui pouvaient rebondir de séance en séance. Nous pensons, en écrivant ces lignes, aux échanges de vues sur l’attirance des insectes par la mer (à propos de la « chasse à la marée»); à la musique du Hanneton du Pin; surtout à la position de l’œuf qui chemine dans l’oviducte de la Poule. Nous ne pouvons évoquer, sans une émotion amusée, cette période héroïque (1923-1924), durant laquelle les linnéens se divi- saient plaisamment en « grosboutistes » et en « petitboutistes » comme conséquence d’une controverse dont notre ami Baudrimont était l’un des protagonistes. Et nous ne pouvons résister au plaisir d’en narrer brièvement les circonstances. Ce sont là, d’ailleurs, PROCÈS-VERBAUX 103 des faits qui illustrent certains aspects du caractère de notre regretté collègue, ainsi que sa façon d’argumenter. En ce temps là, l’un des Doyens de notre Compagnie était Fernand Lataste. Cet aimable vieillard à la barbe de patriarche, était retiré à Cadillac, après une longue carrière de Naturaliste et de voyageur. Il nous a laissé des travaux remarquables, notam- ment sur les Reptiles et les Mammifères. Possesseur d’un nombreux poulailler, F. Lataste s’adonnait à l’étude des œufs anormaux pondus fréquemment par quelques-unes de ses poules. Pour expli- quer certains cas tératologiques, il avait été amené à admettre que, nécessairement, l’œuf devait cheminer dans l’oviducte de l’Oiseau, le gros bout en avant, c’est-à-dire tourné du côté du cloaque. Il ne pouvait, assurait-il, du point de vue mécanique, en être autrement. Or, Baudrimont avait de sérieuses raisons d’être de l’avis contraire. D’où une première discussion, étayée, du côté de Lataste, du moins, sur des considérations purement théoriques. Piqué au jeu, Bautdrimont s’avisa de marquer d’un coup de crayon, le bout de l’œuf qui se présentait à la sortie, juste avant la ponte. Il se trouva que ce fut toujours le petit bout qui était ainsi repéré. Ce que ne voulait pas admettre Lataste, car cela entraînait l’écroulement de ses théories; il objectait que, dans le cloaque, l’œuf pouvait se retourner. C’était aller contre les idées de Baudri- mont. C’est alors que nous l’entendîmes, un jour nous affirmer, mi-sérieux, mi-enjoué, qu’il en aurait le cœur net, dût-il, pour ce faire, transformer son salon en poulailler. Cette controverse, qui dura plusieurs mois, eut enfin son épilogue à l’une de nos séances de 1924, le 16 mars. On vit ce jour-là notre ami arriver porteur de trois bocaux, chacun conte- nant, dans une solution formolée, un appareil génital complet de Poule avec un œuf dans l’oviducte. Il s’était muni, en plus, de trois cuvettes et d’instruments à dissection. L’un des oviductes fut ouvert par le Professeur Chaîne, un autre par Fernand Lataste, le troi- sième par Baudrimont. Dans chacun l’œuf fut trouvé le petit bout tourné vers le cloaque... Très sportivement, le « père Lataste » vint serrer la main de son contradicteur. Les « petitboutistes » triomphèrent... Il restait à F. Lataste de chercher une explication nouvelle aux anomalies des œufs. La minutie de Baudrimont l’amenait à publier des notes et observations très détaillées à tel point qu’on a pu l’accuser d’être prolixe et d’allonger ses textes. Cette impression ne résiste pas à l’examen. En effet, la précision ne peut aller sans l’exposé des détails, même s’ils sont nombreux, quand ils ont leur utilité. De ses études, il avait appris que tout résultat d’expérience ou d’observation doit être plusieurs fois contrôlé avant d’être rendu 104 SOCIÉTÉ LINNÉENNE DE BORDEAUX public, que le scrupule est la première qualité du chercheur et que le doute scientifique doit être en permanence en éveil dans son esprit. Doute et scrupule scientifiques étaient transposés dans sa vie de médecin et même dans beaucoup d'actes de sa vie courante. Combien de fois Lavons-nous vu, avant de jeter une lettre dans une boîte, vérifier soigneusement si l'enveloppe était bien fermée, si le timbre ne manquait pas et si l’adresse était complète. Même au terme de sa vie de médecin, il lui arrivait de feuilleter les cahiers où il avait consigné les observations d'anciennes malades de Saint-Sauveur et de se demander si dans tel ou tel cas la thérapeutique employée avait été la meilleure. Des décès qu'il avait constatés, jadis, dans sa clientèle bordelaise l’avaient particuliè- rement touché; il en parlait à ses intimes comme des événements intolérables et cherchait encore ce qui aurait pu les empêcher. Sa discrétion, surtout celle touchant le côté professionnel, était absolue. Le contact du malade l’avait rendu pitoyable aux malheureux. Et il fallait qu’une faute fut bien grande pour qu’il n’en cherchât pas excuse. * * * Albert Baudrimont était un artiste. Il maniait avec aisance, même avec talent, le crayon et le pinceau. Son écriture fine, menue, régulière, élégante, était très lisible. Elle garda son allure jusqu’aux derniers jours de sa vie. On pouvait parfois lui dire « qu’il n’avait pas une écriture de méde- cin ». Il répondait alors et avec quelque vivacité, qu’un médecin, plus que tout autre, se doit d’écrire lisiblement... et que, d’une façon générale, s’appliquer à écrire ainsi était une forme du savoir- vivre. C’était là, en raccourci, tout un aspect de ses conceptions des relations sociales. Sa prose dénote le scrupule du mot juste. Sa correspondance était attachante, comme sa conversation. Il sautait rapidement du grave au plaisant, mêlait le gai et le triste et, riant vite pour ne point se plaindre, il cachait, en vérité, pour ne pas importuner ses amis et par un réflexe de pudeur, les déboires et les faux-pas de sa vie, qu’il exagérait dans bien des cas, car il était inquiet, émotif, hypersensible. Il était poète... En 1926, il publia à Bordeaux, sous le pseudonyme d’Albert Daubry, un recueil de poèmes : « Heures qui passent ». Qui a connu Baudrimont le retrouve en entier dans ses pages où il dit son amour de la Nature, ses joies, ses désenchantements et son angoisse d’Homme. PROCES-VERBAUX 105 Voici un extrait de « La cétoine dorée » : « Et dans le fouillis rose brille « Comme une étoile qui scintille « Une cétoine vert et or. « En s’émouvant de sa lumière « Ecrin amoureux de sa pierre « La rose se ferme et s’endort. » Et voici les « : Regrets » : « Car si j’ai l’âge, je n’ai l’âme « Que devrait avoir un vieillard. » Voici encore « L’Epave » : « Je sais une autre épave aussi triste, aussi morte, « Que sur une autre plage une autre mer transporte, « Cette plage est ma vie et l’épave est mon cœur. » Ceux qui ont approché Baudrimont savent que Baudrimont était cela, et plus encore, parce que nos mots privés de vie n’ont pas le rayonnement de Baudrimont vivant; parce que ces mots vou- draient être du cœur et que le cœur est malhabile à s’exprimer car il n’a pas de langage propre, mais emprunté et aussi parce que nous sommes demeurés en deçà des limites qu’il nous aurait certainement tracées s’il avait pu lire par-dessus nos épaules. Ceux qui n’ont pas eu le privilège de le connaître, peut être nous envieront-ils d’avoir eu le bonheur de vivre dans son aura d’amitié. Il donnait avec générosité bien plus que nous pouvions lui rendre. Il était de ceux dont la disparition laisse un vide étonnant. Son souvenir restera vivace dans la mémoire de ses amis désolés. LISTE DES TRAVAUX ET PUBLICATIONS DU DOCTEUR E. A. BAUDRIMONT THESES Thèse de Médecine : Influence de la lumière et de ses radiations sur les êtres vivants. - Son application au traitement des plaies au moyen de panse- ments colorés. (Bordeaux, 1910.) Thèse de Sciences Naturelles : Dispositifs musculaires et élastiques du poumon des Vertébrés. - Etude histologique et histophysiologique. (Bordeaux, 1929.) 106 SOCIÉTÉ LINNÉENNE DE BORDEAUX En collaboration avec E. M. Beylot. — Cahier de Travaux Prati- ques (Vigot, Paris, 1923). 3e éd., la troisième, traduite en portu- gais, en 1932, Rio de Janeiro, 1937. En collaboration avec le Professeur G. Dubreuxl. — Manuel théo- rique et pratique d’Histologie (4e éd., Vigot, 1950). 5e éd., 1959. 1928. — 1928. — 1929. — 1930. — 1932. — 1935. — 1935. — 1938. — 1939. — 1951. — 1955. — MEDECINE THERMALE Saint-Sauveur : climat, sources, action, indications. Bulle- tin Médical de Bordeaux, juillet-août 1927. La cure de Saint-Sauveur dans les états dyspeptiques des utérines. Journal de Médecine de Bordeaux, numéro du 10 mai 1928. L’hydrorrhée thermale. - Considérations sur le mode d’ac- tion de la cure de Saint-Sauveur dans les inflammations chroniques ou refroidies de l’appareil génital de la femme. Gazette hebdomadaire des Sciences Médicales de Bordeaux, n° 10, mars 1929. Doit-on suivre un traitement général préparatoire avant la cure thermale de Saint-Sauveur ? Journal de Méde- cine de Bordeaux, numéro du 20 mai 1930. La cure thermale de Saint-Sauveur dans la psycha- sténie. Journal de Médecine de Bordeaux, numéro du 30 mai 1932. Conduite à tenir en pratique hydrominérale gynécolo- gique pendant la période cataméniale. Journal de Méde- cine de Bordeaux, numéro du 30 juillet 1935. A propos d’un cas d’onychochizie dystrophique et de la cure sulfureuse de Saint-Sauveur dans les maladies par carence soufrée. Journal de Médecine de Bordeaux , numéro du 20 juin 1935. Coccygodynie et cure hydrominérale sulfureuse de Saint- Sauveur. Gazette hebdomadaire, des Sciences Médicales de Bordeaux, numéro du 24 juin 1938. Séquelles postopératoires et cure thermale sulfureuse de Saint-Sauveur. Journal de Médecine de Bordeaux, n° 26-27 des 1er et 8 juillet 1939. Cure thermale sulfureuse au cours de la grossesse. Quels en peuvent être les indications, les avantages et les risques ? Journal de Médecine de Bordeaux, n° 10, octobre 1951. Syndrome entéro-génital et cure thermale sulfureuse. Journal de Médecine de Bordeaux, n° 3, mars 1955. PROCÈS-VERBAUX 107 TRAVAUX BIBLIOGRAPHIQUES, HISTORIQUES ET BIOGRAPHIQUES NOTES DIVERSES 1911. — Note sur l’origine des signes $ , $ , ÿ . P.-V. Soc. Liiui. de Bordeaux , novembre 1911. 1911. — Boutons anciens renfermant des Insectes et des graines. P.-V. Soc. Linn. de Bordeaux, décembre 1911. 1913. — Compte rendu de l’excursion du 9 mars 1913 à Arcachon. P.-V. Soc. Linn. de Bordeaux, avril 1913. 1914. — Compte rendu de la visite faite le 1er mars 1914 par la Société Linnéenne au Musée d’Ethnographie et d’Etudes coloniales de la Faculté de Médecine de Bordeaux. P.-V. Soc. Linn. de Bordeaux, 1er avril 1914. 1916. — Note sur la dénomination de « Champagne pouilleuse ». P.-V. Soc. Linn. de Bordeaux, 1916, t. LXIX. 1920. — Un secret d’Etat sous le Second Empire. Journal de Médecine de Bordeaux, 25 octobre 1920. 1925. — Fragments de verre colorés en violet améthyste. P.-V. Soc. Linn. de Bordeaux, 1925, t. LXXYII 1927. — Alexandre Baudrimont et la chimie colloïdale. Journal de Médecine de Bordeaux, numéro du 25 mars 1927. 1929. — Lors de son voyage aux Pyrénées en 1807, la Reine Hor- tense séjourna-t-elle et fit-elle une cure thermale à Saint-Sauveur ? Bordeaux, Impr. Gounouilhou, 1929. 1930. — Jean Fabas, médecin, poète, philosophe. - Ses idées sur la formation des montagnes, l’origine des productions minérales et plus spécialement des sources thermales. Gazette hebdomadaire des Sciences Médicales de Bor- deaux, n° 7-9 des 16 février et 2 mars 1930. 1945. — Le Docteur Bastien Llaguet, ancien Président de la Société Linnéenne de Bordeaux. P.-V. Soc. Linn. de Bordeaux, séance du 3 octobre 1945. 1957. — Le Professeur Georges Malvesin-Fabre, ancien Président de la Société Linnéenne de Bordeaux. - Notice biogra- phique. P.-V. Soc. Linn. de Bordeaux, t. XCVII, séance du 9 novembre 1957. 1958. — Centenaire de la mort de Jean-François Laterrade, fonda- teur de la Société Linnéenne de Bordeaux. P.-V. Soc. Linn. de Bordeaux, t. CXVII, 8 novembre 1958. 1959. — Centenaire pyrénéen. - Une double cure thermale... et impériale. Journal de Médecine de Bordeaux, n° 4, avril 1959. 108 SOCIÉTÉ LINNÉENNE DE BORDEAUX 1960. - 1910. - 1912. - 1912. - 1913. - 1918. - 1919. - 1920. - 1914. - 1918. - 1925. 1952. - 1956. - - A propos du voyage du Roi Louis de Hollande dans les Pyrénées, en 1807, et de sa visite au Docteur Jean Fabas, médecin inspecteur des eaux de Saint-Sauveur. Journal de Médecine de Bordeaux , n° 4, avril 1960. Le Docteur Paul Macrez, ancien Interne des Hôpitaux de Paris, Membre fondateur de la Société française de Gynécologie et d’Obstétrique (1869-1951). - Notice biographique. MEDECINE GENERALE Sur un cas de kyste de l’appendice. Bordeaux, impr. Gounouilhou, 1910. - De la pygomélie chez l’Homme. Journal de Médecine de Bordeaux, numéro des 16, 23 et 30 juin 1912. - Monodactylie du membre inférieur chez l’Homme. P.-V. Soc. IAnn. de Bordeaux, 1912, t, LXVI, p. 104. - Sur un cas d’ectrodactylie (monodactylie) du membre inférieur. Bordeaux, Impr. Gounouilhou, 1913. - Note sur un cas de polydactylie du membre inférieur. P.-V. Soc. IAnn. de Bordeaux, 1918, t. LXX, p. 135. - Double cas d’empoisonnement par les graines de ricin. Journal de Médecine de Bordeaux, 25 mars 1919. - Hygroma infectieux double des bourses prérotuliennes consécutif à un léger état grippal. Journal de Médecine de Bordeaux, numéro du 25 septembre 1920. BOTANIQUE Sur VOrnphalodes verna Mœneh à Bagnères-de-Bigorre. Extrait des P.-V. Soc. IAnn. de Bordeaux, t. LXXVI. - Compte rendu de l’excursion faite à Bazas et dans les environs, le 1er juin 1914. - Recherche de V Arnica montana. P.-V. Soc. Linn. de Bordeaux, 1914, t. LXVIII. - Quelques mots sur la flore des environs d’Arkhangelsk. P.-V. Soc. Linn. de Bordeaux, 1918, t. LXX. - Liste de quelques plantes récoltées en août 1925 aux environs de Bagnères-de-Bigorre. P.-V. Soc. Linn. de Bordeaux, séance du 21 octobre 1925. Présentation d ’Antirrhinum sempervirens Lap., Dioscorea pyrenaica Bab. et Bord, et Matricaria discoidea D. C. P.-V. Soc. Linn. de Bordeaux, t. XCV, séance du 17 décembre 1952. - Quelques notes sur la sous-variété albine de l’Iris xiphioide des Pyrénées centrales. P.-V. Soc. Linn. de Bordeaux, t. XCVI, séance du 19 mai 1956. PROCÈS-VERBAUX 109 ZOOLOGIE - PHYSIOLOGIE - PARASITOLOGIE 1909. — Influence de la lumière colorée sur le développement des vers à soie. Actes Soc. Linn. de Bordeaux, 1909. 1911. - — Note sur la marche des Insectes. P.-V. Soc. Linn. de Bor- deaux, juillet 1911. 1912. — Polydactylie chez la Poule. P.-V. Soc. Linn. de Bordeaux, 1912, t. LXVI. 1912. — Présentation de Pyrophores vivants. P.-V. Soc. Linn. de Bordeaux, 1912, t. LXVI, p. 67. 1921. L’huître, une conférence du Docteur Llaguet. Journal de Médecine de Bordeaux, 25 mai 1921. 1923. — Sur le bruissement de VAnoxia villosa Fabr. P.-V. Soc. Linn. de Bordeaux, t. LXXV. 1923. — Sur le Prione tanneur, sa façon de protester. P.-V. Soc. Linn. de Bordeaux, 17 octobre 1923. 1923. — A propos de la forme des œufs de Poule et de V « Essai d’une théorie générale des anomalies de la membrane coquillière », par F. Lataste. P.-V. Soc. Linn. de Bor- deaux, 19 décembre 1923. 1923. — Sur la Nebria complanata Linn. et ses variations pigmen- taires. P.-V. Soc. Linn. de Bordeaux, t. LXXV, 1923. 1923. — Abondance des Insectes au bord de la mer. - Un nouveau mode de chasse. P.-V. Soc. Linn. de Bordeaux, t. LXXIV, 1923. Réunion de trois notes publiées à la Société Linnéenne de Bordeaux : — Sur la très grande abondance du Prosternon tesselatuin L., etc. P.-V. Soc. Linn. de Bordeaux, t. LXXII, p. 172. ‘ Coléoptères et chasse à la marée. P.-V. Soc. Linn. de Bordeaux, t. LXXIII, p. 36. — A propos de la « chasse à la marée et de l’abondance du Prosternon, etc. P.-V. Soc. Linn. de Bordeaux, t. LXXIV, p. 76. 1923. — Sur la « musique » du Hanneton du Pin. P.-V. Soc. Linn. de Bordeaux, t. LXXV. 1923. A propos de ma note sur la musique du Hanneton du Pin et de la discussion qui s’ensuivit. P.-V. Soc. Linn. de Bordeaux, t. LXXV. 1924. — Comment peut-on expliquer l’abondance, parfois très grande, d’insectes de toutes sortes au bord de la mer ? P.-V. Soc. Linn. de Bordeaux, 5 novembre 1924. 110 SOCIÉTÉ LINNÉENNE DE BORDEAUX 1924. — Sur Acanthocinus ædilis L. capturé à Bordeaux. P.-V. Soc. Linn. de Bordeaux, séance du 19 novembre 1924. 1924. — L’œuf chemine dans l’oviducte petit bout en avant (c’est- à-dire petit bout tourné vers le cloaque). Constatation. P.-V. Soc. Linn. de Bordeaux, 12 mars 1924. 1925. — - La « musique » du Hanneton du Pin. - Son mécanisme. P.-V. Soc. Linn. de Bordeaux, 7 octobre 1925. 1925. — Note complémentaire sur la stridulation du Prione tanneur. P.-V. Soc. Linn. de Bordeaux, séance du 21 octobre 1925. 1925. — Attraction que peut exercer sur les insectes la lumière reflétée par les surfaces liquides. P.-V. Soc. Linn. de Bordeaux, 21 octobre 1925. 1925. — Sur l’attraction des Insectes par le miroitement de l’eau au bord de la mer. - Réponse à la critique de M. F. Lataste. P.-V. Soc. Linn. de Bordeaux, 4 novembre 1925. 1931. — Le Lucane Cerf-Volant. - Rôle des mandibules chez le mâle. P.-V. Soc. Linn. de Bordeaux, 8 juillet 1931. 1943. — Présence de Phlebotomus ariasi Tonnoir 1921, à Saint- Sauveur (Hautes-Pyrénées). P.-V. Soc. Linn. de Bor- deaux, 20 juin 1943. 1943. — Couleuvres et source thermale sulfureuse de Saint- Sauveur (Hautes-Pyrénées). P.-V. Soc. Linn. de Bor- deaux, 3 février 1943. 1943. — L’accouplement et ses anomalies chez le Lucane Cerf- Volant. P.-V. Soc. Linn. de Bordeaux, 16 mai 1943. 1945-1946. — A propos de quelques observations récentes sur la présence de Phlebotomus ariasi Tonnoir 1921, à Saint- Sauveur (Hautes-Pyrénées). Club Alpin français. - Science et Montagne, suppl. au bull. n° 58, jan- vier 1947. 1946. — Nouvelles observations sur la présence de Phlebotomus ariasi Tonnoir 1921, à Saint-Sauveur (Hautes-Pyrénées). P.-V. Soc. Linn. de Bordeaux, séance du 22 mai 1946. 1947. — Brunissement progressif des femelles de Phlebotomus ariasi Tonnoir 1921, au cours de la dernière étape de leur évolution sexuelle. P.-V. Soc. Linn. de Bordeaux, 4 juin 1947. 1950. — Rôle actif des chats dans la lutte contre les couleuvres dites autrefois « thermales » de Saint-Sauveur (Hautes- Pyrénées). P.-V. Soc. Linn. de Bordeaux, 22 novem- bre 1950. 1950. — Pigmentation des muscles thoraciques des femelles de PROCÈS-VERBAUX lit 1955. 1956. 1957. 1959. 1959. 1960. 1922. 1926. 1926. 1929. Culex pipiens L, après leur repas sanguin. P.-V. Soc. Lirai, de Bordeaux , séance du 20 décembre 1950. Quelques observations et réflexions sur la biologie de PMebotomus ariasi Tonnoir 1921, à Saint-Sauveur (Hautes-Pyrénées), au cours des années 1950, 1951, 1952, 1953 et 1954. P.-V. Soc. Lirai, de Bordeaux , 26 juin 1955 (Fête Linné en ne) . Sur quelques cas de strongyloses bronchiques et pulmo- naires chez le sanglier, la chèvre domestique, le chevreuil et le marsouin. - Présentation de micro- photographies. P.-V. Soc . Lirai . de Bordeaux, 1956, t. XGVI, p. 109. Sur un cas de strongylose pulmonaire chez PIsard Rupicapra pyrenaica Bonap. P.-V. Soc. Linn. de Bor- deaux, 8 juin 1957. Sur la présence de la eoronelle lisse Go roue U a austriaca LaurJ ; lævis Lacép. dans la vallée de Luz-Saint- Sauveur (Hautes-Pyrénées). - Note accompagnée de présentation. P.-V . Soc. Lirai . de Bordeaux , t. XCVII, 11 avril 1959. A propos de quelques exemplaires de Vipera aspis L. de la région girondine et des Pyrénées centrales fran- çaises. - Note accompagnée de présentations. P.-V. Soc . Linn. de Bordeaux , t. XCVII, séance du 2 mai 1959. A propos de la présence d’Euscorpius flavicaudis de Geer à Bordeaux et dans la Gironde. P.-V. Soc. Linn. de Bordeaux, t. XCVIII, séance du 11 juin 1960. HISTOLOGIE Leçons sur les cellules conjonctives et leurs aptitudes réactionnelles. (En collaboration avec M. Beylot.) Gaz. hebd. des Sc . Méd. de Bordeaux , 1922. Structure et adaptations fonctionnelles des bronches intrapulmonaires du Dauphin. (En collaboration avec A. Lacoste.) G. R. Assoc. Anat Liège , 1926. Sur quelques particularités histologiques du poumon du Dauphin et leur adaptation fonctionnelle à la plongée. (En collaboration avec A, Lacoste.) Bull. Station Biol. d’Arcachon, 1926, t. XXIII. Existence de fibres musculaires lisses dans la paroi des alvéoles pulmonaires de l’Homme et des Mammifères. - Signification morphologique et fonctionnelle. G. R. Soc. Biologie Bordeaux, 13 mars 1929. 112 SOCIÉTÉ LINNÉENNE DE BORDEAUX 1929. — Dispositif musculaire des alvéoles et des canaux alvéo- laires du poumon des Vertébrés. C. R. Assoc. Anal. Bordeaux, 1929. 1932. — Sur un dispositif vasculaire fonctionnel de la paroi des voies aérophores chez Phocoena commuais (Less.) . (En collaboration avec A. Lacoste.) C. R. Assoc. Anal. Nancy, mars 1932. 1933. — Dispositifs d’adaptation fonctionnelle à la plongée dans l’appareil respiratoire de Phocoena commuais L. (En collaboration avec A. Lacoste.) C. R. Soc. Biol. Bor- deaux, juin 1933. 1933. — Dispositifs d’adaptation fonctionnelle à la plongée dans l’appareil respiratoire du Marsouin (Phocoena commu- ais Less.). (En collaboration avec A. Lacoste.) Stras- bourg, éd. Libr. Union, 1933. Arc h. Anal., Hist., Embryol., 1933, t. XVII. 1933. — Sur la structure des artères et artérioles intrapulmonaires du Lapin et du Cobaye, et sur leur rôle fonctionnel dans la régulation de la circulation pulmonaire. (En collaboration avec A.-M. Maugein-Merlet.) C. R. Soc. Biol, de Bordeaux, 1933, t. CXIII. 1933. — Sur un dispositif musculaire fonctionnel des artères et des artérioles pulmonaires chez le Lapin et le Cobaye. (En collaboration avec A.-M. Maugein-Merlet.) Bull. Hist. appl. à la Physiol. et à la Pathol, et de tech. microscop., 1933, t. X. 1937. - — Structure des veines pulmonaires à tunique myocardique des Chéiroptères et plus spécialement du Rhinolophe petit fer à cheval Rhinolophus hippocrepis Herm, (En collaboration avec R. de Lachaud.) C. R. Assoc. Anat. Marseille, 1937. 1937. — Structure, signification et rôle histophysiologique des veines pulmonaires à tissu myocardique. - La pré- oreillette intrapulmonaire de quelques petits Mammi- fères. (En collaboration avec R. de Lachaud.) Arc h. Anat., Histol. et Embryol., 1936-1937, t. XXIII. 1937. — Considérations sur la répartition des capillaires respira- toires dans la paroi alvéolaire du poumon des Vertébrés dans ses rapports avec les facteurs mécaniques extrin- sèques et intrinsèques de la respiration. Arc hiv. Anat., Histol. et Embryol., fasc. 1-8, t. XXIV. 1942. — Considérations sur l’anatomie générale du poumon des Vertébrés pulmonés (Oiseaux exceptés) dans ses rap- ports avec les dispositifs de la mécanique respiratoire. (En collaboration avec A. Lacoste.) Bull. Hist. appli- quée, 1942, t. XIX. PROCÈS-VERBAUX 113 1953. — Dispositifs lymphatiques et conjonctifs des espaces péri- lobulaires et circulation intralobulaire dans le poumon du Bœuf. C. R. Assoc . Anal . Bordeaux , 1953. 1955. — Structure des veines pulmonaires et circulation fonction- nelle du poumon du Dauphin commun, Delphinus del- phis L, Bull. Microscop. appliquée, deux tomes, n° 5-6, mai-juin 1955. 1956. — Organisation générale du poumon et structure des alvéoles pulmonaires des Vertébrés (Amphibîens, Reptiles, Mammifères) considérés dans leurs rapports avec la mécanique respiratoire, la circulation fonctionnelle et l’activité métabolique de ces animaux. Arc hiv. Anal., Histol et EmbryoL , 1956, t. XXXIX. 1959. — Sur la signification du double réseau capillaire respira- toire de la cloison inter-alvéolaire du poumon des Mammifères marins et l’évolution de ces animaux. Archiv. Anal., Histol. et EmbryoL normales et expéri- mentales, 1959, fasc. 1-4, t. XLII. SOUVENIRS DE RUSSIE 1919. 1920. 1920. 1963. — Vingt jours en Laponie. Impr. Gounouilhou, Bordeaux, 1919. — Arkhangelsk. Impr. Gounouilhou, Bordeaux, 1920. — D’Arkhangelsk à Kiev - Moscou à vol d’oiseau. Impr. Gounouilhou, Bordeaux, 1920. — Souvenirs et paysages de Russie. Tex, éd., Bordeaux, 1963. POESIE Sous le pseudonyme d’Albert Daubry : « Heures qui passent ». Féret & Fils, éd., 1926. Communications. • — ■ M. G. Caussanel : Biotopes et peuple- ments de la dune et de la plage (lre partie) . Sera publié ultérieu- rement. M. F. Massart : Une Amanite nouvelle pour la Gironde : Ampla- riella cariosa (Fr.) Quel et. Mlle M. Caralp, Mîle D. Gavoille et M. M. Vigneaux. — Variations de la faune de Miogypsinidæ dans une série oligo-miocène de faciès hétérogènes. Une Amanite nouvelle pour la Gironde : Amanita amplarïella cariosa (Fr.) Quelet par F. Massart Le 8 septembre, au cours d’une excursion dans les environs de Lignan-de-Bordeaux, nous avons eu la bonne fortune de récolter, à la lisière d’un couvert de Chênes pédonculés et Charmes, deux 114 SOCIÉTÉ LINNÉENNE DE BORDEAUX Lignan-de-Bordeaux : deux espèces en lisière d’un couvert de Chênes pédonculés et Charmes. Espèce non signalée en Gironde jusqu’à ce jour. (Professeur A. G. Parrot. - Les Amanites du Sud-Ouest de la France. P.) Champignons d’une espèce jamais signalée jusque là en Gironde. Leur morphologie indiquait qu’il s’agissait d’Amanites - Pieds bulbeux, lames claires, voile partiel encore présent sur l’un des sujets, verrues floconneuses sur le chapeau de l’autre. Après avoir mentalement passé en revue ce genre, nous pensâmes avoir affaire à Amanita cariosa dont la description, lue dans la monographie des Amanites du Professeur A. G. Parrot, nous revint en mémoire O). Cette détermination un peu téméraire faite « sur le terrain » fut heureusement confirmée par l’examen complet que nous prati- quâmes le soir même, documents en main. Les deux exemplaires offraient, à peu de choses près, le même aspect : — Chapeau plan convexe, d’un diamètre de 7 cm environ, à cuticule sèche et soyeuse brun bistre foncé (la couleur la plus foncée qu’il nous ait été donné d’observer chez des Amanites), marge très courtement et légèrement triolée. — Lamelles libres du pied assez larges et moyennement serrées, incarnat clair. — Pied plutôt robuste, hauteur 10 cm, largeur moyenne 1,5 cm, (1) Professeur A. G. Parrot. — Amanites du Sud-Ouest de la France. PROCÈS-VERBAUX 115 aminci vers le haut, peu bulbeux, blanc couvert de fibrilles appri- mées brunâtres, creusé d’un canal médulleux sur toute sa longueur. Aucune trace de volve autres que quelques menus flocons blan- châtres fragiles sur le chapeau d’un des sujets. Un des Champignons portait un anneau membraneux de consis- tance très fragile, encore non entièrement désolidarisé des bords du chapeau, l’autre en était dépourvu. — Chair blanche, faiblement rougissante dans le bas du pied à la coupe; nous n’avons pas remarqué d’odeur ni de saveur appréciables. — Spores hyalines - nettement amyloïdes - globuleuses. Nous sommes revenu quelques jours plus tard sur les lieux, à deux reprises, afin de récolter éventuellement d’autres spécimens, mais sans résultat. Cependant, nous nous sommes bien promis de visiter réguliè- rement la station au cours des saisons à venir et d’y retrouver cette Amanite très controversée mais dont l’existence ne peut être niée O. Variations de la faune de Miogypsinidæ dans une série oligo-miocène de faciès hétérogènes par Michelle Caralp, Danièle Gavoille et Michel Vigneaux (Centre de Géologie approfondie, Faculté des Sciences, Bordeaux.) Depuis 1893, date à laquelle Sacco créa le genre Miogypsina pour désigner de grands Foraminifères décrits en 1841 par Miche- lotti sous le nom de Nummulites, les Miogypsines ont fait l’objet de nombreux travaux. Pendant plus de quarante ans, la plupart de ceux-ci ont été consacrés à la description d’espèces nouvelles. Tan Sin Hok, en 1936 et 1937, et P. Brônnimann, en 1940, ont recherché des critères valables de subdivision de ce groupe et ont montré l’importance de l’étude du développement ontogénétique, de la morphogenèse et des lignées phylogénétiques. C. W. Drooger, depuis 1952, s’attache à créer dans diverses régions étudiées une échelle stratigraphique basée sur la succession des différentes espèces; les biozones ainsi définies lui permettent ensuite d’établir des corrélations entre les divers bassins. En 1955, cet auteur examina, dans le Nord du Bassin Aquitain, quelques affleurements du Miocène inférieur et établit une succes- sion de cinq espèces qu’il estime caractéristiques des différentes phases des « étages » Aquitanien et Burdigalien. Or, ces affleure- ments du Miocène bordelais, géographiquement épars, ne peuvent être reliés avec certitude. Seule l’étude d’une coupe continue obtenue par forage peut fournir une succession exacte des ènsem- (1) Voir note p. 114. 116 SOCIÉTÉ LINNÉENNE DE BORDEAUX blés fauniques et illustrer plus particulièrement le « relais » des genres et espèces de Miogypsinidæ en rapport avec la stratigraphie. C’est l’étude des Miogypsinidæ provenant des échantillons recueillis lors du fonçage d’un puits de recherche d’eau à Saucats (Gironde) qui fait l’objet de cette note. Ce forage, implanté à une vingtaine de kilomètres au Sud de Bordeaux, a été arrêté à la profondeur de 81 m. De 0 à 26 m, les sables azoïques ont été attribués au Quaternaire et au Pliocène, de 27 à 72 m les dépôts marins traversés sont d’âge miocène infé- rieur, tandis que les niveaux de base du forage, de 73 à 81 m. maté- rialisent le toit de l’Oligocène. Les Miogypsines sont de grands Foraminifères tertiaires de structure complexe. Des individus à embryon macrosphérique, formes A, et des individus à embryon microsphérique, formes B, peuvent être distingués : les formes A, dont le plus grand diamètre est voisin de 1 mm, sont les plus fréquentes; les formes B, plus rares, sont sensiblement plus grandes. Toutes possèdent un test calcaire perforé, plat, uni ou biconvexe. Dans le plan équatorial, le contour extérieur du test peut être pyriforme, en éventail, ovale, triangulaire ou presque circulaire. L’embryon, ou nucléoconque, est constitué par deux loges appelées protoconque et deutéroconque et désignées par les symboles I et IL Les loges issues de la deuté- roconque succèdent à la nucléoconque en l’entourant et forment le népionte. Le juvénarium, comprenant la nucléoconque et le népionte, est excentrique ou subcentral, planispiralé, parfois légè- rement trochospiralé. Au juvénarium font suite des loges adultes appelées loges équatoriales. La détermination de ces Foraminifères a été basée sur l’obser- vation de la structure interne en coupe transversale permettant une séparation générique et en coupe équatoriale indispensable à la différenciation spécifique. L’examen en sections orientées des différentes formes de Miogyp- sines incluses dans les sédiments de la coupe du forage de Saucats, entre 81 m et 29 m, nous a conduit à distinguer deux genres répartis en cinq espèces [17] : Miogypsinoides complanata (Schlumberger) , Miogypsina gunteri Cole, Miogypsina basraensis Brônnimann, Miogypsina borneensis Tan Sin Hok, et Miogypsina globulina (Michelotti) . L’étude du groupement des diverses espèces rencontrées dans cette série sédimentaire, ainsi que des variations de ces ensembles fauniques et des modifications morphologiques observées a été entreprise et va être maintenant exposée. Une succession de divers dépôts en relation avec le mode de sédimentation pouvant être distinguée le long de cette coupe, nous tenterons de dégager quelles procès-verbaux 117 sont, parmi les variations notées, celles que l’on peut attribuer à l’influence du faciès. VARIATIONS DE LA FAUNE DE MIOGYPSINIDÆ ÉTUDIÉES D’APRÈS LA SUCCESSION STRATIGRAPHIQUE DES FACIÈS (voir planche) A. — Description des faciès successifs et des Miogypsinidæ qu’ils contiennent De 81 à 77 ni : C’est dans un niveau de sable quartzeux et calcaire, gris-beige, à 81 m, que nous avons trouvé l’unique échantillon rapporté à Miogypsinoides complanata. Néanmoins, sa forme très arrondie, son apparence lisse et brillante, sa couleur brune semblent nous indiquer un certain remaniement et un milieu d’origine différent. Nous notons en outre la présence de quelques Miogypsina gunteri et Miogypsina borneensis dont le test gris clair ou beige est très mal conservé, souvent cassé, d’apparence friable. A 78 m, la proportion des éléments détritiques étant de 66,4 %, celle des calcaires 29 % et celle de l’argile 4,5 %, nous avons trouvé pour la première fois quelques représentants de l’espèce Miogypsina globulina et plus particulièrement des formes trispiralées. Elles se différencient très nettement des autres Miogypsines par leur contour triangulaire très allongé, leur bord frontal découpé, leur test beige clair d’apparence très fragile recouvert de petites pustules rondes, non usées. Une coupe équatoriale dans une forme du groupe b paraissant autochtone nous montre une protoconque de très grande taille (150 /A, coiffée par une deutéroconque de 237,5 p de diamètre. Ces dimensions sont très supérieures à la moyenne. Les murs des loges embryonnaires sont épais et les logettes supplémentaires issues de II’ et II” sont nettement distinc- tes. Les loges équatoriales sont très allongées. Le même phénomène d’augmentation de la taille de la nucléo- conque, par rapport aux formes sous- et sus-jacentes, est observé pour une Miogypsina gunteri de ce niveau. La faune de Foraminifères recueillie parallèlement aux Miogyp- sinidæ, dans ces mêmes niveaux, est représentée par ordre d’im- portance décroissante par des Rotalia rimosa, des Operculines, des Amphistégines, quelques Discorbis, Pyrgo, Triloculines et Nummulites et de très rares Halkyardia et Valvulina. De 77 à 75 m : Se situe un banc de calcaire blanchâtre très peu sableux, légè- rement argileux dans lequel les Miogypsines sont faiblement représentées et où le pourcentage des Miogypsina globulina par rapport aux formes unispiralées augmente. Dans ce niveau, les Miogypsina globulina, plates ou peu renflées, de taille inférieure 118 PROCÈS-VERBAUX à celles décrites à 78 m, sont bispiralées et ne présentent pas de traces apparentes de remaniement. L’embryon de ces formes qui a encore une grande taille à 77 m (II = 175 /*, II/I =1,55), passe à un diamètre plus conforme à la moyenne à 76 m : II = 125 /*, II/I = 1,25. A 76 m apparaissent les premières Miogypsina basraensis. Les Amphistegines et les Operculines sont mieux représentées, ceci en relation probable avec la plus forte proportion de carbonates (85 et 79 %). De 75 à 72 m : Dans ce calcaire sableux beige à graviers et gravillons grossiers, le nombre de Miogypsines s’accroît consécutivement à l’augmen- tation progressive des éléments détritiques des trois fractions; néanmoins, le pourcentage des carbonates reste toujours supé- rieur à 50 %. Les Miogypsina globulina, bien qu’en nombre infé- rieur à celui des Miogypsines unispiralées, sont les mieux conservées. La différence observée entre la population des Miogyp- sines unispiralées, arrondies, usées, et la population des Miogypsina globulina parfaitement conservée est peut-être due au fait que les premières, plus globuleuses, sont sujettes à des remaniements plus importants que les formes plates et allongées qui offrent moins de prise à l’usure. En ce qui concerne les autres Foraminifères, on ne note pas de variations essentielles par rapport aux horizons sous-jacents. De 72 à 69 m : Il s’agit toujours d’un calcaire sableux, mais dont les graviers sont beaucoup moins grossiers que de 75 à 72 m. La différence essentielle avec l’horizon précédent est l’absence totale de l’espèce Miogypsina globulina alors que le nombre d’individus des trois autres espèces croît sensiblement puisqu’il atteint pour la première fois à 70 m un chiffre assez élevé (plus de 65 représentants). La plupart des Miogypsines sont grises, arrondies, assez épaisses, mal conservées. A 70 m, alors qu’il y a équilibre entre les éléments détritiques et les carbonates, se situent des Miogypsina borneensis assez plates, allongées à bord périphérique découpé. Le deutéroconque d’un des individus de Miogypsina borneensis étudiés atteint 137,5 /*. Cette forme présente le même phénomène d’adaptation à l’augmentation du pourcentage des éléments détritiques que Miogypsina globulina. Pour un autre individu Miogypsina borneensis, le rapport II/I est égal à 1,25. Ces formes sont en fait des stades intermédiaires entre le type Miogypsina borneensis et le type Miogypsina globu- lina bispiralé. En ce qui concerne les autres Foraminifères, on note, à partir de 72 m, la disparition complète des Nummulites, des Halkyardia, des Valvulines et des Botalia rimosa. Alors que les Amphistegines SOCIÉTÉ LINNÉENNE DE BORDEAUX 119 et les Opereulines sont moins nombreuses, les Nonion, les Elphi- dium, les Cibicides et de nouveaux Rotalia commencent à se développer avec plus d’assurance. De 69 à 68 m : Nous avons à ce niveau une intercalation de marne bigarrée, brun grisâtre, très finement sableuse. La faune de Miogypsines, quoique bien conservée, s’appauvrit brusquement. Seules une Miogypsina borneensis et des Miogypsina globulina bispiralées ont été observées. Pour ces dernières, les parois des loges embryon- naires sont fines, la première loge deutéroconchale issue de IP bien développée, II/I = 1,33, les loges équatoriales, polygonales sont irrégulières. Le juvénarium de ces formes (Miogypsina globu- lina bispiralées) qui ne paraissent présenter aucune anomalie morphologique, semble être le seul à pouvoir supporter le change- ment brutal de faciès; il est même possible que ce nouveau milieu leur convienne parfaitement. L’adaptation particulière de cette espèce est peut-être due au développement dans un stade népio- nique de quelques loges supplémentaires qui se forment à partir de II’ et se disposent autour de la deutéroconque. Dans ce niveau, la taille de la première de ces logettes deutéroconehales est assez remarquable par son importance. Toutes les Miogypsines rencontrées dans ce banc marneux étant fortement pyriteuses, nous avons cherché à savoir si l’on pouvait établir une relation entre la teneur en fer du dépôt et la présence presque exclusive des Miogypsina globulina. Nous avons alors entrepris un dosage relatif de cet élément dans différents niveaux de la coupe de Saucats par la méthode de fluorescence X. Les réponses indiquées par le compteur pour un temps donné (deux minutes) ont été portées en abscisse en fonction de la profondeur (voir planche), et nous avons ainsi obtenu une courbe reflétant la proportion relative du fer dans les différents niveaux dosés. Une courbe d’étalonnage n’ayant pu être effectuée au cours de notre étude, il n’a pas été possible d’établir un dosage absolu, mais le tracé obtenu donne cependant une bonne indication des variations de la teneur en fer dans le sens vertical. A 69 m s’observe sur la courbe un pic net indiquant une augmentation brutale de la proportion du fer en relation, semble- t-il, avec cet apport marneux. Ce changement de faciès se traduit chez les Miogypsines par un appauvrissement de la faune et la présence exclusive de formes présentant un appareil embryon- naire compliqué par l’adjonction de logettes supplémentaires. Les autres Foraminifères de structure simple ne semblent pas influencés immédiatement par ce brusque changement. De 68 à 54 m : Faciès calcaire sableux, grisâtre. A partir de 68 m, le nombre total de Miogypsinidæ croît progressivement pour atteindre un maximum aux environs de 60 m. 120 SOCIÉTÉ LINNÉENNE DE BORDEAUX A 68 et 67 m, bien que la proportion des carbonates soit supé- rieure à 75 %, l’influence du niveau précédent est encore sensible et nous assistons à la réapparition lente et progressive tout d’abord des Miogypsina borneensis, puis des Miogypsina basraensis et finalement des Miogypsina gunteri . Ces espèces vont se développer parallèlement à l’installation du faciès calcaréo-gréseux. A 67 m, un spécimen de Miogypsina borneensis possède un juve- narium dont la taille réduite et la structure particulière marquent l’influence de la proportion d’argile encore importante. Vers 60 m, alors que nous avons 38 % d’éléments détritiques et 62,5 % de carbonates, les trois espèces de Miogypsines unispira- lées sont encore représentées. Au-dessus et en s’élevant progres- sivement dans la série, les formes les plus primitives disparaissent et ceci dans l’ordre suivant : tout d’abord les Miogypsina gunteri, puis les Miogypsina basraensis, alors que les Miogypsina borneensis se poursuivant un peu plus longtemps, tendent à représenter à elles seules la totalité de la population. Parallèlement à ces varia- tions spécifiques et numériques de l’ensemble faunique des Miogyp - sinidæ, nous remarquons que la proportion de la fraction fine des éléments détritiques passe de 10 % à 60 m à 20 % à 57 m. Cette variation semble avoir une influence directe sur la répartition des Miogypsines, mais paraît également modifier leur apparence et leur organisation interne. En effet, entre 68 et 60 m, nous avions des Miogypsines unispiralées des trois espèces, très difficiles à distinguer extérieurement car très semblables : grises, plus ou moins arrondies et renflées, pustuleuses, parfois brillantes et assez bien conservées. A partir de 57 m, les formes deviennent plus grandes, triangulaires, allongées, moins globuleuses, d’apparence terne, grisâtre et souvent très mal conservées. D’autre part, la pratique de sections orientées dans cçs formes est rendue plus difficile par la nature du test qui devient friable. Du point de vue de la structure interne des quelques Miogypsina basraensis et des Miogypsina borneensis plus nombreuses des niveaux 57 et 55, l’accroissement de la taille des appareils embryonnaires et des différentes parties de leur test est notable. Le fait est particu- lièrement net pour les échantillons de Miogypsina borneensis chez lesquels la deutéroconque atteint 150 g et 162 5 g à 57 m (le diamètre moyen de la deutéroconque étant voisin de 100 g à 60 m). Les parois des loges embryonnaires sont très épaisses, les loges équato- riales bien développées sont losangiques, parfois même irrégu- lièrement pentagonales. Dans cette série, nous assistons donc à l’installation d’un faciès calcaréo-gréseux. Les Miogypsines unispiralées s’y développent parfaitement aussi longtemps qu’un certain équilibre entre les différentes fractions d’éléments détritiques est respecté et que l’ensemble du pourcentage de ces éléments détritiques ne dépasse pas 40 pour une proportion de carbonates supérieure à 55 %. Puis PROCÈS-VERBAUX 121 lorsque la proportion de la fraction fine passe de 10 à 20 %, le pourcentage global des éléments détritiques ne variant pas, les formes les plus primitives tendent à disparaître et seule l’espèce Miogypsina bomeensis continue à exister, mais en accusant des variations morphologiques adaptatives sensibles. En ce qui concerne les Miogypsina globulina, elles sont pré- sentes surtout de 68 à 64 m (où elles sont près proches des formes trouvées à 69 m), puis à partir de 56 m; elles sont très rares dans les niveaux où les espèces unispiralées sont bien représentées. A 68 m, les Asterigerînes, les Cibicides, les Nonion sont moins nombreux qu’à 69 m; ils semblent réagir avec un certain retard aux conditions particulières de ce niveau. Puis dans cette série de calcaire gréseux se développent essentiellement des Nonion et des Elphidium, des Rotalia armata, quelques Rotalia burdigalensis, des Amphistegines et Asterigerines, des Operculines, des Discorbis et des Cibicides . De 54 à 51 m : Sable calcaire et quartzeux, gris beige. A 54 m, ce sont les éléments détritiques de la fraction moyenne qui augmentent (25 % à 54 m et seulement 13 % à 55 m), tandis que la fraction fine passe de nouveau à 10 %. La faune de Miogypsines est encore bien représentée par de nombreuses Miogypsina bomeensis et quelques Miogypsina globu- lina. La plupart des formes, gris beige, ternes, friables sont assez mal conservées. Comme à la fin de la série précédente, la taille des échantillons est importante. Beaucoup de formes trouvées dans le premier tamis se révèlent être souvent des formes microsphériques. Les Miogyp- sina bomeensis présentent des embryons pour lesquels le diamètre de la protoconque et de la deutéroconque, bien que légèrement inférieur à celui des formes sous-jacentes, atteint respectivement 125 et 137,5 fi. D’une façon générale, ces formes sont plus « nor- males » qu’à 57 m. Les variations observées précédemment seraient en relation étroite avec l’augmentation des éléments détritiques fins, alors qu’une augmentation de même importance des détri- tiques moyens aurait beaucoup moins d’influence sur les Miogyp- sina bomeensis . Les Miogypsina globulina bispiralées de ces niveaux ont généralement une longueur voisine de 1 mm, alors que les Miogypsina bomeensis sont beaucoup plus grandes (1,5 mm). Leur spirale protoconchale principale est composée de loges polygonales dont la largeur peut être telle que cinq de celles-ci suffisent pour entourer complètement la protoconque. A 52 m, la taille du juvenarium est plus réduite qu’à 54 m; en revanche, les loges équatoriales irrégulières, losangiques ou penta- gonales sont plus allongées et étroites (150 g X 100 p) . A 54 m, les Nonion , les Rotalia armata, les Cibicides , les Elphi- dium, les Globigerinidæ diminuent tandis que les Operculines et 122 PROCÈS-VERBAUX les Amphistegines sont un peu plus nombreuses et que des Streblus beccarii apparaissent. De 51 à 48 m : Niveau de sable quartzeux, demi-grossier, très faiblement calcaire, beige grisâtre. Les carbonates, dont le pourcentage était encore supérieur à 50 % dans l’horizon inférieur, passent brusquement à 15 % tandis que les éléments détritiques atteignent 77 %, la fraction moyenne étant voisine de 40 %. En relation avec cet accident détritique se situe une réduction de la population. Seules quelques Miogypsina globulina bispiralées parviennent à supporter cette variation brutale des conditions sédimentolog'iques. Les Miogypsina borneensis encore très fré- quentes à 52 m, disparaissent complètement. Nou avions vu que cette espèce était capable de se modifier en fonction d’un accrois- sement modéré du pourcentage des éléments détritiques fins, mais à 51 m ce sont surtout les particules détritiques grossières et demi- grossières qui augmentent considérablement. Il est vraisemblable que cet accident s’est produit trop rapidement pour que cette espèce ait pu s’adapter à ce nouveau milieu par des modifications morphologiques à un stade jeune. Ce brusque changement a entraîné sa disparition. Miogypsina globulina, au contraire, déjà signalée dans différents faciès, ne semble pas affectée par l’établissement de ces nouvelles conditions de milieu, du moins en ce qui concerne sa répartition. Sa taille générale est sensiblement plus importante qu’à 52 m, tandis que les loges équatoriales parfaitement losangiques ont un diamètre radial inférieur. Du point de vue de la structure interne de l’appareil embryonnaire, la différence essentielle porte sur Ja valeur du rapport II/I qui est voisin de 1,4 à 50 m, alors qu’à la fin de la série calcaréo-gréseuse, la valeur maximum observée était de 1,25. En effet, si la protoconque ne varie pas, la deutéroconque s’accroît nettement. Les six loges composant la spirale protocon- chale principale ont une hauteur inférieure aux diamètres de la nucléoconque, contrairement à ce que l’on observait précédemment. Avec ce niveau fortement sableux se localise donc la dispa- rition complète des formes unispiralées; seuls sont présents quel- ques échantillons possédant deux spirales népioniques, la deuxième étant réduite à deux loges, et dont les modifications adaptatives semblent indiquées par l’augmentation de la taille de II par rapport à I, et la réduction de la hauteur des loges péri- embryonnaires. En ce qui concerne les autres familles de Foraminifères, cet accident a une influence défavorable et marquée sur la répar- tition et la fréquence des liolalia arinata, des Cibicides, des Elphi- dium et des Discorbis. SOCIÉTÉ LINNÉENNE DE BORDEAUX 123 De 48 à 45 m : Ce niveau calcaire sableux, gris beige, avec de très nombreux débris coquilliers, constitue la base d’une nouvelle série qui se différencie de la zone précédente par une réduction des éléments détritiques et particulièrement de la fraction grossière et moyenne, alors que la fraction fine est relativement mieux représentée. Dans les grandes lignes, les Miogypsina globulina, légèrement plus nombreuses, sont plus épaisses, de forme triangulaire à subarrondie avec des pustules bien développées, alors que jusqu’à présent elles étaient plates, allongées, étroites et fragiles. A 48 m nous assistons au passage des Miogypsina globulina bispiralées aux Miogypsina globulina trispiralées. Nous possédons un échantillon dont les caractères du juvenarium (deutéroconque d’un diamètre de 187,5 g et II/I = 1,49) définissent une forme inter- médiaire entre les types des deux groupes. Les appareils embryonnaires des Miogypsines plurispiralées du groupe b qui apparaissent à 48 m et seront désormais à partir de 46 m les seuls représentants de cette famille, ont une longueur de 462,5 g et 500 g. A 48 m, la protoconque de ces formes atteint 150 g et la deutéroconque, aux murs très épais, 200 g (II/I = 1,33). Les loges népioniques protoeonchales et deutéroconchales issues de IL sont polygonales et bien développées, leur hauteur étant inférieure au diamètre de la protoconque à 48 m, alors qu’à 46 m celles-ci sont beaucoup plus allongées. La deuxième loge auxiliaire primaire située près de l’apex, beaucoup plus petite que IL, donne quelques logettes protoeonchales. On observe une tendance de la nucléoconque à se placer paral- lèlement au bord apical tandis que II” se trouve à l’apex. Les loges équatoriales ogivales puis losangiques sont très grandes : 175 X 125 g. Les formes du groupe b observées à 48 et 46 m sont très voisines de la forme décrite à 78 m. Dans les deux cas, nous constatons que celles-ci apparaissent à la fin ou directement au-dessus d’une série sableuse où les éléments grossiers et demi-grossiers avaient atteint brusquement un pourcentage important : supérieur à 30 % pour chacune de ces deux fractions. De 48 à 45 m, on assiste de nouveau au développement impor- tant des Nonion, Rolalia armata, Cibicides, Amphistegines, Asteri- gerines, Operculines, Elphidium, de quelques Streblus beccarii, T exlularia, Globulina gibba et à l’apparition de Guttulina irre- gularis. De 45 à 38 ni : Niveau marneux sableux, fin, gris beige, coquillier. La population de Miogypsinidæ est très réduite : entre 3 et 9 échantillons dans le tri correspondant à chaque niveau, alors qu’on en comptait une vingtaine en moyenne dans le calcaire sableux sous-jacent. 124 SOCIÉTÉ LINNÉENNE DE BORDEAUX Extérieurement, ces Miogypsina globulina trispiralées sont grises, beiges, allongées ou arrondies et légèrement renflées, généralement moins grandes que dans la zone inférieure. Le nombre malheureusement assez réduit de coupes équatoriales réalisées en raison de la pauvreté de la faune nous a permis néanmoins d’observer des appareils embryonnaires d’une longueur beaucoup moins grande qu’à 48 et 46 m. La deutéroconque ne dépasse pas 187,5 /t et la protoconque 137,5 /c Les loges népio- niques protoconchales et deutéroconchales sont très réduites par rapport à ce que nous avions observé précédemment (elles attei- gnent à peine la moitié de leur hauteur). La spirale deutérocon- chale partant de II’ s’accroît d’au moins une loge. Ceci semblerait indiquer que, dans le niveau précédent, ces formes étaient apparues à la suite de conditions particulières (apport brutal d’un pourcentage important d’éléments détritiques) ayant impliqué en outre l’édification de quelques modifications d’ordre adaptatif. Dans cette zone marneuse, en revanche, elles continuent à se développer dans des conditions écologiques plus normales et les variations observées précédemment sont moins accusées. Pour les Foraminifères, il n’y a pas de changement notable si ce n’est un développement plus franc des Textularia et de quelques Globigeriniclæ. De 38 à 35 m : Sable marneux assez fin avec débris coquilliers et quelques gravillons quartzeux. Le nombre des Mioggsina globulina est toujours très faible, ceci en relation avec l’augmentation du pourcentage des argiles et de celui des éléments détritiques. Les échantillons sont gris, globu- leux, pustuleux, bien conservés. Nous ne possédons malheureu- sement pas de bonnes coupes équatoriales d’individus recueillis dans cette zone. De 35 à 29 m : Dans ce niveau de sable marno-argileux, la proportion des carbonates diminue jusqu’à atteindre une valeur inférieure ou égale à 20% (12,5% à 32 m); cette réduction était déjà amorcée depuis 39 m. La proportion des éléments détritiques et surtout de la fraction fine augmente ainsi que celle des argiles. Parallè- lement se marque une teneur en fer relativement plus importante. Ce sont toujours des Miogypsina globulina trispiralées que l’on rencontre, mais leur nombre diminue au fur et à mesure que l’on s’élève dans la série. Leur taille est plus grande que dans les trois zones sous-jacentes, la protoconque est ronde, d’un grand diamètre, la deutéroconque a tendance à devenir circulaire, les loges népioniques ont une taille très irrégulière. Les spirales issues de II” sont plus ou moins FORAGE DE SAUCATS I LOG LITHOLOGIQUE 100% 0% — .CARBONATES. 0% .DÉTRITIQUES -100% PROPORTION RELATIVE DE LA TENEUR EN FER IMPULSIONS PAR 2" RÉPARTITION © MAO O 90000 100.00* LÉGENDE «iJ 2d5 individus 6 à 10 individus Il à 20 individus Sla 50 individus + de SOindividus PROCÈS-VERBAUX 125 développées. La spirale népionique principale est composée de 5 ou 6 loges étroites et d'une hauteur faible. Le rapport II/I est de 1,4 à 35 m» 1,33 à 32 m» 1,27 à 30 m. Il semble donc qu’il y ait une certaine tendance à Fisodiamétrie de I et IL On observe à l’intérieur de cette espèce une sorte de balance- ment de la position de l’appareil embryonnaire» Taxe I II étant plus ou moins incliné par rapport à Taxe apical front ah Les loges équatoriales ogivo-losangiques marquent également une tendance à devenir aussi larges que longues et sont de' taille plus réduite (125 X 100 p) » ceci en même temps que le contour général s’arrondit. Les fluctuations des divers caractères que nous venons de mentionner et la nature des variations observées semblent refléter certaines difficultés que ces individus auraient éprouvées au stade embryonnaire. Il semble que nous avons affaire ici à des formes dégénérées de Miogypsina globulina . Les Streblus beccarii, les Globigerinidæ, les Textularia sont moins bien représentés tandis qu’on ne trouve plus de Giittulina irregularis . De 29 à 26 m : Avec cet horizon de sable argileux, on assiste à la disparition de la plupart des représentants de la faune de Foraminifères. Seuls se poursuivent encore quelques Nonion boueanum, Asterigerines, Operculines et Eotalia armata . En ce qui concerne les Miogyp- sinidæ, le déficit de carbonate accusé dans ces horizons terminaux doit être responsable de leur disparition, la matériel calcaire néces- saire à l’édification de leur test devenant insuffisant. B. — • Influence du faciès sur la faune de Miogypsinidæ Après l’étude analytique des différents faciès rencontrés dans la coupe du forage de Saucats» il convient de dégager les grandes lignes de l’influence pouvant relier ces grands Foraminifères au milieu dans lequel ils se sont vraisemblablement développés puis fossilisés. Les Miogypsines unispiralées prolifèrent en milieux calcaréo- gréseux dans lesquels s’observe un certain équilibre entre les différentes fractions d’éléments détritiques (de 75 à 70 m et de 66 à 58 m). Trois espèces peuvent être mentionnées : Miogypsina gunteri, Miogypsina basraensis et Miogypsina borneensis. Lorsque dans une telle série» la proportion des éléments détri- tiques fins augmente sensiblement (passant de 10 à 20 % par exemple à 57 m)» Miogypsina gunteri disparaît, Miogypsina bas- raensis subsiste en petit nombre. En revanche, Miogypsina bor- neensis continue à se développer. Mais chez cette dernière espèce et en corrélation avec l’accroissement de la proportion relative des éléments détritiques fins» se manifeste un développement 126 PROCÈS-VERBAUX considérable de la nucléoconque et des loges népioniques. Pour une augmentation identique des éléments de la fraction détritique moyenne aucun phénomène analogue n’est noté. Il semble donc que ces variations de l’ensemble faunique et ces modifications morphologiques puissent être logiquement interprétées comme des modifications adaptatives. Notons enfin qu’aucune de ces formes ne résiste à un apport important et brutal d’éléments détritiques; ceci est vraisemblablement dû au fait que les carbonates variant très brusquement deviennent insuffisants. Les Miogypsines plurispiralées sont très intéressantes à étudier, car nous les avons trouvées dans la plupart des faciès observés. Elles se développent aussi bien dans les faciès fortement calcaires que calcaréo-gréseux, sableux ou marneux. Néanmoins, dans ces divers niveaux, les Miogypsina globulina se présentent sous des aspects variés, ces formes étant douées d’une très grande plasticité. Dans les grandes lignes, il apparaît que les Miogypsina globulina bispiralées possèdent un juvenarium de taille réduite dans les niveaux marneux, ferrugineux ou faiblement détritiques, tandis que leur taille augmente dans les horizons plus fortement détriti- ques, et surtout lorsque la fraction détritique fine est mieux repré- sentée. Nous avons observé ces formes de 77 m à 47 m, leur déve- loppement n’étant pas interrompu à 51 m par l’apport important d’éléments détritiques. En ce qui concerne les formes du groupe b, pour lesquelles le nombre de logettes supplémentaires est plus ou moins développé, elles apparaissent à la fin ou directement au-dessus d’une zone où les éléments de la fraction détritique grossière et demi-grossière avaient marqué une augmentation importante et brutale. Dans ce cas, la variation morphologique principale est l’accroissement de la taille du juvenarium et plus particulièrement de la deutéro- conque. Dès que des conditions de milieu plus normales s’installent (teneur en carbonates plus importante et diminution de la propor- tion des éléments détritiques), il y a tendance à la réduction du diamètre de II qui s’harmonise avec celui de I ainsi que de la longueur de l’appareil embryonnaire. Lorsque la proportion d’argile augmente parallèlement à celle de la fraction fine des éléments détritiques (de 38 à 29 m), nous assistons à la réduction progressive de la population des Miogyp- sina globulina trispiralées qui, avant de disparaître, tentent quel- ques essais adaptatifs se traduisant par des formes variées, parfois monstrueuses, vraisemblablement dégénérées. Les modifications morphologiques observées au niveau du stade embryonnaire, qu’elles concernent l’augmentation ou la réduction de la taille de la nucléoconque et des loges népioniques, ou l’ad- jonction de quelques logettes supplémentaires, reflètent nettement les difficultés rencontrées par les Miogypsinidæ au moment de leur PROCÈS-VERBAUX 127 développement népionique, et peuvent par conséquent être consi- dérées comme des variations adaptatives. En conclusion, il apparaît qu’une augmentation de la proportion des éléments détritiques tins et de l’argile provoque insensiblement la disparition des Miogypsinidæ. Les espèces présentant peu de possibilités adaptatives sont les plus rapidement touchées, et dans ce groupe rentrent les trois formes unispiralées que nous avons rencontrées. Les formes bi ou multispiralées seraient en revanche plus résistantes et riches d’une possibilité adaptative dont nous avons essayé de définir les modalités et les limites. Il est possible de penser que la présence des éléments détri- tiques fins et des colloïdes dans le biotope environnant empêche les Miogypsinidæ de se développer, ceci en relation avec l’obtu- ration probable de leurs pores et de leurs ouvertures. D’après les résultats que nous venons d’exposer, il apparaît que les cinq espèces de Miogypsinidæ qui peuvent être distinguées dans les dépôts de la série marine du forage de Saucats, présen- tent une répartition susceptible de permettre l’établissement d’une subdivision stratigraphique. Il nous faut maintenant en préciser les caractères et les limites. C. — Essai de subdivision stratigraphique Si nous considérons les formes à spire simple : Miogypsina gunteri, Miogypsina basraensis et Miogypsina borneensis, il ressort des observations mentionnées précédemment qu’elles sont présentes simultanément dans la série calearéo-gréseuse, c’est-à-dire de 81 à 59 m. Miogypsina gunteri et Miogypsina borneensis apparaissent depuis la base de la coupe, en nombre réduit; Miogypsina bas- raensis ne se développe qu’à partir de 76 m, soit 5 m plus haut. Leur répartition optimale semble en relation avec l’établissement du faciès calcaire sableux et de conditions écologiques particu- lièrement favorables telles qu’un milieu marin chaud et peu profond. La progression observée dans la disparition successive de ces trois espèces entre 60 et 52 m n’a apparemment aucune valeur stratigraphique puisqu’elle paraît étroitement liée à des variations d’ordre sédimentologique. D’autre part, le fait que les trois formes coexistent pendant une certaine période ne permet pas d’attribuer une valeur strati- graphique limitée à chacune des formes prises séparément. En ce qui concerne les Miogypsina globulina, elles sont repré- sentées dans toute la coupe, à la base (78 m) et au sommet (de 48 à 29 m) par les formes trispiralées, dans la zone intermédiaire (de 77 à 47 m) par les formes bispiralées. Elles se développent donc en même temps que les Miogypsines unispiralées dans toute la série située au-dessous du niveau 52 pour demeurer ensuite les seuls représentants de cette famille jusqu’à leur extinction qui correspond à la fin de la sédimentation marine. 10 128 SOCIÉTÉ LINNÉENNE DE BORDEAUX Les Miogypsina globulina bispiralées qui semblent relativement mieux représentées dans les milieux traduisant une sédimentation de caractère régressif, pourraient être interprétées comme des marqueurs des horizons terminaux de certains cycles ou rythmes sédimentaires. Si nous nous référons à la littérature, nous constatons que P. Brônnimann, dans le Nord-Ouest du Maroc [1], a trouvé des Miogypsina irregularis (= Miogypsina globulina) et des Miogypsina basraensis à la fin de l’Oligocène supérieur (dans le Ghattien) et dans le Burdigalien moyen et supérieur. D’une manière générale, les Miogypsina sensu stricto se développeraient particulièrement bien au Miocène inférieur, alors que les Miogypsinoides auraient leur développement maximum à la fin de l’Oligocène. Dans les travaux concernant le Nord de l’Italie [4] et le Bassin Aquitain [9], C. W. Drooger définit différentes biozones pour l’Oligocène supérieur et chacune des phases des « étages » Aquita- nien et Burdigalien. Dans ces deux bassins, les espèces ne sont pas contemporaines, mais leur succession est analogue. Pour le Nord du Bassin Aquitain, Miogypsina gunteri caracté- riserait l’Aquitanien inférieur Miogypsina tani (qui correspond vraisemblablement aux formes que nous avons appelées Miogypsina borneensis) l’Aquitanien moyen et supérieur, tandis que Miogyp- sina irregularis (= Miogypsina globulina) représenterait la plus grande partie du Burdigalien, et Miogypsina intermedia (qui diffère peu de Miogypsina globulina) la partie supérieure du Burdigalien. Dans la série continue que nous avons étudiée, les espèces que C. W. Drooger fait succéder dans le temps, se montrent synchrones. De ce fait, l’attribution d’une valeur stratigraphique très limitée à chaque espèce ne nous paraît pas possible, et nous attribuons au Miocène inférieur la portion de la coupe géologique comprise entre 72 et 29 m. D’après la faune de Foraminifères, il a pu être indiqué que le forage avait atteint à Saucats le toit de l’Oligocène supérieur (de 81 à 73 m), tandis qu’au-dessus se développent des sédiments marins d’âge Miocène inférieur. Il nous est difficile, d’après les Miogypsinidæ, d’attribuer l’hori- zon compris entre 81 et 73 m à l’Oligocène et de fixer avec préci- sion la limite Oligo-Miocène. Néanmoins, la présence de Miogyp- sinoides eomplanata à 81 m confirmerait l’âge oligocène de ces terrains, à condition bien sûr que cette forme soit en place. D’autre part, le développement de Miogypsina globulina bispiralée est peut-être lié au mouvement régressif de la fin de l’Oligocène, plai- dant ainsi en faveur de l’âge Oligocène attribué par ailleurs. De 26 m jusqu’au sol, les sables azoïques sont attribués au Plio- quaternaire. En conclusion, l’étude biostratigraphique des Miogypsinidæ dans l’Oligo-Miocène marin du forage de Saucats a permis d’isoler cinq espèces appartenant à deux genres. PROCÈS-VERBAUX 129 L’observation de leur structure interne a permis de mettre en évidence les liens qui existent entre les modifications morpho- logiques de ces formes et les transformations des milieux dans lesquels elles ont vécu. Les modifications notées semblent en effet pouvoir être interprétées comme de parfaits exemples d’adaptation, car elles se manifestent parallèlement à l’installation de conditions nouvelles de milieu et surtout chez les formes les plus riches en possibilités adaptatives. Au point de vue stratigraphique, les biozonations de Miogyp- sinidæ établies par G. W. Drooger [9] peuvent difficilement être admises tant il apparaît que la répartition et la fréquence des espèces sont directement influencées par la nature des différents faciès qui se succèdent. La connaissance des diverses relations entre les formes et les milieux dans lesquels elles sont susceptibles d’avoir vécu, est par contre indispensable pour une interprétation biolithologique raisonnée. BIBLIOGRAPHIE SOMMAIRE 1. Brônnimann (P.). — 1940. — Über die tertiâren Orbitoididen und die Miogypsiniden von Nordwest Marokko. Schweizerische Pala- entologische Abhandlungen, vol. 63, pp. 1-113, pl. 1-11, text. fi g. 1-37, tabl. 1-2. 2. Daguin (F.). — 1948. — L’Aquitaine occidentale. Actualités scienti- fiques et industrielles. - Géologie régionale de la France, pp. 1-230, pl. 1-4, text. fig. 1-29. 3. Drooger (C. W.). — 1952. — Study of American Miogypsinidæ. Utrecht, Univ. thesis, pp. 1-80, text. fig. 1-18. 4. Drooger (C. W.). — 1954. — Miogypsina in northern Italy. K. Nederl. Akad. Weten., Proc., sér. b, vol. 57, n° 2, pp. 227-249, pl. 1-2, text. fig. 1-5, tabl. 1. 5. Drooger (C. W.). — 1956. — Transatlantic corrélation of the Oligo- Miocene by means of foraminifera. Micropaleontology , vol. 2, n° 2, pp. 183-192, text. fig. 1. 6. Drooger (C. W.). — 1958. — Foraminifères importants pour les subdivisions et limites du Miocène inférieur-moyen. C. R. Gong. Soc. Savantes. Colloque sur le Miocène, Aix - Marseille. Comité des travaux historiques et scientifiques, pp. 171-179. 7. Drooger (C. W.). — 1961. — Les transgressions du Miocène inférieur en Aquitaine. Congrès du Miocène méditerranéen, Sabadell-Madrid. Pré-tirages. 8. Drooger (C. W.) & Magne (J.). — 1959. — Miogypsinids and plank- tonic foraminifera of the Algerian Oligocène and Miocene. Micro- paleontology, vol. 5, n° 3, pp. 273-284, pl. 1-2, text. fig. 1-4. 9. Drooger (C. W.), Kaasschieter (J. P. H.) & Key (A. J.). — 1955. — The microfauna of the Aquitanian-Burdigalian of southwestern France. K. Nederl. Akad. Wetensch., Verh., afd. Natuurk., ser. 1, vol. 21, n° 2, part. Il, pp. 17-49, pl. 1, tabl. 1-2, text. fig. 1-8. 10. Drooger (C. W.) & Socin (C.). — 1959. — Miocene foraminifera from Rosignano, northern Italy. Micropaleontology, vol. 5, n° 4, pp. 415-426, text. fig. 1, tabl. 1-2, pl. 1-2. 11. Gavoille (D.) & Vigneaux (M.). — 1963. — Modalités de la répar- tition des Miogypsinidæ dans l’Oligo-Miocène nord-aquitain. C. R. Acad. Sc. Paris, t. 257, pp. 2510-2513, 130 SOCIÉTÉ LINNÉENNE DE BORDEAUX 12. Hanzawa (S.). - — 1962. — Upper Cretaceous and Tertiary three- layered larger Foraminifera and their allied forms. Micropaleon- tology, vol. 8, n° 2, pp. 129-177, pl. 5-7, text. fig. 1-11. 13. Poignant (A.). — 1962. — A propos de Miogypsinoid.es complanata (Schlumberger). Remie de Micropaléontologie, vol. 5, n° 1, pp. 62-64, 14. Schlumberger (C.). — 1900. — Note sur le genre Miogypsina . Bull. Soc. Géol. France, sér. 3, vol. 28, pp. 327-333, pl. 2-3. 15. Tan Sin Hok. — 1936. — Zur kenntnis der Miogypsiniden. Ing. Nederl. Ind., 4 Mijng. Geol., 3 rd Jaarg., n° 3, pp. 45-61, pl. 1-2. Zur kenntnis der Miogypsiniden. Ibid. (1 Fortsetzung), n° 5, pp. 84- 98, text. fig. 1-9. Zur kenntnis der Miogypsiniden. Ibid. (2 Fortsetzung und Schluss), n° 7, pp. 109-123. 16. Tan Sin Hok. — 1937. — Weitere untersuchungen über die Miogyp- siniden. - I. Ibid., Jaarg. 4, n° 3, pp. 35-45, pl. 1-3. - II. Ibid., n° 6, pp. 87-111, pl. 1-4. 17. Caralp (M.) & Gavoille (D.). — 1963. — Etude des Miogypsinidæ de la coupe Oligo-Miocène du forage de Saucats (Gironde). Actes Soc. Linn. Bordeaux (à paraître). Réunion du 9 novembre 1963 Présidence de M. R. Caujolle, Vice-Président. Communications. — Mme O. Ducasse, M. A. Klingebiel, Mlle M. Labracherie, Mme J. Prud’homme, Mme G. Puechmaille et MUe M. Veillon : Contribution à l’analyse sédimentologique et paléontologique de la coupe de la Citadelle de Blaye (Gironde). M. J. Lafond-Grellety : Les Otolithes de l’Helvétien de Salles- pisse (Basses-Pyrénées). M. Ballais : Sur quelques Orchidées avec présentation d’aqua- relles (non publié). M. J. Aubry : Description d’une sous-espèce nouvelle d’Hapto- derus lesourdi Jeannel (Coléoptère carabique). MM. K. Kqllmann et J. Moyes : Neocyprideis aquitanica nov. sp., espèce nouvelle du Miocène inférieur Aquitain. MM. M. Amanieu et C. Cazaux : Nouveaux animaux observés dans la région d’Arcachon en 1962-1963. Contribution à l’analyse sédimentologique et paléontologique de la coupe de la citadelle de Blaye (Gironde) par Mme O. Ducasse, M. A. Klingebiel, Mile Labracherie, Mmes J. Prud’homme, C. Puechmaille et Mlle M. Veillon I. — SITUATION DE LA COUPE Etudiés depuis plus d’un siècle à la faveur de leur exploitation dans de nombreuses carrières, les calcaires du Blayais illustrent l’une des formations les plus inférieures de la série éocène qu’il FIGURE 1 _ LOCALISATION DE LA COUPE PROCÈS-VERBAUX 131 soit actuellement possible d’observer à l’affleurement dans le Bassin nord-aquitain. Le cours de la Gironde traverse ici l’accident anticlinal de Blaye-Listrac dans sa partie centrale, et on observe en bordure du fleuve l’affleurement des assises les plus inférieures du « Calcaire de Blaye inférieur » qui avait été décrit, en particulier, dans la grande carrière ouverte au Nord de la Citadelle. L’affleurement étudié ici (fig. 1) intéresse la partie basale de la falaise qui, en bordure de la Gironde, supporte les remparts. Il n’est accessible qu’à marée basse et révèle un pendage assez faible des couches vers le Nord. Cette coupe naturelle est, à notre connais- sance, inédite et malgré les nombreuses recherches, tant paléon- tologiques que stratîgraphîques dont les diverses carrières de la région ont jadis été l’objet, elle nous a para justifier une analyse approfondie. 11/ — DESCRIPTION LITHOLOGIQUE Tous les niveaux lithologiquement individualisés et directement accessibles ont fait l’objet d’un échantillonnage détaillé. On peut distinguer deux ensembles de couches calcaires nettement séparées par un horizon marneux profondément altéré et érodé, au-dessus duquel les assises calcaires supérieures forment corniche. Les calcaires inférieurs interrompus par de minces intercalations de marnes indurées témoignent d’une sédimentation de type alter- nant alors que les horizons supérieurs, au contraire, traduisent une certaine stabilité des conditions de dépôt. La composition lithologique des différents niveaux a été déter- minée par analyse globale des échantillons prélevés. Les teneurs en calcaires, argiles et éléments détritiques insolubles à l’acide chlorhydrique sont schématisées dans le tableau I. Il apparaît ainsi que, dans cette série essentiellement calcaire, les variations lithologiques observées sont toujours d’importance mineure, relativement faible. Les différents niveaux calcaires s’individualisent davantage par leur contenu organique. Le niveau calcaire inférieur (GA. 10101) se caractérise par la présence de débris coquilliers, de grosses Milioles et de petits galets d’argile verte. Il est surmonté par un mince niveau de calcaire marneux (GA. 10102) à grandes Milioles et contenant des tests de Lamellibranches. On observe ensuite des calcaires légè- rement gréseux riches en débris d’Echinodermes (GA. 10103), en tests de Lamellibranches et grosses Milioles (GA. 10104), et présen- tant toujours de petits galets d’argile. Une intercalation faiblement marneuse (GA. 10105) supporte un banc de calcaire coquillier à Echinodermes, grosses Milioles, et moules de Gastropodes (GA. 10106). Le niveau marneux sus-jacent s’avère plus riche en calcaire à la base (GA. 10107) qu’au sommet (GA. 10103). Il renferme des 132 SOCIÉTÉ LINNÉENNE DE BORDEAUX débris coquilliers non roulés, de nombreuses inclusions ligniteuses et une quantité non négligeable de sable et de granules quartzeux. La base de la formation calcaire supérieure ravine l’horizon sous-jacent. Outre quelques Pectens, Polypiers, le niveau de base (GA. 10109) renferme de grandes Milioles et des côtes d'Eotherium . La série se poursuit par un calcaire coquîllier (GA. 10110) à débris d’Echinodermes et grosses Milioles; on y observe une stratification oblique. Les calcaires sont ensuite moins lités; la stratification est parfois légèrement oblique et l’on note la présence de miliolites (GA. 10111). La partie supérieure de cette série calcaire n’a pu être échantillonnée. III. — ÉTUDE MINÉRALOGIQUE La nature essentiellement calcaire de ces dépôts limite la variété des minéraux. La fraction argileuse extraite des horizons les plus marneux a été analysée par diflfractométrie des rayons X. Le minéral prédominant est la kaolinite; il est associé à de petites proportions d’illite très dégradée. Dans la fraction détritique moyenne, le cortège des minéraux lourds, relativement pauvre, est dominé par la tourmaline. Les niveaux calcaires n’ont pas fourni de minéraux particuliers et sont dépourvus de dolomite. Il semble donc que nous soyons en présence de faciès littoraux, peu alimentés en matériel terrigène. IV. — MICROFACIÊS La succession se présente comme une alternance de couches calcaréo-gréseuses et de niveaux intercalaires marneux. Bien que l’ensemble paraisse assez diversifié, la microfaune semble plus assujettie à des variations de faciès rapides, qu’à des changements très tranchés des conditions physico-chimiques. Cependant, il est possible de distinguer (fig. 3) : — • à la base, un ensemble calcaire, verdâtre, ferrugineux, de texture graveleuse, sableuse (3 % de quartz grossiers, mal calibrés, subanguleux) et peu argileux; le ciment est uniformément micro- cristallin et la microfaune présente une association de Valvulina , Lituonella, Miliolidæ ( Pyrgo , Quinqueloculina, Triloculîna) , Alveo- lina, Orbiioliles complcmatm , Rotalia sp. Kathina , Halkyardia , Ostraeodes, Bryozoaires cheilostomes, Eehînodermes, Lamellibran- ches et fragments de Crustacés (GA. 10101); — - à des couches argilo-marneuses parfois notablement riches en quartz grossiers, succèdent des niveaux calcaires cristallisés, alternant avec des horizons argilo-marneux (GA. 10102 à GA. 10107). L’association faunistique varie peu mais est peut-être plus diversifiée, en particulier les Miliolidae : Pyrgo , Pyrgoella , Pentel - lina et Massilina voisinent avec des Reussella et de nombreux petits TABLEAU I _ RÉPARTITION DES MICROFACIÊS PROCÈS-VERBAUX 133 Foraminifères calcaires. Au sommet, apparaissent des Fabularia, associés à Clavulina et quelques Elphidium (GA. 10107 à GA. 10109) ; — au-dessus, enfin, un calcaire graveleux à ciment spathique grenu de calcite constitue le dernier terme échantillonnable à la Citadelle (GA. 10110). Les Lockhartia commencent à pulluler, asso- ciés à des Rotalia sp., tandis que les Kathina ont disparu. Valvu- lina, Lituonella, Quinqueloculina, Fabularia de grande et de petite taille, Orbitolites, Elphidium, accompagnent des Bryozoaires, Gastropodes, Echinodermes et Mélobésiées. Ce dernier niveau représente le terme le plus spathique de la série et celui où le caractère graveleux est le plus franc. Ainsi, l’évolution lithologique, ajoutée à celle de la microfaunc repérable en plaques minces, traduit une modification sensible des conditions dynamiques [1], En effet, les microfaciès basal et médian témoignent de courants progressivement plus calmes permettant le dépôt sur place des détritiques siliceux. Les influences continentales, partiellement traduites par la présence de limonite y demeurent assez notables, mais disparaissent totale- ment au dernier niveau. Ce phénomène est en relation avec une reprise nette de la violence du milieu énergétique qui favorise alors une sédimentation calcaire et conditionne une microfaune plus évoluée, mais moins variée que dans les deux niveaux sous- jacents. En même temps, la quantité de détritiques siliceux dimi- nue régulièrement à mesure que l’on s’élève dans la série. V. — PALÉONTOLOGIE A. — Bryozoaires (tableau I) Dans la coupe dite de « La Citadelle », à Blaye, deux ensembles bryozoologiques s’individualisent, dont un particulièrement net qui caractérise la base de cet affleurement (GA. 10102 à 10106) ; sa partie moyenne ne renferme qu’une faune peu abondante qui, comme nous le verrons plus loin, ne se différencie de la précé- dente que par des caractères négatifs (GA. 10107 - 10108) ; sa partie supérieure, calcaire, indurée, ne livre que de rares formes dégagées de ce groupe (GA. 10110). A la base du premier ensemble, un banc de calcaire argileux (GA. 10102) a livré une faune peu diversifiée, composée en majo- rité de Cheilostomes grêles parmi lesquels les Heterocella et Vincu- laria sp. dominent nettement, à côté de quelques Quadricellaria ventricosa et des Diplodidymia. Les Cyclostomes sont représentés seulement par quelques Crisia et des fragments d’Idmonea coro- nopus. Cette association, constituée en grande majorité par des formes grêles articulées, caractériserait un mode de vie dans la zone littorale. Toutefois, la présence de formes non articulées en quantité assez abondante indiquerait que cette zone était rela- tivement protégée de l’action destructrice des vagues. 134 SOCIÉTÉ LINNÉENNE DE BORDEAUX Des bancs argilo-calcaires (GA. 10105 - 10106) séparés du précé- dent par un groupe de couches calcaires sans Bryozoaires, fournis- sent une faune riche, bien diversifiée, dominée encore par les Cheilostomes, mais où les Cyclostomes sont relativement abon- dants. Là s’épanouissent les Cheilostomes en lames et les colonies rétéporiformes, parmi lesquelles Tubucella mamillaris, Smittipora sp., Hippoporina crenatula, Tubucella aviculifera, Kionidella dacty- lus, Retepora beaniana; de même des Cyclostomes caractéristiques tels que Lichenopora turbinata associé à L. convexa et L. grigno- nensis, Reticulipora nummulitorum et R. plicata y sont bien repré- sentés, et permettent de donner un âge lutétien supérieur à cette formation. Dans ces deux niveaux, les formes sont plutôt adaptées à une vie dans la zone sublittorale, mais la présence d’espèces rétéporiformes et de zoaria grêles, articulés, indiquent la proxi- mité de la côte, où des courants assez violents pourraient se mani- fester, ce caractère de turbulence relative étant restreint surtout à la partie inférieure de l’ensemble. La couche falunienne qui termine ce premier complexe montre un appauvrissement très marqué de la faune (GA. 10107), qui ne renferme plus que des Heterocella, quelques fragments d ’Hornera hippolyta et cVIdmonea coronopus. Le sommet de cette couche rend compte de conditions particulièrement défavorables pour la fixa- tion de ces organismes qui ne sont plus représentés que par quelques Lunulites ? urceolata et Adéonidés difficilement déter- minables (GA. 10108). Toutes les formes de la zone sublittorale disparaissent. Seules les formes adaptées à des conditions de vie dans des zones particulières, spécialement sur des fonds à fines particules, persistent. Dans la formation calcaire graveleuse qui constitue la partie supérieure de la coupe échantillonnée, et dont la base renferme des côtes de Vertébrés très nombreuses, une zone pulvérulente a fourni une faune appauvrie, où il ne persiste que des formes tran- sitaires telles que Tubucellaria biparlila, de rares Heterocella, et des Hornera hippolyta qui ne nous permettent pas de dater cette formation (GA 10110). De plus, la pauvreté en individus de ces quelques espèces ne permet pas de donner de précisions sur les conditions écologiques. B. OSTRACODES La microfaune d’Ostracodes recueillie dans les horizons de base de la falaise de la Citadelle [6] nous permet de séparer cinq niveaux présentant chacun les caractéristiques suivantes : — Le niveau inférieur (GA. 10102) consiste en un calcaire argi- leux très fossilifère. L’ensemble faunique traduit une large repré- sentation de formes à affinités très littorales appartenant princi- palement aux genres suivants : « Bairdia », Schizocythere, Monsrni - rgbilia, Cytheridea, Paracytheridea, Cytheromorpha, Cytherura, et TABLEAU H RÉPARTITION DES BRYOZOAIRES PROCÈS-VERBAUX 135 témoigne de conditions de dépôts propres à une zone marine peu profonde, proche de la côte, à salinité variable. — Le second niveau calcaire (GA. 10104) renferme une micro- faune d’Qstracodes fortement appauvrie, par rapport à celle du niveau précédent. Seules 19 espèces sur 52 préexistantes persistent, le plus souvent en se raréfiant. Elles se répartissent entre les prin- cipaux genres suivants : « Bairdîa », Monsmirabilia , Cytheretta, Xestoleberis , Schizocythere , Cytheridea, Indet. gen. II, « Echina cythereis ». — • Le troisième niveau (GA. 10105 - 10106 - 10107) groupe trois faciès différents. L’association mierofaunique commune à ces trois horizons est riche et variée, tout à fait caractéristique de faciès marins néritiques peu profonds à salinité normale. Par rapport au niveau inférieur (GA. 10102), la sédimentation, semble-t-il, s’est effectuée sous une tranche d’eau plus épaisse, ainsi qu’en témoi- gnent la diversité de la faune, l’absence des Cytheromorpha , Cy t lie- ra r a à tendance presque saumâtre, et l’importance accordée aux genres Leguminocythereis , Bradleya, Cytheretta , Quadraeythere, Hermanites, Pokornyella , Trachyleberis associés aux « Bairdia », Schizocythere, Xestoleberis . ; Le quatrième niveau (GA. 10108) renferme une faune marine résiduelle où prédomine le genre Leguminocythereis . Il s’agit d’un mélange de formes ne pouvant fournir aucun renseignement précis au point de vue écologique. — Le dernier niveau (GA. 10110) manifeste un renouvellement de la faune caractérisé : — par le développement de formes nouvelles dont : Bradleya approximata (Bosquet), Cyamocytheridea aff . heizelensis (Keij), Cytheretta sculpta Durasse, Cytheretta sp. 5 , Monsmirabilia foveolata (Bosquet), Pokornyella ? longicosta Durasse, Schuleridea perforata (Rœmer), Quadraeythere apostolescui Ducasse; — par la disparition des formes suivantes : Cytheretta münsteri (Rœmer), Cytheretta sp. 1, Cytheretta sp. 3, Leguminocythereis grignonensis (Apostolescu) , Leguminocythereis striatopunctata (Rœmer), Leguminocythereis magna Ducasse, Mons- mirabilia oblonga Apostolescu, Pokornyella moyesi Ducasse, Tra- chyleberis lichenophora (Bosquet), Uroleberis parnensis (Aposto- lescu), Uroleberis striatopunctatum Ducasse, Uroleberis sp. 2. Les conditions d’habitat rappellent sensiblement celles du troisième niveau. En conclusion, deux ensembles fauniques distincts nous permet- tent, en fonction d’études antérieures [7], d’attribuer un âge éocène moyen aux quatre premiers niveaux décrits (GA. 10102 à 10108), et un âge éocène supérieur au dernier niveau (GA. 10110). L’étude de la microfaune d’Ostracodes nous permet de recon- 136 SOCIÉTÉ LINNÉENNE DE BORDEAUX naître une coupure stratigraphique importante à la base des bancs calcaires supérieurs de La Citadelle, formant la presque totalité de cette falaise. C. — FORAMINIFÈRES La répartition des Foraminifères (tableau III) observés dans les horizons meubles de la coupe de la Citadelle, définit cinq niveaux correspondant à cinq biotopes dont la succession résulte des moda- lités des phénomènes paléogéographiques qui ont affecté le terri- toire considéré. Les associations d’espèces qui illustrent ces niveaux sont assez différenciées, témoignant ainsi d’une notable modification des conditions de milieu au cours de la sédimentation. 1° Le premier niveau, représenté par un mince horizon marneux (GA. 10102) dans la série calcaire qui constitue la base de la coupe, correspond à un épisode sédimentaire relativement fugace. La faune de Foraminifères qui individualise cet épisode, est caractérisée par une assez grande diversité des espèces, parmi lesquelles dominent les représentants des Buliminidae, Elphidiidae et Nonionidae. Un tel développement de ces deux dernières familles restreint la profondeur probable du milieu de sédimentation entre 0 et 50 m environ, bien que la présence de Nonion cf. soldanii, jointe à celle de Bulimines suggère une profondeur pouvant atteindre 100 m. La valeur de cette remarque est renforcée par le fait que l’on observe, dans cet horizon, des formes qui semblent intermédiaires entre des Discorhis et des Globorotalia. De plus, la variété des espèces appartenant au genre Discorbis confère, également, à la faune son cachet particulier, en relation étroite avec le dévelop- pement du faciès marneux. 2° Le deuxième niveau correspond à l’assise terminale (GA. 10104) de la série calcaire de base. On y constate une brusque réduction de la faune des Forami- nifères. Cette modification porte essentiellement sur le nombre des famil- les, les Miliolidae constituant, alors, la majeure partie (81 %) de l’ensemble faunistique représenté. Si l’on considère, parmi ces Miliolidae, la prépondérance très nette des genres Triloculina et Quinqueloculina, on peut attribuer au milieu une profondeur n’excédant pas 40 m environ. 3° Le niveau suivant est illustré par l’ensemble, faunistiquement cohérent, constitué par un banc assez mince (GA. 10106) qui paraît être une ultime récurrence des faciès calcaires de la base de la coupe, et par une assise marneuse (GA. 10105), directement sous- jacente à ce banc. La faune de ces calcaires et marnes contraste nettement avec celles des horizons précédents. Ses traits essentiels paraissent être, d’une part, une grande diversité des genres et des espèces, accom- :’> . Ësi&ÿ ■ ■ . - : ' n